Monthly Archives: March 2024

La bataille de l’intelligence artificielle se focalise sur la performance des LLM

Très courante dans la recherche en intelligence artificielle depuis des décennies, la pratique du « benchmark » compte maintenant des dizaines d'examens pour passer en revue les modèles et chatbots de l'IA générative. Le fameux test de Turing des années 1950 a ainsi laissé la place au plus connu d'entre eux, le MMLU. Imaginé par des universitaires américains pour « mesurer la compréhension massive du langage multitâche » il soumet les modèles à 57 tâches, notamment des exercices de mathématiques ou d'histoire des Etats-Unis. D'autres bancs d'essais se concentrent sur la capacité d'un modèle à synthétiser, à coder ou à éviter les affirmations toxiques. LIRE AUSSI : Edouard Grave (Kyutai) : « Rendre les IA plus factuelles reste une vraie question scientifique à régler » « Ces tests sont très utiles pour savoir où en est la recherche, c'est par exemple grâce à ce type de tests qu'on peut observer les avancées de chaque génération de modèles en programmation ou en raisonnement », relève Clémentine Fourrier, chercheuse chez Hugging Face. Force aussi est de constater que des modèles plus petits, et plus économes en énergie, obtiennent aujourd'hui les mêmes notes que de plus gros modèles il y a seulement un an. Iniquité Mais la spécialiste émet aussi des réserves, pointant de possibles triches, au pire des cas, ou tout simplement une forme d'iniquité. « Il est impossible de savoir si les entreprises font passer les tests dans les mêmes conditions », poursuit-elle. Ainsi, Google avait en fin d'année dernière comparé des pommes et des oranges en affirmant que son Gemini surpassait GPT-4. En réalité, l'instruction fournie à son modèle en début de test était beaucoup plus détaillée que celle donnée par OpenAI à son propre modèle. LIRE AUSSI : LLM : comment les Gafam s'attaquent au problème des langues rares Les experts s'accordent sur un point : le choix d'un modèle pour les entreprises ne peut se faire au seul prisme des tests mais bien au cas par cas. « Tout dépend des usages. Pour la synthèse, OpenAI, c'est fabuleux. S'il faut des données actualisées, on préférera Gemini aux modèles disponibles sur Microsoft. Mais on privilégiera aussi parfois des petits modèles comme Mistral 7B ou LLaMA qui hallucinent moins que les plus gros, notamment pour les entraîner sur les bases de données des clients », égrène Jérôme Malzac, le directeur de l'innovation de Micropole, une entreprise française de services numériques. Lorsque les projets impliquent un grand nombre de requêtes de la part des utilisateurs, le coût des ressources informatiques entre aussi en ligne de compte. La question intéressera alors de près les autorités de la concurrence qui enquêtent sur le secteur. Il devient souvent plus intéressant pour une entreprise de passer par les modèles en partenariat avec les champions de l'informatique en ligne comme Microsoft, Amazon ou Google, plutôt que de s'appuyer sur ses propres serveurs.

By |2024-03-13T10:08:58+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Train: l’exécutif enterre l’idée du «passe rail » illimité

Ni fleurs ni couronnes: malgré le soutien affiché du président de la République, puis de l'ex-ministre des Transports Clément Beaune, l'idée d'un «passe rail» permettant d'emprunter à volonté tous les TER et trains Intercités de France a déjà touché son terminus, avant d'avoir pu voir le jour. Dans les plans du précédent gouvernement, l'objectif de travail était un déploiement dès l'été prochain. Ce projet visant à développer l'usage du train, ambitieux mais coûteux, s'accordait mal avec les importantes économies budgétaires à réaliser à moyen terme (30 milliards en deux ans). Du côté des régions, toutes n'étaient pas enthousiastes à l'idée de mettre en place ce système, à financer de leur poche à la place de l'Etat . Tarification sociale pour les jeunes C'en est donc fini de l'idée du passe universel, sur les modèles allemand ou autrichen, permettant à quiconque de circuler à volonté sur les réseaux régionaux pour 49 euros par mois. En Allemagne, l'ardoise du «Deutschlandticket» lancé au printemps dernier représente 3 milliards d'euros annuels, financés à parité par l'Etat fédéral et les Länder. A la place de l'ambitieux dispositif, le nouveau ministre des Transports Patrice Vergriete prône une version très sensiblement rétrécie. « Ce que j'imagine proposer pourrait être une expérimentation d'un passe rail ciblé sur les jeunes et sur la période estivale sur les réseaux TER et Intercités (...). Une tarification sociale pour les jeunes, pour leur permettre de découvrir l'ensemble des régions de notre beau pays », a résumé l'ex-maire de Dunkerque la semaine dernière au Sénat. Il proposera cette formule rabotée à Carole Delga, la présidente de l'Association des régions de France (ARF). «La mobilité est affaire de pragmatisme», a résumé le ministre, enterrant au passage l'idée défendue par son prédécesseur. LIRE AUSSI : Clément Beaune espère la création d'un passe rail « dès l'été prochain » Il est vrai que le projet n'était pas encore calé sur de bons rails et posait de multiples questions pratiques. Pour les régions, cela aurait représenté un sérieux coup de canif dans leur liberté tarifaire, prévue dans une loi de 2014 et entrée en application en 2016. Une prérogative à laquelle elles sont désormais attachées, d'autant plus que l'usager ne paye plus avec son billet que 20% des coûts de fonctionnement des trains régionaux, déplaçant le curseur dans les budgets des exécutifs régionaux.

