Monthly Archives: May 2024

Le réchauffement climatique freinera la croissance nettement plus que prévu

L'impact du réchauffement climatique sur la croissance économique a déjà fait couler beaucoup d'encre , mais le document de travail que vient de publier le National Bureau of Economic Research (NBER) pourrait bien faire date. Selon ses deux auteurs, Adrien Bilal et Diego Känzig, respectivement économistes à Harvard et à Northwestern University, une hausse de la température mondiale de 1 °C provoquera une baisse du PIB mondial de 12 %, au bout de six ans. Selon eux, le réchauffement de 0,75 °C constaté entre 1960 et 2019 pèse déjà sur l'économie de la planète : sans lui, le PIB mondial serait plus élevé de 37 %. Les deux économistes ont aussi calculé qu'une nouvelle hausse de 2 °C d'ici à 2100 conduirait à une baisse du PIB mondial de 50 %, compte tenu des effets cumulatifs des dommages subis sur la durée. Effondrement économique Dit encore autrement, l'émission d'une tonne de carbone engendre un coût économique de 1.056 dollars (973 euros) : réparation des dégâts après des catastrophes climatiques, destruction de capital, détérioration de la santé, baisse de productivité… « Cet impact est six fois plus élevé que celui qui ressort des analyses économiques menées jusqu'à présent sur le sujet, indique Adrien Bilal, rencontré lors d'un passage à Paris. Et encore, nous avons pris des hypothèses très conservatrices. » En Europe, le coût du carbone est même plutôt aujourd'hui estimé autour de 100 dollars, tandis que l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) table sur 180 à 190 dollars. LIRE AUSSI : En 2023, le réchauffement climatique a touché des millions d'Européens Réchauffement climatique : des impacts socio-économiques massifs d'ici à 30 ans Même s'il n'a pas encore fait l'objet de relecture par des pairs pour publication « officielle » dans une revue, ce document a déjà été remarqué, et très commenté. « Cette étude est remarquable », relève Thomas-Olivier Léautier, chef économiste chez TotalEnergies, ex-directeur de recherche à Toulouse School of Economics. « Elle réconcilie la littérature économique néoclassique avec la vision des scientifiques, qui se sont longtemps étonnés du faible impact macroéconomique estimé jusque-là. » Xavier Jaravel, professeur à London School of Economics, y a également consacré une chronique dans nos colonnes. Dans les années 1970, le rapport Meadows, écrit par des scientifiques américains, avait été le premier à évoquer les limites des ressources naturelles et à prédire un effondrement économique lorsqu'elles seraient atteintes. Mais les économistes avaient alors opposé à son raisonnement l'absence de prise en compte des prix. « Selon eux, l'économie allait se réguler grâce à l'augmentation des prix liée à la rareté croissante des ressources », explique Thomas-Olivier Léautier.

By |2024-05-27T22:41:09+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

La blanchisseuse de cryptos piégée par l’achat d’un manoir à 23 millions de livres

La justice britannique sévit contre le phénomène du blanchiment de cryptomonnaies. Une sino-britannique de 42 ans a été condamnée vendredi à six ans et huit mois de prison par un tribunal londonien pour avoir dissimulé l'origine illicite de millions de livres sterling en bitcoins. Entre 2017 et 2020, Jian Wen, ex-employée du secteur de la restauration, a aidé à blanchir le fruit d'une vaste arnaque à l'investissement ayant lésé des dizaines de milliers de particuliers, pour un préjudice total évalué à 5 milliards de livres. La fraude était orchestrée par une autre ressortissante chinoise, Yadi Zhang, pour laquelle elle oeuvrait en convertissant les actifs numériques en cash, bijoux et autres biens de luxe. « Il s'agissait d'une opération sophistiquée qui impliquait une importante planification », a déclaré la juge Sally-Ann Hales lors de l'audience. « Fragile et désespérée » Jian Wen a plaidé non coupable et fermement nié avoir eu connaissance de l'origine réelle des fonds. « Mlle Wen était une femme fragile et désespérée » qui a été « sans aucun doute dupée et utilisée », a plaidé son avocat, Mark Harries KC. Pour le tribunal, il est pourtant clair que la prévenue avait conscience de la nature frauduleuse de ses actes. Son implication dans ce stratagème lui a permis de mener un train de vie luxueux. Jian Wen occupait une maison d'une valeur de plusieurs millions de livres, dans un quartier huppé de Londres.

