Monthly Archives: March 2024

Usbek & Rica – L’IA pourrait entraîner une hausse de 80 % des émissions mondiales de CO2

« L’IA aura un rôle vraiment majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique. » Voilà ce que promettait Kate Brandt, responsable du développement durable chez Google, dans un communiqué publié en décembre dernier. Projections chiffrées à l’appui, le géant américain tablait alors sur une baisse mondiale des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 10 % grâce aux « progrès » liés au développement des intelligences artificielles. Optimiste ? C’est peu de le dire. A rebours de ces prévisions enthousiastes, un rapport publié début mars par une coalition de plusieurs associations environnementales, dont Greenpeace et Les Amis de la Terre, met en garde contre les « dangers de l’IA qui pèsent sur le climat ». Parmi les scénarios envisagés : si le secteur « multiplie par deux le nombre de data centers » nécessaires à sa production « tout en améliorant de 10 % son efficacité énergétique » globale, il en résultera une hausse d’environ 80 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) dans les prochaines années.  « Battage médiatique » Comme le souligne The Guardian, le principal facteur de cette hausse est simple : qui dit sophistication exponentielle des IA dit aussi demande exponentielle en énergie. « L’impact carbone d’une intelligence artificielle englobe les émissions associées au cycle de vie du matériel sur lequel son modèle algorithmique est exécuté – des matériaux extraits à leur transport, en passant par l’énergie nécessaire au fonctionnement du modèle – ainsi que la phase d’entraînement du modèle, responsable de la majeure partie des émissions et plus énergivore que l’inférence », nous expliquait en avril 2023 Priya Donti, directrice exécutive de l’association Climate Change AI et spécialiste de l’apprentissage automatique. Selon plusieurs études, la génération de requêtes via l’IA nécessite ainsi jusqu’à 10 fois plus de puissance qu’une recherche en ligne classique. À elle seule, la célèbre ChatGPT consommerait autant d’énergie que 120 foyers américains sur une année. Or qui dit production d’électricité dit potentiellement énergies fossiles – à l’exception notable de la France, où l’essentiel du mix provient du nucléaire. Résultat, « d’ici seulement trois ans, les serveurs des IA pourraient consommer autant d’énergie que la Suède », selon une étude publiée dans la revue scientifique Joule en octobre dernier.  « On entend tout le temps dire que l’IA pourrait sauver la planète, mais il n’y a aucune raison de croire à ce battage médiatique », décrypte dans les colonnes du Guardian Michael Khoo, l’un des membres des Amis de la Terre ayant participé à la rédaction du rapport, qui reconnaît seulement « des légers gains d’efficacité ». Et de renchérir : « Dans les années à venir, les gens seront indignés de voir combien d’énergie sera consommée par l’IA, ainsi que de voir à quel point elle nous inondera de désinformation. » Risque de désinformation Car c’est là l’autre principal enseignement du rapport : pour ses auteurs, l’IA générative rendra bientôt la production de campagnes de désinformation sur le climat « plus faciles, plus rapides et moins coûteuses, tout en leur permettant de se propager plus loin et plus rapidement ». En guise d’exemple, l’étude cite notamment cette fausse information largement diffusée sur les réseaux sociaux et les médias américains en 2023, selon laquelle des morts de baleines, échouées sur la côte Est des Etats-Unis, auraient été provoquées par des projets éoliens offshore. « L’IA est l’outil idéal pour inonder les réseaux de ce genre de conneries produites rapidement et à moindre coût », assène Michael Khoo. « Ces technologies devraient être déployées dans le cadre d’un ordre économique et social très différent du nôtre » Naomi Klein, essayiste Partager sur Twitter Partager sur Facebook De fait, ce rapport n’est pas le premier à tirer la sonnette d’alarme, loin s’en faut. En décembre 2023, une étude menée par la start-up Hugging Face et des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon en Pennsylvanie avait démontré que générer 1 000 images avec un modèle d’IA puissant tel que Stable Diffusion XL rejette autant de CO2 que de rouler sur 6,6 kilomètres avec une voiture à essence de taille moyenne. Quelques mois plus tôt, l’essayiste Naomi Klein plaidait pour une régulation stricte du secteur, au service d’une économie fondée sur le bien-commun. On lui laissera l’honneur de la conclusion : « Il existe un monde dans lequel l’IA générative, en tant que puissant outil de recherche prédictive et d’exécution de tâches fastidieuses, pourrait en effet être mise au service de l’humanité, des autres espèces et de notre maison commune. Mais pour que cela se produise, ces technologies devraient être déployées dans le cadre d’un ordre économique et social très différent du nôtre, un ordre dont l’objectif serait de répondre aux besoins humains et de protéger les systèmes planétaires. »

By |2024-03-18T23:28:52+00:00March 18th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Fast fashion : ces dizaines de millions dépensés par Shein et Temu en publicité