By |2024-03-13T10:08:25+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Usbek & Rica – Fripes : « La seconde main marche de pair avec la fast fashion »

Partie au Liban pour remonter les filières du réemploi textile, l’anthropologue rattachée à l’EHESS Emmanuelle Durand révèle les dessous des vêtements de seconde main dans un premier livre percutant intitulé L’envers des fripes (éd. Premier Parallèle), à paraître aujourd’hui. Dans un entretien avec Usbek & Rica, elle revient sur la face cachée de ce marché grandissant.  Emilie Echaroux - 7 mars 2024 Que vous a appris votre traversée des friperies libanaises jusqu’aux points de retraits des colis Vinted, en passant par les bennes de collectes européennes ? EMMANUELLE DURAND L’enseignement majeur de cette traversée a été de me rendre compte qu’on assiste à une transformation paradoxale des flux de fripes, dans une économie du vêtement de seconde main en plein essor avec une croissance de plus de 10 % par an en France. De plus en plus de vêtements neufs invendus circulent sur le marché de la fripe, témoignant de la logique de surproduction de l’industrie textile, mais aussi des effets pervers de certaines règlementations en matière de recyclage. On pourrait s’attendre à ce que cette hausse des vêtements invendus de première main réhausse par la même occasion la qualité des vêtements qui circulent sur le marché de la fripe. Or, on se retrouve avec des invendus qui sont surtout des marchandises défectueuses, mal calibrées, qui n’ont pas pu trouver une place sur le marché textile « classique ».  « Le secteur de la fripe permet à l’industrie textile de la fast fashion de continuer de tourner à plein régime et de surproduire » Emmanuelle Durand, anthropologue et autrice de l'ouvrage « L'envers des fripes » Partager sur Twitter Partager sur Facebook EMMANUELLE DURAND En fin de compte, on se rend compte que le secteur de la fripe, en permettant à ces marchandises surnuméraires de trouver une voie de sortie – c’est-à-dire un marché – permet à l’industrie textile de la fast fashion de continuer de tourner à plein régime et de surproduire, puisqu’elle ne craint pas d’être étouffée sous ses stocks. Finalement, on se rend compte que la fripe et la fast fashion marchent main dans la main. Jusqu’au XIXe siècle, le textile de seconde main provient principalement des hôpitaux, des pensionnats, des accidents industriels et commerciaux, ainsi que du secteur militaire. Aujourd’hui, d’où provient-il ? De la fast fashion ? EMMANUELLE DURAND Les flux de vêtements se complexifient et se diversifient. On trouve sur les marchés de seconde main de plus en plus de vêtements de fast fashion. Mais des vêtements plus anciens qualifiés de « vintage » continuent aussi d’irriguer les commerces de fripes.  Cette diversification des flux de vêtements qui alimentent ce marché rebat les cartes de notre rapport à l’authenticité, au neuf et à l’usure. L’anthropologue américaine Mary Douglas a conceptualisé l’idée de la souillure en montrant qu’elle ne relevait pas seulement de considérations organiques, hygiéniques et matérielles qu’on pourrait résumer à la saleté, mais que la souillure est aussi quelque chose qui, disait-elle,  « n’est pas à sa place » et qui trouble l’ordre social et moral. La fripe brouille ces lignes entre le neuf et l’ancien, le propre et le sale. La « fripe écolo » constitue-t-elle un mythe, étant donné que les friperies sont alimentées en grand nombre par des vêtements issus de la fast fashion ? EMMANUELLE DURAND On peut effectivement parler d’un mythe. La fripe n’est pas aussi écologique que ce que certains discours laissent entendre. Même si elle reste bien évidemment largement moins polluante que la fast fashion. Ce qu’on désigne par « fripes » constitue un marché extrêmement complexe qui présente beaucoup d’alternatives différentes. En l’état, certains pans du secteur des fripes peuvent tout de même être considérés comme vertueux, telles que les initiatives qui sont attentives à la manière dont les choses circulent, par où elles passent et qui en prend soin.  Scène du film-documentaire « The True Cost », d'Andrew Morgan © Life Is My Movie Entertainment / Untold Creative EMMANUELLE DURAND L’autre mythe concernant la fripe revient à penser que le processus de récupération du vêtement est simple. On imagine souvent à tort qu’il suffit de récupérer des dons de vêtements et de les revendre avec le minimum d’intermédiaires. Mais c’est faux. Karl Marx parle de « fétichisation de la marchandise » pour évoquer la dissimulation des relations de travail que nécessite la production d’une marchandise. Pour devenir une marchandise désirable et convoitée, un vêtement jeté ou donné doit passer entre les mains d’un tas de travailleurs qui s’occupent de la collecte, du tri, du conditionnement, du calibrage et du transport. Finalement, le vêtement circule tout autour de la planète avant, parfois, de revenir chez nous, dans nos friperies. À qui doit-on l’industrialisation de la seconde main ? Vinted ? EMMANUELLE DURAND L’industrialisation du secteur de la seconde main est arrivée bien avant Vinted et les économies de plateforme de ce type. Les premiers mouvements perceptibles de cette industrialisation remontent à l’après Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1960 et 1970, le secteur de l’aide sociale, de l’associatif et de l’humanitaire se professionnalise.  Face aux conflits qui secouent différentes parties du monde, de plus en plus de vêtements sont donnés par geste de charité. Cette période coïncide aussi avec l’avènement du prêt-à-porter, avec les prémices de la consommation de masse vestimentaire. L’étape clé de l’industrialisation du secteur de la fripe est l’arrivée, dans les années 1980, d’acteurs privés : des grossistes qui prennent en charge les opérations de tri et d’import-export avec un arsenal d’usines et d’entrepôts.