By |2024-05-27T22:40:39+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Streaming : les chaînes boostent leurs plateformes avec l’IA

Depuis l'arrivée de TF1+ en janvier, puis de M6+ ces dernières semaines, les chaînes multiplient les efforts pour émerger dans le streaming gratuit. Contenus, marketing… dans la guerre pour l'attention qui les oppose également aux « streamers » payants à la Netflix, le match se joue aussi sur l'amélioration de l'« expérience utilisateur ». Dans ce but, TF1+ vient de présenter son nouveau moteur de recommandation. Baptisé « Synchro », cet outil à base d'intelligence artificielle (IA) va être déployé progressivement, dès cette semaine sur les téléviseurs connectés puis, courant juin, sur les box des opérateurs télécoms. En accord avec la ligne éditoriale de TF1, son algorithme s'adapte aux usages de tout un foyer. Quant à M6+, la plateforme renouvelée de la Six aura un nouvel outil de recherche des programmes à base d'IA d'ici la fin de l'année. Chez Arte, les équipes de la chaîne franco-allemande développent aussi un outil à base d'IA pour la plateforme Arte.tv. Interrogé également, France Télévisions dit travailler quotidiennement à l'innovation de France.tv mais ne détaille pas ses projets. 11 minutes perdues à choisir quoi regarder Tous cherchent à s'inspirer de Netflix, qui a construit au fil des années un puissant algorithme à base de « machine learning », en croisant les données de visionnage de centaines de millions d'utilisateurs dans le monde entier. Même si chaque « streamer » a son approche, le problème est le même : la « découvrabilité ». Selon une étude Toluna pour TF1, sur l'ensemble des plateformes de streaming, les Français perdent en moyenne 11 minutes à choisir quoi regarder ! LIRE AUSSI : ZOOM - TF1+, M6+ et France.tv rivalisent de marketing pour s'imposer Sur TF1+, qui propose 15.000 heures de contenus à tout moment, Synchro permet d'ores et déjà de constituer un groupe - jusqu'à cinq personnes - et ensuite choisir. L'algorithme conçu par TF1 (qui a mobilisé une cinquantaine d'ingénieurs, data scientists…) se fonde sur une IA qui retient les historiques de chaque connexion et ajuste en conséquence les propositions en page d'accueil.

By |2024-05-27T22:40:18+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Que retenir de Viva Tech 2024 ? –