Ce sont des projecteurs dont les deux géants chinois Temu et Shein se seraient bien passés. Ce jeudi, une proposition de loi visant à réguler tout particulièrement l' ultra fast fashion, portée par la députée Horizons Anne-Cécile Violland et soutenue par le gouvernement, va être examinée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Parmi la flopée de mesures présentes au sein de ce texte, l'un d'elle préconise purement et simplement de bannir, à compter du 1er janvier 2025, les publicités vantant ce type de produits et encourageant ce mode de consommation, dont Temu et Shein sont les deux principales incarnations. Grands annonceurs Des perspectives n'enchantant guère le secteur français de la publicité, qui n'entend néanmoins pas déterrer la hache de guerre. « Historiquement, nous nous sommes toujours battus contre les interdictions et nous préférons la voie de l'autorégulation, souligne Magali Florens, directrice générale de l'Udecam (Union des entreprises de conseil et d'achat média). Mais n'allons pas nous lancer dans une guerre contre cette mesure d'interdiction de publicités relatives à l'ultra fast fashion. C'est une question de société et c'est ce mode de consommation qui est en question. Pas la publicité en tant que telle, et d'ailleurs interdire celle-ci ne sera pas suffisant pour réduire à néant ce phénomène. » LIRE AUSSI : Comment Zara fait face aux critiques contre la fast fashion Cette interdiction concernerait aussi bien les médias historiques que les plateformes numériques et s'étendrait aux créateurs de contenus et aux influenceurs. Ce qui risque d'entraver le développement et l'implantation en France de Temu et Shein où les deux enseignes se sont montrées des plus actives en matière de marketing. Sur l'ensemble de l'exercice 2023, les investissements publicitaires de Temu - qui n'a démarré ses communications dans l'Hexagone qu'à compter du deuxième trimestre de l'année écoulée -, et Shein ont ainsi été respectivement estimés à 27,5 millions et 43,8 millions d'euros par Kantar Media. Des enjeux de notoriété pour Shein en France Des niveaux déjà élevés. « Frôler la barre des 50 millions d'euros de budget marketing sur l'ensemble des médias, sur une année en France, vous classe dans la catégorie des gros annonceurs. A ce niveau-là, on retrouve des annonceurs tels que Mercedes Benz, Paco Rabanne Parfums ou encore Walt Disney Studio », compare un bon connaisseur du marché. LIRE AUSSI : Publicité : le casse-tête des constructeurs automobiles français Mode : pourquoi Temu et Shein sortent les gants de boxe aux Etats-Unis En 2023, Shein s'est ainsi établi comme le 144e annonceur en France, selon Kantar Media. Dans le détail, Temu a dépensé 85 % (soit 23 millions d'euros) de son budget publicitaire sur Facebook, Instagram, TikTok et Snapchat en France, d'après Kantar Media. « A titre de comparaison, sa pression publicitaire (*) sur les réseaux sociaux en France équivaut à celle d'Amazon ou d'Orange », souligne Florence Doré, directrice marketing et communication France chez Kantar Media. A contrario, Shein n'a investi « que » 12,5 millions d'euros sur les réseaux sociaux, soit moins de 30 % de son enveloppe budgétaire publicitaire consacrée au marché tricolore. « Leur stratégie en 2023 a consisté à utiliser des médias grand public, essentiellement la radio et la publicité extérieure, en complément du digital. Ce qui s'explique sans doute par des enjeux de notoriété dont ils sont encore en recherche en France », décrypte Florence Doré. Temu, premier annonceur sur Meta dans le monde Un fait est certain : le digital est clairement privilégié par les deux poids lourds chinois dont les dépenses publicitaires s'accroissent mois après mois. En France, Shein et Temu ont ainsi fait leur entrée, en 2023, dans le Top 50 des principaux annonceurs via le format du programmatique, selon le dernier baromètre d'Alliance Digitale d'après qui Temu aurait même été le premier acheteur en programmatique lors du dernier mois de janvier. LIRE AUSSI : La publicité numérique en route vers les 10 milliards d'euros en France Shein pourrait se rabattre sur la place de Londres, faute d'accord avec Wall Street Un dynamisme publicitaire qui dépasse les frontières hexagonales. L'an passé, la plateforme d'e-commerce Temu - dont l'activité est de fait loin de se limiter à la seule ultra fast fashion -, aurait même été le premier annonceur mondial sur Meta (Facebook, Instagram) et figurerait dans le Top 5 en ce qui concerne Google, croit savoir le « Wall Street Journal » . Ce qui aurait représenté près de 2 milliards de dollars de dépenses publicitaires uniquement au sein de l'écosystème du groupe de Mark Zuckerberg. Définitivement rien d'une bagatelle. (*) : La pression publicitaire est un terme utilisé par Kantar Media pour qualifier les investissements bruts valorisés sur la base des plaquettes tarifaires des régies et ne tient pas compte des remises, négociations… etc.