By |2024-03-13T09:58:34+00:00March 13th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Jean-François Rial : « 2024 sera à croissance forcément modérée »

Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, entrevoit 2024 en demi-teinte, comme le montre son récent « Thread » sur Twitter. Une prudence qui contraste avec l’optimisme prévalant en octobre dernier, lors de la publication des résultats semestriels du groupe portant sur le premier semestre 2023.   La croissance à long terme des voyages « restera forte » malgré une certaine tendance à la désintermédiation, estime le PDG de Voyageurs du Monde. Toutefois, « l’année 2024 sera à croissance forcément modérée, voire compliquée ». Avec une puissante volatilité de la demande. La géopolitique pèse sur les voyages L’inflation des prix des voyages semble terminée (comme en témoignent les baromètres Orchestra et MisterFly). Ce qui aura, bien sûr, une incidence sur la dynamique des volumes de ventes. La géopolitique représente un autre facteur de préoccupations pour le patron de Voyageurs du Monde, pourtant diversifié sur une centaine de destination afin notamment de diluer son risque-pays. « Toutes les destinations du monde arabe sont touchées à cause de la guerre à Gaza, l’enlisement de la guerre en Ukraine inquiète de plus en plus, toutes classes de revenus confondus. » Selon le PDG, les impacts des soubresauts violents que subit la planète augmentent en intensité, « à la hausse comme à la baisse ». Ainsi, la clientèle aisée généralement peu touchée par les sujets de pouvoirs d’achat semble en revanche « s’inquiéter de plus en plus des problèmes du monde » estime-t-il. Le long-courrier menacé ? Les experts du voyage ont souvent évoqué la formidable résistance du secteur face aux secousses économiques, politiques, sanitaires et climatiques. Cette résilience montrerait-elle des fissures ? L’avenir nous le dira. Actuellement, des agences de voyages et des TO témoignent toujours d’un fort niveau d’activité et d’optimisme. Pour Jean-François Rial, 2024 semble en outre s’illustrer comme « une année court-courrier plus que long-courrier », ce qui « n’incite pas à l’optimisme à court terme ». Surtout pour une entreprise multi-marque comme Voyageurs du Monde. Ce spécialiste des voyages sur mesure et d’aventure programme des départs sur tous les continents, notamment dans des pays lointains. Le groupe réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 700 millions d’euros. Au niveau des chiffres globaux de l’industrie, pas de signal d’alarme à l’horizon, pour l’instant. D’après le baromètre Orchestra, les destinations long-courriers trustent toujours 21% des ventes globales des agences de voyages en février, contre 22% un an plus tôt. 2023 avait été « exceptionnelle » Si 2024 pourrait annoncer un atterrissage en douceur, c’est aussi parce que le secteur a connu « une année 2023 de référence exceptionnelle », estime Jean-François Rial. Effectivement, 2023 a pleinement profité du Travel Revenge post-Covid. « Le premier trimestre avait été époustouflant, (affichant) la plus grande croissance que je n’ai jamais vue chez Voyageurs du monde en 30 ans de direction. » La remontada 2023 a de surcroît été alimentée par l’inflation et le retour fulgurant du long-courrier. Plusieurs pays d’Asie et d’Amérique ont levé leurs restrictions sanitaires. Pour mémoire, les destinations long-courriers affichent un bond de +19% en 2023 (en forfaits), selon l’Observatoire des Entreprises du Voyage (EdV). Toutefois, le palmarès des destinations les plus vendues en forfaits reste dominé par l’Espagne, la France métropolitaine et la Grèce.

