Installé à l’entrée du Grand Palais Ephemère, The Sandbox était la tête d’affiche du salon NFT Paris 2024, dont la troisième édition s’est tenue les 23 et 24 février. Propriété du hongkongais Animoca Brands depuis 2018, la start-up cofondée par les Français Sébastien Borget et Arthur Madrid était devenue, en 2022, l’un des métavers les plus sérieux aux côtés de Decentraland, attirant nombre de marques, de Carrefour à Gucci, et de stars, de Snoop Dogg à Paris Hilton.

Si les directions marketing s’y étaient précipitées, y voyant le prochain espace commercial à conquérir – certaines arrivant d’ailleurs après la vague en 2023, comme Celio, le British Museum ou « Forbes » -, les utilisateurs eux, n’ont jamais été vraiment conquis. A part une poignée de curieux et de geeks attirés par les mécanismes de rémunération en monnaie locale, le SAND.

Crise de l’immobilier 3.0
En ce début 2024, alors que le monde n’a plus d’yeux que pour l’intelligence artificielle, le duo de Français maintient le cap du métavers et des NFT ; des start-up peinant à lever des fonds leur ont pourtant tourné le dos ! D’abord, The Sandbox a fait évoluer ses mécanismes de jeu, trop longtemps limités à la collecte de « gemmes ». Là, il s’ouvre aux combats et aux multi-joueurs.
Une place de marché a été ouverte pour que les propriétaires de terrains puissent vendre des objets numériques en NFT. Un fonds doté de 100 millions de SAND vient d’être annoncé pour stimuler la création de contenus, le nerf de la guerre pour cet univers en quête de peuplement. « Le métavers ce n’est pas juste jouer, c’est créer », pointe Sébastien Borget. Les terrains, qui s’arrachaient à prix d’or en 2022, sont vendus à 75 %, et selon Arthur Madrid, ils ne subissent pas de ventes alors que leur valeur a décroché d’environ 13.000 dollars à 600, en deux ans, selon OpenSea.

La crypto « SAND » a fondu de 92 %
The Sandbox dénombre 5,3 millions d’utilisateurs détenant un portefeuille, mais beaucoup seraient dormants. Lorsque la plateforme publie un événement lors de ses saisons rassemblant marques et licences, elle attire alors 100.000 utilisateurs. « Nous travaillons sur l’onboarding », assure Sébastien Borget. Les détenteurs de SAND sont 350.000, une donnée « importante », mais combien attendent que le cours, qui a chuté de 92 % en deux ans, remonte enfin… ?

« Les gens disent que le métavers est fini mais notre vision s’étire sur dix à vingt ans », souffle Arthur Madrid. « Le fait que ni Zuckerberg ni Borget n’aient réussi à faire cette révolution en dix-huit mois n’est pas étonnant, l’idée est de créer une entreprise qui sera là encore dans trente ans. »

Lancer un jeu complet en 2025
Mais alors que le secteur du Web3 tire la langue, exsangue après deux ans moroses pour les cryptos et d’assèchement des financements pour les start-up, comment un métavers quasiment désert peut-il continuer à opérer ? Meta lui, est adossé à un empire publicitaire mais The Sandbox ?
Les revenus, tirés de la vente de terrains, d’avatars et de cryptos, resteront inconnus, mais « ne sont pas comparables à 2022 ». La start-up n’a jamais levé les 400 millions de dollars évoqués en 2022 par Bloomberg. Selon nos informations, elle a levé 180 millions de dollars depuis sa création, dont la dernière opération connue se monte à 93 millions de dollars en 2021, auprès de SoftBank. Sa dernière levée, « un bridge » (un financement d’urgence), serait quatre fois inférieure à ce qui était attendu. Arthur Madrid déclare avoir « de quoi voir venir au moins jusqu’en 2032 ».
L’un des secrets de The Sandbox est de revendre du SAND tous les ans. Sa valorisation se monte encore à 1,8 milliard de dollars, dont un tiers est détenu par la start-up. Toujours en version « alpha », la plateforme espère ouvrir son jeu à tous en 2025. Arthur Madrid se dit « optimiste » quand il voit les succès de Roblox et de Fortnite , qui vient de s’allier à Disney. Pour passer un cap, The Sandbox cherche à générer ses contenus 3D grâce à l’intelligence artificielle.

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