By |2024-03-14T22:41:34+00:00March 14th, 2024|Scoop.it|0 Comments

7 cas d’usage de l’intelligence artificielle générative dans le Business Travel

Un outil de réduction des fraudes  Traditionnellement, les acteurs du voyage d’affaires adressent les fraudes de manière réactive. L’intégration de l’intelligence artificielle générative au sein des systèmes ouvre la voie à une posture proactive de la part des TMC. “L’IA peut-être utilisée au niveau de la gestion des fraudes en matière de paiement, ce qui nécessite toutefois que l’agence maîtrise la data. Il existe des algorithmes permettant d’anticiper les fraudes – en fonction du moment où a été créé la carte, du type de profil, du lieu de réservation, etc. – et bloquer des paiements éventuellement frauduleux”, a illustré Stéphane Reynaud, d’Amex GBT Egencia, lors d’une table-ronde du Carrefour des Experts GBTA France.  Un levier de productivité pour les TMC Si certaines solutions d’intelligence artificielle se vantent de pouvoir pousser des propositions de voyage personnalisées dans le Loisir, du chemin reste à parcourir avant que ces solutions puissent adresser les demandes de voyages complexes courantes dans le Voyage d’Affaires. Une technologie qui constitue toutefois un levier de productivité mis au service des experts du segment. Par exemple, lors de la réception d’un long mail relatif à une demande de voyage complexe, l’IA est capable de lire, d’analyser et de résumer la demande pour offrir un gain de temps à l’agent de voyages. “L’IA ne va pas remplacer mais aider les agents de voyage en termes de productivité”, a souligné Stéphane Reynaud, d’Amex GBT Egencia.   Vers un calibrage dynamique de la politique voyage Pour les acheteurs et les travel managers, l’intelligence artificielle générative apparaît comme un outil d’aide au calibrage des politiques voyages. Grâce à la mise en place de systèmes d’approbation entièrement automatisés, le gestionnaire de voyages est en mesure de faire des propositions à ses clients en fonction de la typologie du trafic ou encore du secteur d’activité. Une évolution qui impacte aussi la politique voyage des hôtels. “Il n’y a plus de cap, il est dynamique et fixé par l’IA en fonction des pics de fréquentation, du taux d’occupation moyen des hôtels, du prix moyen des hôtels par ville et par mois. Ce qui permet de bâtir une politique hôtel dynamique en fonction de la périodicité à laquelle les collaborateurs effectuent des voyages d’affaires”, a expliqué Stéphane Reynaud lors d’une table-ronde au Carrefour des Experts GBTA France. Le prévisionnel au service des achats Avec l’adoption de l’intelligence artificielle dans l’entreprise, certains experts s’attendent à voir émerger davantage de rapports prévisionnels permettant de faciliter les décisions des acheteurs en matière d’optimisation des coûts mais aussi de l’empreinte environnementale des déplacements professionnels. “En fonction des routes pratiquées, des potentiels de trafic pour les années à venir corrélées à l’inflation, il y aura plus de rapports prévisionnels accessibles aux travel managers, mais aussi des recommandations de fournisseurs en fonction de la politique RSE mise en place”, a estimé Stéphane Reynaud, d’Amex GBT Egencia. Quand l’IA rend le business travel plus « sexy » Alors que l’industrie du voyage d’affaires a parfois souffert d’une image peu vendeuse auprès des jeunes générations notamment, le développement de projet d’intelligence artificielle apparaît comme un levier d’attractivité pour le secteur. “90% des projets présentés lors d’un hackathon en interne étaient relatif à l’IA générative”, a déclaré Stéphane Reynaud, d’Amex GBT Egencia, lors d’une table-ronde Carrefour des Experts GBTA dédiée à l’impact de l’intelligence artificielle pour les acheteurs. Au-delà de l’opportunité commerciale de l’IA générative pour le Travel, elle constitue aussi une façon d’attirer des talents dans l’industrie.  A chaque étape du parcours du voyageur d’affaires Au même titre que les assistants de voyages qui émergent dans le Leisure, les collaborateurs en déplacement professionnel peuvent tirer parti des avantages de l’intelligence artificielle générative. Celle-ci permet par exemple de combiner les préférences de consommation du voyageur aux règles de la politique voyage, offrant davantage de personnalisation tout en réduisant le leakage. Les collaborateurs y sont également confrontés lors du passage aux scanners de reconnaissance faciale de plus en plus déployés dans les aéroports, et l’utilisent sans même y réfléchir lorsqu’ils utilisent une solution de gestion des notes de frais automatisée.  Dans le MICE La démocratisation de l’IA générative dans le segment du MICE n’est en revanche pas pour tout de suite estime Thomas Cottin, Cofondateur de Kactus, qui voit toutefois dans cette technologie une opportunité d’améliorer la productivité et les recommandations des chefs de projets événementiels. Évoquant la complexité des réservations dans le secteur – soumise à des devis, un cahier des charges, etc. – il voit plutôt dans l’IA un outil mis au service de l’expertise des responsables événementiels. “La vision de l’IA qui nous remplace n’est pas pour tout de suite dans le MICE. Cela passera d’abord par une phase où celle-ci est mise au service des chefs de projets événementiels pour qu’ils soient plus efficaces. Il faudra du temps avant de lui déléguer des responsabilités d’interaction directe avec le client”, estime le Cofondateur Kactus. 