By |2024-03-12T23:38:25+00:00March 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

La Bourse de Londres se dit prête à accueillir le bitcoin et l’ether

C'est un nouveau signal positif pour le secteur des cryptomonnaies et il vient, cette fois, de Londres. Ce lundi, la FCA, le gendarme britannique des marchés financiers, a annoncé qu'elle ne s'opposera pas aux demandes de Bourses régulées en vue de coter des ETN (exchange traded notes) adossés à des cryptomonnaies. Ces produits seront cependant réservés aux investisseurs professionnels tels que des sociétés d'investissement et des établissements de crédit. Le régulateur, déjà offensif sur le front de la publicité pour la crypto , affirme que « ces produits ne conviennent pas aux particuliers en raison du risque important de perte en capital ». Les candidats ne devront pas proposer d'effet de levier, indique la FCA. Ils devront détenir au moins 90 % des cryptoactifs sous-jacents dans un portefeuille qui n'est pas connecté à Internet, une mesure de sécurité destinée à limiter le risque de piratage. Enfin, les dépositaires devront respecter les lois anti-blanchiment d'argent au Royaume-Uni, dans l'Union européenne, à Jersey, en Suisse ou aux Etats-Unis. Répliquer le succès des ETF Le London Stock Exchange s'est immédiatement saisi de cette ouverture en annonçant que la Bourse de Londres acceptera de coter des ETN adossés à du bitcoin et de l'ether à partir du deuxième trimestre, sans donner de date exacte. Londres est déjà la capitale européenne des cryptos, selon Chainalysis, au regard des volumes échangés, et, avec Paris, l'une des places les plus attractives pour le secteur. La City a attiré en 2023 le prestigieux fonds de capital-risque a16z . LIRE AUSSI : Londres, capitale européenne des cryptos RECIT - Porté par le succès des ETF à Wall Street, le bitcoin bat son record historique Cette ouverture aux ETN sur les cryptos à Londres intervient deux mois jour pour jour après l'approbation par le gendarme boursier américain (SEC) d'ETF investis directement en bitcoin à Wall Street. Ce lancement, notamment porté par BlackRock (10 milliards de dollars de collecte nette) et Fidelity (6,15 milliards), a été historique , avec au total 20 milliards de dollars (18,3 milliards d'euros) collectés en deux mois, ce qui a largement contribué à relancer les cours des cryptos , et notamment celui du bitcoin. Contrairement aux ETF, les ETN sont des titres de créance et non des parts de fonds. Mais, comme eux, ils répliquent l'évolution de la valeur de l'actif sous-jacent (comme le bitcoin). Les fournisseurs d'ETN doivent détenir l'actif sous-jacent. Si la demande pour ces produits financiers est là, comme on peut l'anticiper, alors on peut s'attendre à de nouvelles pressions à la hausse sur les cours du bitcoin et de l'ether. Regain d'attractivité du bitcoin La semaine dernière, le bitcoin a dépassé le cap historique de 70.000 dollars et l'ether a approché celui des 4.000. Ce lundi, les deux cryptodevises grimpaient encore. Selon CoinGecko, le bitcoin a pris 3,5 % en 24 heures, inscrivant un nouveau record au-dessus de 72.000 dollars, et l'ether a gagné 3 %, à 4.050 dollars. LIRE AUSSI : Régulation des cryptos : Londres prêt à faire concurrence à l'Union européenne Le nouveau sommet du bitcoin intervient dans un contexte d'affaiblissement du dollar américain. Pour Neil Wilson, analyste chez Finalto, « le renforcement des attentes de baisses de taux américains affaiblit le billet vert ainsi que les rendements des bons du Trésor américains, des actifs concurrents, ce qui rend le bitcoin plus attractif en comparaison ». Cette annonce à Londres jette inévitablement un coup de projecteur sur la place de Paris. D'après Morning Star, 68 fonds indiciels de type ETP (exchange traded product) et ETN sont proposés par des acteurs comme VanEck ou 21Shares. Indexés sur une plus grande variété de cryptos (solana, polkadot, aave, avalanche…), ils utilisent des contrats à terme et ne détiennent pas ces cryptos en portefeuille. MicroStrategy à la tête d'un trésor de plus de 200.000 bitcoins, soit 14,8 milliards de dollars L'envolée du cours du bitcoin stimule l'appétit de MicroStrategy pour la reine des cryptos… et celui des investisseurs pour l'éditeur de logiciels. Aux mains de Michael Saylor, un fervent défenseur des cryptos, MicroStrategy a acquis 12.000 pièces en plus (873 millions de dollars) lundi. C'est son deuxième achat de bitcoins le plus important à ce jour. Il gonfle son trésor de guerre à 205.000 bitcoins, ce qui représente environ 14,8 milliards de dollars. Une telle somme continue de faire de l'action de la société un « proxy » pour les investisseurs souhaitant s'exposer au bitcoin sans en détenir. Son cours de Bourse a progressé de 134 % depuis le début de l'année, contre environ 70 % pour la cryptomonnaie. Depuis 2020 et le pivot de MicroStrategy vers l'achat de bitcoins, l'action a progressé de 1.000 %.