Il est toujours difficile de parler de tendances dans un salon où il y a tant de thématiques différentes. Il y a bien sûr l’intelligence artificielle et en particulier l’IA générative. Elle était présente à plusieurs niveaux de maturité. Il y avait à la fois des projets de recherches et des solutions relativement matures qui essayent de trouver des grands intégrateurs pour les accompagner dans leur développement commercial. Mais dire que l’IA est partout c’est aussi dire qu’elle est nulle part. Elle est diffuse dans un salon qui ne parle que d’innovation et de transformation. Et quand il y a de l’IA, il y a aussi de la data. Si les entreprises n’ont pas suffisamment de données suffisamment structurées et qualifiées, l’intelligence artificielle n’aura pas la valeur qu’on peut en attendre. Le Vivant était aussi une grande thématique. Beaucoup de chercheurs reviennent à des solutions bio-inspirées et les entreprises s’inspirent de la nature pour répondre à des besoins. Elles montrent qu’elles répondent aux défis à venir, que ce soit en termes de durabilité mais aussi d’inclusion, avec des projets qui tentent de réparer des handicaps. BiPed AI par exemple propose un harnais doté d’IA à destination des personnes malvoyantes. Quant à la mobilité, elle était moins marquée que les années précédentes. C’est moins un « car electronic show » qu’auparavant, mais on a vu beaucoup de projets autour de la mobilité douce avec Skwheel et Curvway notamment, des skis et des surfs électriques. Tesla exposait pour la première fois pour présenter son Cybertruck, mais les constructeurs automobile étaient peu présents. Quelle est la teneur des solutions présentées cette année ? Y a-t-il eu beaucoup de gadgets ? Je pense qu’il y a eu un retour à des projets très orientés science et ingénierie. C’est un Viva plus deep tech. On ne voit plus autant de gadgets qu’il y a quelque années. Les niveaux de maturité des solutions sont extrêmement variables. Pour la biotech ou la beauty tech par exemple, il y avait autant de choses à voir sur le stand de L’Oréal ou LVMH que chez des petites startups qui traitent de sujets spécifiques. L’une d’entre elle travaille sur l’analyse de peau par exemple, pour identifier des pathologies via les grains de beauté. Sur le stand du Japon, une société travaille autour de la fertilisation des sols. Elle a mis au point un polymère 100% naturel qui va permettre d’augmenter la rétention d’eau de plus de 40%. Il n’y pas un stand qui se contente d’une maquette 3D pour présenter son produit. Chaque produit est le résultat de l’assemblage d’une dizaine de briques technologiques. Le salon Viva Tech est-il en train de concurrencer le CES ? Je pense que le salon demande désormais une préparation similaire à celle du CES. Il reste une différence néanmoins : au salon de Las Vegas, ce sont les marques qui déposent leur contenu sur le site internet, on est donc très dépendants de ce qu’on va y trouver. Il est facile de se perdre en moins de trois jours à Viva Tech. Dix startups peuvent traiter du même sujet, mais avec des degrés de maturité et des angles différents. Il faut savoir d’où elles viennent pour comprendre leur valeur ajoutée. Cette trajectoire qu’arrive à pendre la salon, cette densité d’acteurs, cette capacité à inviter de grands speakers, font que Viva Tech s’est trouvé une place dans un écosystème déjà bien saturé. Le fait de proposer des conférences sur chaque stand, d’apporter du contenu menant à des échanges, apporte une vraie valeur ajoutée. Et dans certain aspects, je pense que le CES s’en inspire désormais.

By |2024-05-27T22:39:44+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

IA : Traduction, éducation, handicap… 5 start-up repérées à VivaTech

Pyannote, la reconnaissance vocale open source Lancée il y a six semaines, la start-up PyannoteAI développe des modèles d'intelligence artificielle vocale. Objectif : réussir la « diarisation », à savoir, déterminer automatiquement qui parle et quand ? dans un enregistrement audio ou vidéo. « Le modèle s'attache au son, au timbre de la voix et non pas à la langue. Nous avons des utilisateurs allemands, américains, russes, indiens… » précise Vincent Molina, le cofondateur. Issue des recherches du CNRS , la technologie est disponible librement. « Ma mission était de diffuser la savoir. J'avais tout mis dans une bibliothèque open source. Des milliers d'entreprises utilisaient mes travaux de recherche », précise Hervé Bredin, cofondateur de la société et chercheur au CNRS. L'outil est disponible en freemium, avec un abonnement pour les cas d'usage professionnels. La start-up pourrait cibler les marchés de la transcription, de l'audiovisuel ou du secteur de la santé, notamment dans les consultations médecin-patient, dans un environ fermé, grâce à une API ou en local. A VivaTech, la start-up a remporté le « Deeptech Challenge Pitch Contest ». Stellia, l'assistant qui enseigne Stellia. AI développe un « assistant de connaissance » personnalisé grâce à l'intelligence artificielle générative, utilisant les LLM (grands modèles de langage), en particulier dans le domaine de l'éducation. La start-up de 25 employés contractualise avec l'enseignement supérieur, comme le Centre national d'enseignement à distance et des universités américaines. LIRE AUSSI : IA, licornes… Après deux années de crise, la French Tech repart de plus belle Une dotation de 70 millions pour la formation de l'élite de l'IA en France Pour faciliter son déploiement, elle cherche à se diversifier. « L'objectif est de développer la partie privée, en particulier les grands groupes et leurs salariés. