Avec la hausse générale des températures, les risques climatiques susceptibles de peser à terme sur la valeur d’un bien immobilier se multiplient. Des inondations à la sécheresse en passant par la submersion ou le manque de neige, la liste des dégradations du climat s’allonge. Il vaut mieux donc bien s’informer avant d’acheter.

Outre les obligations légales consécutives à une transaction immobilière (état des risques naturels et pollution), il convient de rechercher toutes les informations utiles sur le milieu environnant, notamment sur le site gouvernemental georisques.gouv.fr.
Reste que ce sujet évolue en permanence. « Comme le climat ne cesse de se dégrader, certaines zones sont nouvellement concernées par des risques alors qu’elles ne l’avaient jamais été auparavant. Et en même temps, un risque identifié peut ne jamais se produire », commente Thibault Laconde, président et cofondateur de Callendar, site d’information spécialisé sur les risques climatiques.
De plus, « la notion de risque reste aujourd’hui encore assez relative sur la valorisation. Car à ce jour, c’est toujours l’emplacement qui détermine le prix », reconnaît Laurence Leguil, vice-présidente de l’institut d’études juridiques du Conseil supérieur du notariat.

1. L’érosion côtière
Sur le littoral, le risque d’érosion de la côte est désormais bien identifié. Plusieurs cas d’écroulements de pans de falaises ou de disparitions de dunes ont déjà supprimé de la carte certaines constructions et fragilisés d’autres situées à proximité.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023 et dans le cadre de la loi climat et résilience du 1ᵉʳ octobre 2022, l’exposition au recul du trait de côte doit dorénavant être mentionné dans les annonces des agents immobiliers. « L’acheteur doit être informé en amont d’une potentielle exposition à ce risque. Un document à ce sujet doit figurer dans l’annexe de l’acte vente », indique Thibault Laconde.

2. Les inondations
Les crues et inondations se multiplient partout en France. Le dernier épisode de grande ampleur est survenu en novembre et janvier derniers dans plusieurs communes du département du Pas-de-Calais. Résultat : des maisons devenues inhabitables sont promises à la démolition, certaines devant être, en principe, rachetées par l’Etat. Même s’il est encore un peu tôt pour évaluer les conséquences, « il y aura un impact sur les prix de l’immobilier local », avance Edouard Grimond, porte-parole chargé de l’immobilier au Conseil supérieur du notariat.
« En ce moment, nous sommes appelés par les assurances pour estimer des biens sinistrés. Même remis en état, leurs valeurs devraient être 20 % à 30 % inférieures à ce qu’elles étaient avant l’inondation », indique Arnaud Merlin, de l’agence L’Adresse à Saint-Omer. « Avant cet événement climatique majeur, le risque d’inondation était connu mais cela n’avait pas d’effet sur les prix », indique ce dernier.
A l’autre bout du pays, vers Arcachon, l’eau est aussi un danger avec un risque de submersion. Certains quartiers de cette commune, comme la pointe de l’Aiguillon ou les prés-salés, sont concernés. « Bien que connu, ce risque n’effraie pas les acheteurs et reste sans conséquence négative sur les valeurs. Il faut dire que dans ces secteurs, l’offre est rare et les biens disposent de vues sur la mer », indique Christophe Voisin, de l’agence Orpi Arcachon.
Dans le Morbihan, « la moitié de la presqu’île de Gâvres est en zone inondable, notamment dans sa partie est. Il existe d’ailleurs un léger différentiel de prix entre l’Est et l’Ouest. Des clients acheteurs pourront négocier les prix à la marge, les plus sensibles sur ce sujet iront prospecter ailleurs », souligne Jérôme Germond, directeur de Laforêt Lorient.

3. Le manque de neige
Avec la fonte des glaciers et un moindre enneigement, l’or blanc pourrait voir son étoile pâlir. « Le manque de neige impacte déjà et clairement les stations à moins de 1.500 m2 d’altitude », affirme Thomas Arnéodo, président de la commission « Locations de vacances » à la chambre FNAIM Savoie-Mont-Blanc.
« Certains propriétaires fans de ski propriétaires dans ces secteurs songent à revendre pour cette raison. Ils savent qu’ils devront payer plus cher pour aller chercher la neige », ajoute-t-il.
Pour mémoire, les écarts du prix au mètre carré en montagne vont du simple à plus du triple selon l’altitude et la notoriété de la station. Face à ces changements climatiques majeurs, certaines stations de montagne ont choisi de faire évoluer leur modèle. « Elles misent sur la fréquentation d’été grâce à une offre variée d’activités », indique Thomas Arnéodo. Cette attractivité a un effet direct sur la fréquentation et rejaillit sur la valeur de la pierre.
« Le Panorama 2024 » de Cimalpes, une étude annuelle sur l’immobilier de montagne, indique que « le réchauffement climatique transforme la montagne en destination fraîcheur en été », précisant que « l’activité d’intersaison compensera progressivement le raccourcissement de la saison hivernale ».

4. La sécheresse
Avec la multiplication des canicules, les constructions sont soumises à rude épreuve. Certaines sont concernées par le retrait gonflement des argiles (RGA), qui provoque des fissures avec parfois un risque de fragilisation de leur structure.
« Une villa que j’avais en vente à Hyères avait des dégâts visibles. Située sur un terrain en pente, elle s’était fissurée au niveau de la façade et des escaliers sans que les fondations soient touchées. Ce bien a été estimé à 550.000 euros mais a trouvé preneur à 450.000 euros pour cette raison », indique Béatrice Favat-Poinsot, de l’agence L’Adresse à La Crau.

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