By |2024-03-12T23:36:17+00:00March 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Porté par le succès des ETF à Wall Street, le bitcoin bat son record historique

Conçu sur les ruines de la crise de 2008, comme une alternative au système financier, le bitcoin est, quinze ans après, plus que jamais porté par la finance traditionnelle qu'il rêvait de remplacer. Mardi vers 16 heures, il a atteint 69.324 dollars sur Coinbase, en hausse de 4,4 % ces dernières 24 heures et de 19 % en une semaine, portant sa valorisation à 1.340 milliards de dollars. Son précédent record remontait au 9 novembre 2021. Il avait alors tutoyé les 69.000 dollars. Lundi, le bitcoin a aussi, pour la première fois, dépassé le cap des 60.000 euros. En un an, la reine des cryptos a triplé de valeur. A l'époque, les cours des cryptos étaient portés par « l'argent gratuit » lié à l'environnement de taux bas, « l'épargne Covid » constituée pendant la crise et la croyance que la pandémie allait faire des monnaies 2.0, l'argent de l'économie numérique de demain. Mais les commerces ont rouvert et la guerre en Ukraine a attisé l'inflation , que la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont combattue avec succès en relevant les taux d'intérêt. Deux ans de purge effacés Avec un bitcoin au plus haut, c'est comme si les deux dernières années de purge dans le secteur crypto n'avaient pas existé. Au-delà de l'environnement macroéconomique, cette période a pourtant été marquée par des crises retentissantes touchant des acteurs censés être fiables, en tête desquels figurent FTX et son fondateur Sam Bankman-Fried. Le prodige des maths avait ses entrées à Washington , il croupit aujourd'hui en prison . Son principal concurrent, le patron de Binance Changpeng Zhao a accepté de payer 4,3 milliards de dollars d'amende . Sans oublier le prometteur stablecoin Terra , liquidé en 24 heures, le fonds crypto 3AC , ou Celsius … tous tombés. LIRE AUSSI : ANALYSE - Bitcoin : le dernier tour de magie de Wall Street Les traders et gérants parient sur une poursuite de l'envolée du bitcoin en 2024 Malgré ces sérieuses atteintes à la réputation des cryptos - auxquelles on peut ajouter l'effondrement des NFT (jetons non fongibles) , une bulle massive vidée à 95 %, ou les meme coins, ces cryptos parodiques masquant souvent des « arnaques à la bouilloire », et enfin le financement du terrorisme , que la guerre à Gaza a remis sous le feu des projecteurs -, le secteur se relève donc, bitcoin en tête. « Ces conditions rappellent certains moments de fin 2020 et 2021, de marché haussier et d'optimisme extrême », a déclaré à Bloomberg Jaime Baeza, fondateur du fonds spéculatif crypto AnB Investments. « Il existe un fort effet de levier sur le marché et les niveaux d'avidité deviennent extrêmes. » Le « greed index » vient ainsi de toucher les 82 %. Le catalyseur de la hausse a été l'approbation , le 11 janvier par la Securities and Exchange Commission (SEC), de onze fonds indiciels cotés et directement investis en bitcoin (ETF bitcoin spot). Depuis, les gestionnaires d'actifs ont amassé près de 17 milliards de dollars de bitcoin, selon Bloomberg, dont 10 milliards rien que pour BlackRock. Jamais, en trente ans de lancements d'ETF, les émetteurs n'avaient enregistré une telle collecte. Les autres « coins » à la fête Ce puissant moteur est amplifié par un ralentissement de l'inflation en ce début 2024, qui devrait conduire à une détente sur les taux d'intérêt . En ce mois de mars comme par le passé, quand la reine des cryptos s'apprécie, les autres suivent. Sa dauphine, l'ether, a gagné près de 60 % depuis le début de l'année - elle est aussi portée par l'espoir d'entrer à Wall Street via une dizaine d'ETF en mai. A 3.800 dollars, elle reste assez loin de son record historique de plus de 4.600 dollars. Le solana (+32 % depuis janvier), le ripple (+25 %) ou encore le cardano (+50 %) ont également enregistré de belles performances. Les jetons liés à l'IA ont eux aussi fortement progressé en surfant en plus sur les espoirs attachés aux prouesses de l'intelligence artificielle générative (+217 % pour FetchAI en un mois ou +220 % pour SingularityNET). Mais ce sont les « meme coins » qui ont repris le plus de force, notamment le dogecoin (+120 % en un mois), le shiba (+260 %) ou le pepe coin (+690 %). Pour les professionnels, c'est l'un des indicateurs montrant que les particuliers sont revenus dans la crypto. Après être restés en marge du marché pendant deux ans, ils ont lu dans la presse que le bitcoin remonte et ont peur de manquer le prochain cycle haussier. En 2022, leur mauvaise gestion du risque leur avait fait perdre des fortunes .

By |2024-03-12T23:35:14+00:00March 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Sur orbite, le bitcoin enflamme les réseaux sociaux