By |2024-03-14T22:40:10+00:00March 14th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Ce qu’implique l’accord entre OpenAI et « Le Monde »

OpenAI tisse sa toile dans les médias. La maison mère de ChatGPT vient de conclure un accord pluriannuel avec « Le Monde », ainsi qu'avec Prisa en Espagne (« El Pais », etc.) . La société californienne a commencé, depuis quelques mois, à s'associer avec quelques éditeurs clés : l'agence AP, l'an dernier, puis, il y a quelques semaines, Springer (« Bild », « Die Welt », « Politico » etc.). Et, ce alors qu'à l'inverse, elle fait l'objet de poursuites, en particulier du « New York Times », pour violation des droits d'auteur. Le partenariat avec « Le Monde » est le premier accord de ce type en France et pose beaucoup de questions. Annoncé dans les colonnes du quotidien par Louis Dreyfus, président du directoire du « Monde » et Jérôme Fenoglio, son directeur, il porte à la fois sur l'entraînement des modèles d'IA développés par l'entreprise américaine et sur « les services de moteurs de réponse tels que ChatGPT ». Concrètement, OpenAI pourra avoir accès aux articles du journal du soir pour entraîner ses modèles. Et à partir des requêtes des utilisateurs, le robot conversationnel pourra donner les réponses, en piochant dans des contenus issus du « Monde ». Le journal sera ainsi présenté comme une référence fiable et prescriptrice, précise le journal. Les références aux articles seront « mises en exergue » et feront mention d'un logo, et d'un lien hypertexte avec le titre du ou des articles utilisés comme références (y compris ceux réservés aux abonnés). « Source significative de revenus complémentaires » Le quotidien français précise que le contenu fourni par des agences de presse (comme l'AFP) est exclu de l'accord. Le montant de cet accord n'a pas été communiqué. Dans le cas de Springer, le « Financial Times » évoquait une rémunération en dizaines de millions d'euros par an. Le quotidien du soir indique simplement qu'il bénéficiera d'« une source significative de revenus supplémentaires, pluriannuelle, qui intègre une quote-part au titre des droits voisins ». Selon un bon connaisseur du secteur, l'accord avec le « Monde » est sans doute bien moins important que celui Springer. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - IA : les médias français explorent toutes les pistes L'AI Act ouvre la voie à des négociations pour rémunérer les auteurs Enfin, l'accord prévoit que les équipes du « Monde » pourront s'appuyer sur les technologies OpenAI pour développer des projets ou des fonctionnalités utilisant l'IA. Le quotidien utilise déjà l'IA par exemple pour publier « Le Monde in English » et pour des versions audio de ses articles. « Bénéfique » pour la profession, pour l'un, cavalier seul, pour d'autres « Avec cette première signature, il sera plus difficile pour les autres plates-formes d'IA d'esquiver ou de refuser toute négociation. De ce point de vue, nous sommes convaincus que cet accord est bénéfique pour l'ensemble de la profession », expliquent Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio. Pour autant, ce partenariat fait quelque peu grincer des dents et pose beaucoup de questions. D'abord, en interne où l'intersyndicale SNJ et CGT fait valoir que la rédaction n'a pas encore bénéficié des accords sur les droits voisins et n'a été qu'informée au dernier moment de ce partenariat. LIRE AUSSI : ENQUETE - Intelligence artificielle : la presse cherche une alternative au pillage Le « New York Times » poursuit la maison mère de ChatGPT et Microsoft Mais aussi à l'extérieur, parce que « Le Monde » a fait cavalier seul, comme il l'avait aussi fait dans les négociations sur les doits voisins à l'époque. « Le Monde joue le jeu d'OpenAI plutôt que de trouver une solution collective, globale pour les éditeurs de presse », commente un patron de la presse. En négociant ensemble, les éditeurs auraient sans doute pu espérer un plus gros chèque, et ne pas laisser potentiellement de côté des plus petits, moins intéressants pour OpenAI. « Ce partenariat risque d'imposer des bases de négociations communes à tous, or, tous les éditeurs et agences n'ont pas nécessairement les mêmes intérêts, ni les mêmes exigences », note Julien Guinot-Delery, avocat associé chez Gide.

By |2024-03-14T22:38:49+00:00March 14th, 2024|Scoop.it|0 Comments

VIDEO – SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser le prix des billets de train ?

Que celui qui n'a jamais pesté contre un train bondé ou en retard de la SNCF jette le premier sandwich triangle. Mais tout ça, c'est fini ! Depuis 2019 le transport ferroviaire français s'ouvre à la concurrence, et de nouveaux opérateurs se positionnent sur les rails français. Avec des liaisons entre Paris et Milan opérées par Trenitalia, ou encore vers Madrid ou Barcelone au départ de Marseille et Lyon, grâce à la compagnie espagnole Renfe. Une offre qui augmente, une demande toujours plus forte pour le train… pour l'usager, c'est forcément la promesse de prix qui baissent ? Rien n'est moins sûr, car concernant le rail, c'est plus compliqué que ça. RETROUVEZ LES AUTRES EPISODES DE NOTRE NOUVELLE SERIE « ÇA S'EXPLIQUE » Défense : est-ce que les Européens peuvent reprendre le contrôle de leur sécurité ? Autoroutes : pourquoi les péages augmentent chaque année ? Immobilier : la maison individuelle est-elle encore un rêve accessible ? Il y a d'abord les barrières énormes à l'entrée sur le marché : péages ferroviaires, prix des rames, absence de marché de l'occasion… Les nouveaux arrivants sont prévenus, ils ont intérêt à avoir les reins solides et à être patients. Et après ? Après, il y a la fixation des prix des billets. Et là, c'est le grand flou. Impossible de connaître le prix moyen d'un billet sur un trajet donné : la SNCF (comme les nouveaux arrivants) pratique le « yield management », une technique de tarification dynamique qui fait varier le prix en fonction du remplissage du train. Enfin, la concurrence pourrait, de manière contre-intuitive, avoir comme conséquence le fait de sous-investir sur les lignes qui seraient jugées moins intéressantes car moins rentables.

