La nouvelle a été annoncée par Kevin Lynch et Jeff Williams, respectivement vice-président et chief operating officer du projet mort-né, lors d’une réunion interne qui s’est déroulée la semaine dernière. Un volte-face qui fait tache compte tenu de l’étendue des ressources humaines et financières qui lui étaient allouées. Une enquête récente du New York Times révèle qu’Apple aurait ainsi dépensé plus de 10 milliards de dollars au cours de son cycle de développement. Une analyse minutieuse – et peu encourageante – des ressources qu’il aurait encore fallu lui allouer aurait définitivement fini de convaincre les dirigeants.

Apple avait commencé à travailler sur cette initiative en 2014 qui comptait près de 5 000 employés dédiés au plus fort de son développement. Mais au fil des ans, la maison mère n’a eu de cesse de revoir ses positions. Avant toute chose, et comme le rapportait déjà le New York Times en 2016, elle est rapidement passée de l’ambition de « concevoir et produire un véhicule autonome » à se ‘’contenter’’ de développer « la technologie sous-jacente » en vue d’éventuels partenariats.

Embouteillage aux manettes
Symptôme de ces innombrables tâtonnements, les ex-dirigeants de grandes entreprises automobiles se sont succédé à la tête du projet. Elle avait d’abord donné son entière confiance à Steve Zadesky, ancien de chez Ford, avant d’inviter Chris Porritt, ancien ingénieur en chef chez Aston Martin et ex-vice-président de l’ingénierie pour les véhicules électriques chez Tesla, à rejoindre les rangs avant de finalement remplacer le premier par Bob Mansfield, un vétéran de la firme, à la retraite à ce moment-là, sans grande expérience en la matière. C’est sous son impulsion que les équipes se sont davantage concentrées sur l’aspect logiciel du véhicule.
On ne commentera même pas la flopée d’ingénieurs et de techniciens recrutés ici ou là, comme encore récemment avec l’arrivée en 2022 de Luigi Taraborrelli, ancien patron en charge des châssis des voitures de Lamborghini. Cette instabilité à tous les étages a conduit l’entreprise à retarder plusieurs fois le lancement officiel. Les dernières informations qui circulaient prévoyaient une commercialisation pour 2028 au minimum, des siècles en retard sur les nouveaux leaders du secteur, tels que Google ou Tesla.

 Impossible de rester dans la roue
Sans oublier que les belles promesses des débuts ont vite déçu les quidams, notamment par les limites technologiques et réglementaires en vigueur qui empêchent véritablement de lâcher une armée de véhicules autonomes sur nos routes. Un contexte plus compliqué que prévu qui a incité l’entreprise à aller voir ailleurs, comme récemment avec le développement – et la sortie cette fois – du Vision Pro, sa tentative de casque de réalité virtuelle dont on vous a parlé ici et là. Selon Bloomberg, une part importante des employés liés au Projet Titan a déjà été réaffectée à d’autres projets liés à l’intelligence artificielle au sein de l’entreprise.
Juan Francisco Calero, directeur éditorial du journal espagnol Carwow expliquait enfin que l’arrivée de la Chine sur le secteur – plus large – des véhicules électriques en Chine avait définitivement changé la donne. Apple n’avait tout simplement pas la capacité financière pour lutter, la retraite d’un secteur qui lui tendait pourtant les bras était devenue inévitable. 

Les meilleures idées ont une fin
De manière globale, il semblerait que la marque à la pomme considérait avant tout son entrée dans le secteur automobile comme un moyen de soutenir ses ventes de matériel. Par cette stratégie, elle évite de sortir complétement du cockpite : son système d’exploitation pour automobile intitulé Carplay est déjà utilisé par l’ensemble des véhicules estampillés Porsche et Aston Martin. Selon Apple – donc cela vaut ce que ça vaut –, il susciterait déjà la convoitise de nombreux autres constructeurs tels qu’Audi, Ford, Jaguar, Land Rover, Mercedes, Volvo et Renault. Un avenir radieux en tant que copilote… cela permet d’avoir au moins une main sur le trophée.

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