Le nouveau record du bitcoin (BTC), à 69.192 dollars (63.654 euros) après 68.826 dollars en novembre 2021, déchaîne les passions. Un retour en force au goût de revanche après un long hiver. La prouesse de la leader des cryptos, qui a chuté mardi à 61.000 dollars pour rebondir à 67.000 dollars mercredi, ne doit rien aux autres marchés. Sa corrélation avec Wall Street, la tech ou l'or est insignifiante cette année. Le triomphe n'en est que plus grand pour ses défenseurs. Sur les cryptos et le bitcoin, un émoji vaut souvent mieux qu'un long discours. Les petites fusées qui symbolisent son retour en grâce sont de nouveau de sortie. Sur X, Richard Teng, le directeur général de Binance, première plateforme au monde, n'a pas manqué cette occasion. Apparus sur Internet dès ses débuts en 1999, les émojis ont été adoptés par la communauté des cryptos pour manifester sa joie, ses doutes et moquer ses opposants ou les cryptosceptiques. Ces figurines colorées fleurissent sur les réseaux sociaux. Ces « éléments de langage » numériques, celle d'une langue universelle des signes, sont à l'image du leader du monde des cryptos, actif sans frontière. Au-delà de 69.000 dollars, le bitcoin vaut désormais plus qu'un kilo d'or (68.400 dollars). De quoi enflammer la communauté des cryptos. Sur Google, les recherches relatives au bitcoin ont déjà atteint deux records cette année, le 11 janvier au lendemain de l'approbation de l'ETF (fonds indiciel coté) , et le 28 janvier. Objectif lune Le slogan fétiche du secteur, « To the moon » (vers la Lune) acte du lancement sur orbite de la fusée des cryptos. Cette formule était apparue en 2013 quand le cours du bitcoin avait franchi la barre des 1.000 dollars. A l'époque, Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale, avait déclaré que le bitcoin « est une bulle et rien de plus », car il n'a « aucune valeur intrinsèque » et ne peut prétendre au statut de monnaie. L'envolée des cryptos donne l'occasion aux « cryptofans » de souligner les erreurs d'appréciation et la soi-disant incompétence des banquiers centraux ou des médias traditionnels, raillés pour leur cécité face à la révolution en marche. Les émojis les plus positifs employés par la communauté des cryptos sur les réseaux sociaux sont une flamme, une fusée en ascension, un pouce levé et un visage hilare. Ces figurines évoquent l'état euphorique de la communauté des cryptos et du bitcoin quand les cours s'envolent (2017, 2021, 2024) et que le bitcoin brise son plafond de verre. Lors des chutes des marchés, apparaissent des émojis plus menaçants comme un dollar qui s'envole, signe d'une richesse évaporée. Dans une étude (1), des chercheurs ont évalué le pouvoir prédictif des émojis fétiches sur les cryptos. Ces baromètres de l'humeur du marché semblent devancer le prix du bitcoin d'une journée. La recrudescence des manifestations d'enthousiasme de la cryptosphère est suivie d'une hausse de la leader du marché. Crypto novlangue Ce n'est pas le cas pour les émojis à connotation négative qui sont sans lien avec le cours du bitcoin. Habitués aux krachs à la vitesse de l'éclair (flash crash) qui ont émaillé son existence, les investisseurs semblent avoir dédramatisé ces trous d'air. Ils invitent alors leurs semblables à envisager les cryptos dans une optique de long terme, en leur rappelant le slogan « HODL », en référence à la faute de frappe la plus célèbre de la cryptosphère. Etait apparu en décembre 2013, sur le forum bitcointalk, le terme « HODL » pour « HOLD » (« détenir » en anglais). Son auteur expliquait qu'il se contentait de détenir des bitcoins et ne spéculait pas car il était « un mauvais trader et en était conscient ». Plus le bitcoin connaît des mouvements extrêmes de cours (fortes hausses ou baisses), plus il est commenté sur les forums spécialisés. Dans les phases euphoriques, ils jouent le rôle de caisse de résonance et d'amplification et quand les marchés plongent, ils se transforment en thérapie collective pour investisseurs ruinés. S'estimant malmenée par une presse aux ordres des banques et banquiers centraux, la communauté s'est emparée des réseaux sociaux pour faire valoir son opinion dès le début de l'épopée des cryptos . Dogecoin, la crypto du bonheur Les réseaux sociaux restent plutôt bien disposés à l'égard des cryptos selon une étude (2) qui a analysé 131 millions de messages et commentaires sur le principal forum Reddit et sur longue période (2009-2022). Les messages à tonalité positive sont deux à trois fois plus nombreux que ceux qui traduisent de la tristesse ou de la colère de la part de leurs auteurs. La crypto qui suscite le plus d'enthousiasme n'est pas le bitcoin ou l'ethereum mais le dogecoin , dont le soutien d'Elon Musk en 2021 lui a assuré une campagne publicitaire mondiale. Même si le bitcoin a été la première crypto lancée en 2009, les premiers messages sur le forum Reddit n'apparaissent qu'en novembre 2010. C'est l'ancêtre de ripple (créé en 2012), rippleplay qui fut la première à avoir son espace de discussion sur Reddit (octobre 2009). La performance élevée d'une crypto lui garantit une avalanche de messages et de commentaires. C'est particulièrement vrai pour solana, avalanche, polygon et cosmos. Le lien entre la hausse du cours et le nombre de message sur le réseau social est plus fort pour l'ethereum que pour le bitcoin. Toutes cryptos confondues, les messages ont bondi en 2021 et plongé quand le marché s'est effondré l'année suivante. Les investisseurs se sont « lâchés » pour faire part de leur colère, peur et détresse.