By |2024-03-13T22:24:50+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Christine Lagarde face à la clique des économistes

Quelle mouche a donc piqué la présidente de la puissante institution financière européenne ? Il est certes arrivé qu'elle gaffe. Nommée ministre de l'Economie en 2007, elle avait déclenché un tollé en conseillant aux Français pénalisés par l'essence plus chère de circuler à vélo. Peu après son arrivée à la BCE, elle provoqua une panique financière en expliquant que la Banque centrale européenne « n'était pas là pour réduire les écarts de taux d'intérêt », alors que l'inquiétude grandissait sur le taux de la dette publique italienne. LIRE AUSSI : CHRONIQUE - Les sept apprentissages de Christine Lagarde Mais Christine Lagarde apprend vite. Et quand elle parle des économistes, elle le fait en connaissance de cause, car elle les côtoie depuis près de vingt ans. A Bercy, elle s'était bien entendue avec Benoît Coeuré, le chef économiste du Trésor devenu ensuite membre du directoire de la BCE puis président de l'Autorité française de la concurrence. Chocs venus par hasard La suite a été plus compliquée. Lors de la crise financière de 2008, Lagarde a constaté le désarroi des économistes. Aucun de leurs modèles n'avait laissé entrevoir la possibilité d'un tel événement. En particulier les modèles les plus employés par les banques centrales où les chocs étaient « stochastiques », venus par hasard, alors que la secousse de 2008 est venue d'une accumulation de déséquilibres. La ministre a vu ensuite de loin Dominique Strauss-Kahn, qui dirigeait alors le Fonds monétaire international, monter au front sur la nécessité de mener des politiques ambitieuses de relance alors que beaucoup d'économistes de son institution étaient partisans d'un rééquilibrage rapide des finances publiques. Tempête force 10 ou 11 Devenue directrice générale du FMI en 2011 après la chute terrible de DSK, elle a vécu ces débats de l'intérieur. Celle qui se dit « juriste de formation et avocate par passion » a vu ses équipes d'économistes s'affronter, modèle contre modèle, sur la position à adopter face à la Grèce pendant la crise de la zone euro. A la tête de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde a écouté les économistes qui lui expliquaient mi-2021, modèle à l'appui, que l'inflation allait se calmer . Six mois plus tard, ils ont changé leur fusil d'épaule avec une prévision d'inflation pour 2022 passée de 1,5 % à 3,2 %. Ils ont porté ce chiffre à 5 % après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, puis à 8 % en septembre. Pour une institution ayant le maintien de la stabilité des prix pour mission première, pareille envolée équivaut à une tempête force 10 ou 11 sur l'échelle de Beaufort. Elle a dû relever ses taux d'intérêt à toute allure. Sous les critiques d'économistes du secteur privé, l'accusant d'un retard insupportable alors qu'ils n'avaient rien dit quelques mois plus tôt. Représentations simplifiées Quand elle s'attaque à certains économistes, Christine Lagarde le fait donc sur la base d'un dossier bien rempli. Au fond, le plus étonnant n'est pas son offensive. C'est que son offensive soit encore d'actualité. Car la crise de 2008, vieille déjà de plus de quinze ans, a mis en lumière les défauts des modèles visés par Lagarde, ou plutôt de leur usage. LIRE AUSSI : ANALYSE - L'économie, science fermée ou science ouverte ? Comme le savent (ou devraient le savoir) tous les économistes, leurs modèles sont par définition des représentations outrageusement simplifiées de la réalité. Ils peuvent éclairer la décision, mais ne devraient jamais la dicter. Modèles et rochers Comme l'a relevé Lagarde, leurs effets sont souvent linéaires alors que la vie économique est pleine de seuils, de ruptures et de retours de bâton. Bâtis sur une conception classique de l'économie (allocation de ressources rares), ils n'intègrent pas des priorités émergentes comme la lutte contre le changement climatique ou la sécurité énergétique. Christine Lagarde a raison de dénoncer les économistes qui s'accrochent à leurs modèles comme des moules à leurs rochers. Elle a aussi raison d'appeler à l'ouverture de l'économie sur d'autres sciences. Par bonheur, beaucoup d'économistes ont déjà pris de la distance avec leurs modèles et ouvert la porte sur la vraie vie. La tribu évoquée par Lagarde est en voie de dépérissement.

By |2024-03-13T15:05:00+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’adieu chinois à la croissance

Lors de la crise financière de 2008, la Chine avait été le premier pays à manier le bazooka pour soutenir sa croissance. Elle l'avait de nouveau sorti en 2015 en lançant un vaste programme d'infrastructures. Mais elle ne l'a pas ressorti lors de l'épidémie de Covid en 2020. Et il y a peu de chance qu'elle le fasse en 2024, malgré la reprise décevante de l'activité après la fin des mesures anti-Covid. Devant le Parlement chinois réuni cette semaine à Pékin, le Premier ministre chinois devrait se contenter d'annoncer une prévision de croissance autour de 5 % et quelques mesures de soutien de l'activité. Rêve cassé L'exécutif chinois a deux raisons d'être prudent. D'abord, un bazooka risquerait de tirer dans le vide. Il ne suffit plus d'injecter de l'argent ou de baisser les taux d'intérêt pour relancer la croissance chinoise. La population diminue. L'immobilier subit une crise qui commence à peine à être purgée. Les infrastructures nécessaires ont désormais été construites. Entreprises et consommateurs se méfient d'une action publique intrusive et arbitraire, bien au-delà de la gestion chaotique de l'épidémie. La montée du chômage des jeunes a cassé le rêve d'une spirale de progrès. L'Etat durcit son emprise La crise de confiance va jusqu'aux marchés financiers. La Bourse a dévissé jusqu'à ce que les autorités poussent les investisseurs sur lesquelles elles ont prise à racheter des actions. Les étrangers, en particulier les Américains, considèrent la Chine « ininvestissable », ce qui s'est traduit par une chute massive des flux de capitau x venus du reste du monde. La seconde raison de la prudence de Pékin est encore plus puissante : pour la première fois depuis quarante ans, la croissance n'est plus la priorité. Cap sur la sécurité ! Sous la houlette de Xi Jinping, l'appareil d'Etat durcit son emprise sur tous les compartiments de la société. Il verrouille les entreprises de la tech. Il surveille encore davantage les citoyens, avec l'aide des outils numériques. Il sécurise aussi ses approvisionnements extérieurs en développant ses relations commerciales avec une Russie en voie de vassalisation. Le scénario de l'implosion Cette volonté de contrôle pèse sur l'activité économique. Ce que ne peuvent compenser ni l'essor des industries vertes, ni les percées en intelligence artificielle, ni même un hypothétique déferlement de produits chinois sur le reste du monde. LIRE AUSSI : La vérité sur la croissance chinoise Certains experts commencent même à imaginer le scénario d'une implosion de l'économie chinoise. Nous n'en sommes pas là. Mais les doutes sur l'avenir de ce qui est, selon la mesure employée, la deuxième ou la première économie mondiale, renforcent encore le nuage d'incertitudes dans lequel est plongée la planète.

By |2024-03-13T15:03:49+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le nouveau président de Biocoop annonce la fin de la crise du bio

Comme ses prédécesseurs, il parle de « la » bio et non pas « du » bio. C'est le signe des promoteurs historiques, des militants de l'agriculture biologique. Pourtant, Henri Godron n'a ouvert son premier Biocoop qu'en 2013, dans la Manche, après une carrière de commercial dans la banque, et il n'a été élu qu'il y a un mois à la présidence du premier réseau spécialisé français du secteur. « Je me suis tout de suite impliqué dans notre organisation, explique celui qui a remplacé Pierrick de Ronne, à la présidence depuis quatre ans. En 2023, nous avons eu des débats, mais au final notre ligne n'a pas changé. » Biocoop, qui a poussé loin le curseur du militantisme avec des publicités stigmatisantes (« N'achetez pas des fraises en hiver », « N'achetez pas des pommes traitées chimiquement », etc.), reste fidèle à ses racines et à ce qui le distingue de ses concurrents. Cela tombe bien, Henri Godron croit que la crise du marché du bio s'estompe. Un tournant à la rentrée 2023 Après une décennie de croissance à deux chiffres, le bio a été l'une des premières victimes de l'inflation alimentaire qui a atteint 20 % en deux ans. Les consommateurs se sont détournés de prix en moyenne supérieurs de 50 % à ceux des produits conventionnels. Les ventes ont plongé de 4 % en France en 2022, et même de 13 % dans les grandes enseignes de supermarchés au premier semestre 2023. LIRE AUSSI : Alimentation : cette spirale infernale qui renvoie le bio cinq ans en arrière « Nous avons vu un tournant à la rentrée 2023 », explique le nouveau président de Biocoop. Les clients militants étaient restés, les occasionnels sont revenus. L'enseigne affiche une progression de 2,3 % de ses ventes. le gain de 2 points de part de marché chez les spécialistes (à 45 %) montre que Biocoop a aussi profité de la consolidation du secteur. Les boutiques indépendantes ont souffert. Biocoop lui-même a fermé 39 magasins l'an passé (sur 298). « Les points de vente les plus récents ont été les plus touchés, car les deux premières années d'exploitation sont les plus critiques en matière d'amortissement », explique le dirigeant. Baisse des prix Sans suivre son concurrent Naturalia, filiale de Monoprix, qui a ouvert ses rayons aux produits locaux non bio, pour le non alimentaire surtout, Biocoop, comme les autres spécialistes, a aussi bénéficié des effets positifs de l'inflation. Parce qu'elle n'utilise pas d'intrants chimiques, l'agriculture bio a moins souffert du déclenchement de la guerre en Ukraine. Les prix ont moins monté et l'écart avec le conventionnel s'est réduit, voire inversé sur certains articles comme l'huile d'olive. Signe des temps, Bio c'Bon et So.bio, les deux marques du groupe Carrefour, ont annoncé mardi la baisse de 300 prix. La crise a perturbé certaines filières de production comme celles du lait et du porc - des éleveurs ont été poussés à la « déconversion » -, « mais je crois au rebond du marché sur le long terme », prêche Henri Godron, apôtre d'une « agriculture plus simple ». « Nous fermerons encore des magasins en 2024, mais nous en ouvrirons aussi une douzaine », prédit le nouveau président de Biocoop, qui affirme que « la crise du bio est derrière nous ».

