Lors de la crise financière de 2008, la Chine avait été le premier pays à manier le bazooka pour soutenir sa croissance. Elle l’avait de nouveau sorti en 2015 en lançant un vaste programme d’infrastructures. Mais elle ne l’a pas ressorti lors de l’épidémie de Covid en 2020. Et il y a peu de chance qu’elle le fasse en 2024, malgré la reprise décevante de l’activité après la fin des mesures anti-Covid.

Devant le Parlement chinois réuni cette semaine à Pékin, le Premier ministre chinois devrait se contenter d’annoncer une prévision de croissance autour de 5 % et quelques mesures de soutien de l’activité.

Rêve cassé
L’exécutif chinois a deux raisons d’être prudent. D’abord, un bazooka risquerait de tirer dans le vide. Il ne suffit plus d’injecter de l’argent ou de baisser les taux d’intérêt pour relancer la croissance chinoise. La population diminue. L’immobilier subit une crise qui commence à peine à être purgée. Les infrastructures nécessaires ont désormais été construites.
Entreprises et consommateurs se méfient d’une action publique intrusive et arbitraire, bien au-delà de la gestion chaotique de l’épidémie. La montée du chômage des jeunes a cassé le rêve d’une spirale de progrès.

L’Etat durcit son emprise
La crise de confiance va jusqu’aux marchés financiers. La Bourse a dévissé jusqu’à ce que les autorités poussent les investisseurs sur lesquelles elles ont prise à racheter des actions. Les étrangers, en particulier les Américains, considèrent la Chine « ininvestissable », ce qui s’est traduit par une chute massive des flux de capitau x venus du reste du monde.
La seconde raison de la prudence de Pékin est encore plus puissante : pour la première fois depuis quarante ans, la croissance n’est plus la priorité. Cap sur la sécurité ! Sous la houlette de Xi Jinping, l’appareil d’Etat durcit son emprise sur tous les compartiments de la société. Il verrouille les entreprises de la tech. Il surveille encore davantage les citoyens, avec l’aide des outils numériques. Il sécurise aussi ses approvisionnements extérieurs en développant ses relations commerciales avec une Russie en voie de vassalisation.

Le scénario de l’implosion
Cette volonté de contrôle pèse sur l’activité économique. Ce que ne peuvent compenser ni l’essor des industries vertes, ni les percées en intelligence artificielle, ni même un hypothétique déferlement de produits chinois sur le reste du monde.
Certains experts commencent même à imaginer le scénario d’une implosion de l’économie chinoise. Nous n’en sommes pas là. Mais les doutes sur l’avenir de ce qui est, selon la mesure employée, la deuxième ou la première économie mondiale, renforcent encore le nuage d’incertitudes dans lequel est plongée la planète.

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