By |2024-03-12T23:33:56+00:00March 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Enlèvements, la hantise du Nigeria

Temps de lecture : 4 min Ajouter à mes favoris Google News Commenter Partager C'est un nouveau kidnapping de masse qui vient rappeler combien les enlèvements contre rançon constituent un fléau au Nigeria. Derniers faits en date : au moins 15 élèves d'une école islamique dans l'Etat de Sokoto au nord-ouest du vaste Nigeria ont été enlevés par des hommes armés, d'après plusieurs sources notamment locales, plus tôt cette semaine, jeudi, près de 280 enfants ont été kidnappés dans l'enceinte de leur établissement dans l'Etat de Kaduna, dans le nord-ouest du pays. Ces nouveaux rapts interviennent dans un contexte très critique pour le géant ouest-africain confronté à de graves problèmes d'insécurité, avec des gangs et des bandits qui sévissent sur les mêmes terrains que les djihadistes. Ils ont fait des enlèvements un business lucratif, qui alimente un vaste réseau de groupes criminels et islamistes. D'après la société spécialisée, SBM Intelligence, de juillet 2022 à juillet 2023, au moins 3 620 personnes ont été enlevées au Nigeria et les ravisseurs avaient réclamé pas moins de 5 milliards de nairas, soit 6,4 millions de dollars, de rançon. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Gunmen attacked a school in northwestern Nigeria and abducted hundreds of children as they were about to start classes Thursday. (AP Graphic)/GFX1381/24067779662425//2403072300 © Kevin S. Vineys/AP/SIPA / SIPA / Kevin S. Vineys/AP/SIPA Depuis quelques années, les kidnappings de masse ciblant des écoles sont récurrents dans la région de Kaduna. Le problème est également récurrent dans l'est du Nigeria, notamment dans l'État de Borno, où plusieurs dizaines de femmes ont été enlevées, selon les autorités, dans la région de Ngala, une localité proche de la frontière camerounaise. Des femmes et des jeunes filles parties chercher du bois et qui ne seraient jamais revenues dans le camp de déplacés où elles vivent. La semaine dernière, des enfants ont également été kidnappés dans cette même région. Généralement, les familles sont bien souvent livrées à elles-mêmes lorsqu'il s'agit de négocier avec ces différents groupes pour payer les rançons qu'ils réclament.

By |2024-03-12T17:31:29+00:00March 12th, 2024|Scoop.it|0 Comments

French Tech : Zama signe le retour des grosses levées de fonds dans la blockchain

Tout en restant discrète, Zama entend révolutionner la protection de la vie privée en ligne. Spécialisée dans le « chiffrement complètement homomorphe » (« FHE » en anglais), elle se destine à devenir une brique indispensable du web, comparable au « HTTPS », venu remplacer le « HTTP » mais sans que le grand public ne le voie forcément. Pourtant, ce menu changement a considérablement sécurisé nos sites Internet. Avec le « FHE », Zama veut protéger les données personnelles de façon profonde, en chiffrant toutes les données. « Si j'utilise ChatGPT, j'envoie mes données à OpenAI de façon chiffrée, mais, lui, il les déchiffre pour les analyser, comme toutes les entreprises. Avec le FHE, les données sont tout le temps chiffrées et OpenAI ne voit jamais ce que je lui envoie », illustre le fondateur Rand Hindi , connu pour avoir revendu sa précédente start-up ( Snips ) à Sonos pour 37 millions de dollars en 2019. L'exemple d'OpenAI n'est pas anodin, lui qui a déjà été victime d'un vaste piratage fin 2023 . Le cofondateur d'Ethereum dans les investisseurs Après avoir levé 1 million d'euros en pré-amorçage en 2020 et 6,5 millions en amorçage en 2021, Zama annonce une « série A » de 73 millions de dollars. Dans le contexte actuel de marché , c'est une prouesse - et la valorisation n'est pas en reste, même si Zama la garde secrète. Le profil des investisseurs est orienté blockchain car c'est ce marché que cible d'abord la start-up : Multicoin Capital, Protocol Labs, Metaplanet, Blockchange Ventures, VSquared, Stake Capital et les pionniers Juan Benet (fondateur de Filecoin), Anatoly Yakovenko (cofondateur de Solana) et Gavin Wood, cofondateur d'Ethereum. Zama (75 experts dont un tiers de doctorants) va investir en recherche et développement pour doper la vitesse de sa technologie, principal frein actuellement. Séduire les institutions financières Jusqu'à présent, ce type de chiffrement était « inutilisable » car trop lent. Mais les récentes découvertes de Pascal Paillet, associé de Rand Hindi, ont débloqué son potentiel. Malgré tout encore trop complexe pour seoir à tous les secteurs, Zama se limite à la blockchain, dont la transparence est autant sa force que sa faiblesse. C'est la raison pour laquelle les grandes institutions financières préfèrent créer leur propre blockchain privée - par opposition aux publiques, comme Ethereum. Mais selon Zama, quand ces chaînes privées doivent s'interconnecter, via des ponts, cela induit un risque cyber trop grand. Dans sa centaine de clients déjà signés en six mois, pour « plusieurs dizaines de millions d'euros », la start-up compte « de grandes institutions financières qui sont en train de tokeniser des actifs ». La jeune pousse facture ses clients classiques en monnaie fiduciaire mais ses clients « Web3 » en tokens, prenant le pari risqué qu'ils s'apprécieront. Passer un cap avec l'IA Zama a notamment pour client un certain Shiba Inu , une blockchain connue pour sa crypto parodique valorisée 21 milliards de dollars, mais qui est en train de développer un écosystème complet, incluant jeux et paiement. Avec la multiplication des fuites de données, affectant aussi bien les PME que les GAFA - et même le leader du séquençage d'ADN 23andMe, qui a perdu les datas de 7 millions de clients en 2023… -, l'ambition de Zama est d'être intégré par défaut aux services naissants, ou de se brancher aux existants. Sa prochaine cible est l'intelligence artificielle générative, où le besoin en sécurisation devient impérieux. Mais pour cela, la jeune pousse va certainement devoir acquérir de coûteuses puces spécialisées (GPU) afin de passer un cap. IA, santé, vote, consommation, services publics, publicité, finance, éducation… A terme, Zama espère sécuriser suffisamment ces services critiques pour démultiplier les cas d'usage.