By |2024-03-13T15:03:09+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Transition écologique : vers un malus pour les produits de la « fast fashion »

Le gouvernement part à l'assaut de la « fast fashion », cette « mode jetable » proposée par des marques chinoises comme Shein ou Temu . Lors d'un colloque organisé ce lundi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé que le gouvernement soutiendrait la proposition de loi présentée par des députés Horizons (il est lui-même numéro deux du parti), qui sera débattue à l'Assemblée le 14 mars prochain. « Il s'agit avant tout de réduire l'impact environnemental de cette industrie », a insisté, lors du colloque, la députée Anne-Cécile Violland, rapporteur du texte. Avec leurs milliers de nouvelles références quotidiennes (7.200 par jour pour Shein ) et leurs prix défiant toute concurrence, ces marques contribuent lourdement à la détérioration de la planète. « Frapper très très fort » Représentant 10 % des émissions de gaz à effet de serre, l'industrie textile contribue à la pollution des sols, mais aussi à la production d'une quantité astronomique de déchets, notamment plastiques. Cet impact dramatique sur l'environnement se double d'un impact social (violation des droits humains) et économique (destructions de filières locales). Le texte des députés Horizons veut donc « frapper très très fort sur ceux qui font très très mal », a expliqué Anne-Cécile Violland. Toute la question sera de définir les entreprises concernées. Pour l'instant, la proposition de loi se borne à expliquer que cette définition dépendra du « nombre de nouveaux modèles par unité de temps » ou « du nombre de modèles et de la durée moyenne de commercialisation » et que les seuils seront fixés par décret. LIRE AUSSI : Uniqlo, Zara, H&M : la fast fashion est en vogue en Bourse L'industrie textile priée de se rhabiller en vert Or le choix de ces seuils est loin d'être neutre : de leur niveau dépendra l'inclusion ou pas de certaines marques. « Le nombre de nouvelles références est de 7.000 par jour chez Shein et d'environ 500 par semaine chez H&M ou Zara… A titre de comparaison des enseignes françaises en difficulté comme Pimkie comptaient 1.500 nouveaux produits par an », avance Charlotte Soulary de l'ONG Zero Waste France. Le texte prévoit de soumettre les marques concernées à de nouvelles contraintes. Elles devraient ainsi afficher leur score environnemental - un dispositif déjà prévu sur la base du volontariat à compter de janvier 2025, qui pourrait donc devenir obligatoire pour elles. Christophe Béchu a annoncé ce lundi qu'il relancerait mi-mars la concertation sur cet « éco-score » du textile. Principe « pollueur-payeur » Les marques se verraient aussi potentiellement soumettre à un « malus », qui pourrait représenter jusqu'à 50 % du prix du produit et atteindre à terme un plafond de 10 euros. Ce malus s'inscrirait dans le dispositif de la responsabilité élargie du producteur qui pose le principe « pollueur-payeur » : aujourd'hui l'écocontribution à laquelle sont soumises les entreprises textiles ne peut dépasser 20 % du prix du produit. « Ces entreprises font des profits mais elles laissent à la planète le soin de trouver des ressources publiques pour éliminer les dégâts causés par leur mode de production », a insisté Christophe Béchu, évoquant les coûts « de dépollution, de retour à la nature, de collecte, etc. ». Le ministre se dit également favorable à la mise en place d'un bonus pour les entreprises les plus vertueuses, un dispositif qui ne figure pas dans le texte des députés Horizons. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - La mode commence à s'habiller plus vert La mode durable, une opportunité pour le Made in France Les marques concernées seraient aussi interdites de publicité, sur tous les supports, y compris par des influenceurs. Dans son exposé des motifs, le texte rappelle que la loi climat et résilience a interdit la publicité pour les énergies fossiles ou celles relevant d'une démarche de « greenwashing », sans doute pour prévenir la levée de boucliers que cette interdiction pourrait susciter. Shein n'a d'ailleurs guère tardé à réagir, invoquant l'impact du texte sur « le pouvoir d'achat de millions de Français ». La proposition de loi pourrait faire l'objet de modifications d'ici son examen, la semaine prochaine, notamment après son passage en commission environnement ce jeudi. Le député LR Antoine Vermorel-Marques, qui a déposé mi-février une proposition de loi concurrente sur le sujet, s'est dit prêt à soutenir le texte Horizons si un compromis est trouvé. Il défend lui-même un système de bonus/malus, mais se dit totalement opposé à l'interdiction de la publicité. Un lourd impact environnemental L'industrie textile affiche un lourd impact environnemental. Non seulement elle représente 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, mais elle génère aussi une quantité astronomique de déchets, notamment plastiques. « Le polyester est devenu la fibre la plus utilisée par l'industrie textile en 2000, et sa production a, depuis, plus que doublé. En 2030, il représentera 85 % du total », rappelle Nusa Urbancic, directrice générale de la Changing Markets Foundation. Or, non seulement ces fibres plastiques sont fabriquées avec des énergies fossiles, mais elles sont difficilement recyclables. Et quand elles le sont, les capacités de collecte et de traitement n'existent pas forcément. Sans parler des microfibres rejetées lors de leur lavage. Plus généralement, la teinture et le traitement du textile génèrent 20 % de la pollution des eaux. Et le coton est la première culture consommatrice de pesticides.