By |2024-03-07T08:09:30+00:00March 7th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Afrique : la restitution des biens culturels, urgence géopolitique

« En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afro-descendante, j'ai choisi d'être de ceux qui refusent d'oublier, qui refusent l'amnésie comme méthode », a déclaré Mati Diop en recevant, le 24 février, son Ours 2024 à Berlin. Son film « Dahomey » raconte le processus de restitution au Bénin des 26 oeuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises. Plus qu'un coup diplomatique, la cinéaste voit dans les restitutions une manière de rendre son histoire à la jeunesse africaine à travers une réappropriation culturelle. C'est un nouveau signal de rappel sur un chantier à peine démarré. LIRE AUSSI : Quand le Bénin « quartier latin » de l'Afrique s'éveillera Car c'est un moment de bascule pour les trois pays les plus concernés par les restitutions à l'Afrique : France, Allemagne et Belgique. En février 2023, à la veille d' une tournée en Afrique, Emmanuel Macron avait annoncé l'adoption d'une « loi-cadre » visant à faciliter à de nouvelles restitutions « au profit des pays africains qui le demandent », tout en souhaitant que cette démarche s'inscrive dans une dynamique européenne. De fait, le principe de l'inaliénabilité des collections nationales impose de passer par le Parlement pour toute restitution à travers une « loi spéciale ». L'avantage d'une loi-cadre est de simplifier et de fluidifier la procédure. Las ! Les remaniements gouvernementaux ont ralenti le processus. Et malgré la volonté revendiquée de la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, de reprendre le flambeau, la loi-cadre est encore restée dans les limbes. Six ans après le rapport de 2018 de l'historienne Bénédicte Savoy et de l'économiste sénégalais Felwine Sarr, qui prônait le retour définitif et sans condition des biens ayant fait l'objet de pillages durant la période coloniale, un autre rapport visant à « encadrer la loi-cadre » semble avoir refroidi les ardeurs au Parlement. Dans ce rapport, l'ancien directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, prône l'adoption de neuf conditions de « restituabilité » qui, outre les critères d'acquisition illégale ou illégitime, imposeraient notamment à l'Etat demandeur de s'engager à préserver la nature patrimoniale des biens et à en assurer la présentation muséale au public. « Fait du prince » « C'est un rapport du siècle dernier qui reflète une approche coloniale très restrictive », s'insurge la franco-béninoise Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou pour l'art contemporain, qui a joué un rôle moteur dans la restitution des oeuvres du Quai Branly au Bénin. D'autres s'inquiètent, au contraire, que ces critères soient purement « indicatifs » en laissant la décision finale au pouvoir politique, c'est-à-dire… au fait du prince, en invoquant la « faute historique » de Macron à Ouagadougou, en 2017, où il se serait arrogé, seul, le signal des restitutions. LIRE AUSSI : La restitution d'oeuvres d'art africaines affole le marché des arts premiers Mais la question du retour des oeuvres dépasse largement l'idée d'un coup politico-diplomatique. C'est devenu une véritable urgence géopolitique si l'on veut permettre à l'Afrique de s'émanciper des vieux schémas néocoloniaux. L'Allemagne a déjà entrepris de restituer un millier de pièces au Nigeria. « Sans le discours de Macron à Ouagadougou et le rapport Savoy-Sarr, rien ne se serait fait », reconnaissait un diplomate allemand dans le cadre d'une récente conférence sur les restitutions à l'Afrique, organisée à l'hôtel Beauharnais à Paris. Soixante ans après l'éditorial de l'écrivain-journaliste Paulin Joachim, « Rendez-nous l'art nègre » dans la revue « Bingo », le précédent béninois a déjà créé une dynamique culturelle au Bénin, avec la mise en chantier de quatre musées. Bénédicte Savoy estime à 500.000 pièces le total des oeuvres africaines détenues dans les musées européens, sans compter les collections du… Vatican. En guise d'avancée, la France et l'Allemagne ont lancé, à la mi-janvier, un fonds de recherche commun sur la provenance des biens culturels issus d'Afrique subsaharienne. Mais la politique des petits pas ne suffira pas à remédier à un déséquilibre criant.

By |2024-03-07T08:07:49+00:00March 7th, 2024|Scoop.it|0 Comments