By |2024-03-13T15:02:30+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

100 % électrique en 2035 : l’industrie automobile se met à douter

Quel changement de pied ! Il y a trois ans, les constructeurs occidentaux rivalisaient de zèle dans leurs plans pour se convertir au 100 % électrique en Europe, fouettés par la volonté de ne pas se faire ringardiser par Tesla. Mais depuis quelques mois, l'euphorie n'est plus de mise. Des perspectives de ventes moins roses que prévu et l'évaporation des subventions à l'achat versées par les Etats font grimper la nervosité chez la plupart des grands groupes, amenant même certains d'entre eux à briser le tabou d'un report de l'échéance de 2035. Le premier à mettre les pieds dans le plat a été Carlos Tavares. A plusieurs reprises ces dernières semaines, le patron de Stellantis a évoqué « deux scénarios » pour les élections européennes de cette année : « une accélération des voitures électriques » si les « progressistes dogmatiques » l'emportent, ou « un ralentissement », en cas de victoire des « populistes ». En agitant la seconde hypothèse, Carlos Tavares a introduit implicitement dans le débat l'hypothèse d'une révision du calendrier réglementaire qui doit conduire à l'interdiction du moteur thermique en 2035. Lutz Meschke, le directeur financier de Porsche, a été plus direct. « Il y a beaucoup de discussions en ce moment autour de la fin du moteur à combustion, a-t-il confié à l'agence Bloomberg fin janvier. Je pense que cela pourrait être retardé. » « Un peu plus tard… » Lors du Salon automobile de Genève , fin février, Luca de Meo a soufflé le chaud et le froid. Le patron de Renault, qui est également le président de l'Acea, le lobby des constructeurs européens, a expliqué lors d'une conférence de presse que l'industrie ne pouvait plus reculer sur 2035, tout en réclamant que les « conditions adéquates » soient mises en place pour tenir l'échéance. LIRE AUSSI : ANALYSE - Voitures électriques : à quoi joue le patron de Stellantis, Carlos Tavares ? Le lendemain, il précisait toutefois à l'AFP que le secteur s'accommoderait d'un report : « A la base, nous demandions une date postérieure parce que nous pensions que le délai serait trop court. C'est entre les mains du législateur […] j'espère que l'interdiction s'appliquera un peu plus tard, parce que nous ne serons pas capables de le faire sans endommager toute l'industrie. » La marque Renault avait annoncé en 2022 qu'elle serait tout électrique en Europe dès 2030, en précisant qu'il faudrait que les conditions de marché soient réunies. Fabrice Cambolive, le patron de la marque, vante aujourd'hui les « deux jambes » du groupe, l'électrique et le thermique, ce qui peut fonctionner selon lui « pour les dix années à venir ». Une vraie inflexion de discours, même si Renault a toujours dit qu'il continuerait à vendre des voitures thermiques hors d'Europe. Rééquilibrage des discours « Avec la fin du projet de mise en Bourse d'Ampere , son entité consacrée à l'électrique, Renault est en train de rééquilibrer son discours, décrypte Thomas Besson, analyste chez Kepler Cheuvreux. D'autres constructeurs font de même. Et certains 'désinvestissent' en repoussant des investissements ou des lancements dans l'électrique, contribuant à la hausse de leurs cours de Bourse, augmentant le potentiel de retour de cash aux actionnaires et améliorant la perception du risque électrique. » LIRE AUSSI : PODCAST - Elon Musk accumule les ennuis L'ambiguïté de Biden sur la voiture électrique inquiète les géants sud-coréens de la batterie Les constructeurs américains ont annoncé désengager des moyens dans l'électrique. Certains européens aussi. Volkswagen, peu avant de renoncer à lancer une introduction en Bourse de sa filiale dans les batteries, a reporté un projet supplémentaire de gigafactory. Ce changement de pied est à la fois en phase avec le ralentissement de la croissance des ventes d'électriques, et avec les nouvelles attentes des investisseurs. Les marchés sont échaudés par le tout électrique.

By |2024-03-13T15:01:19+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments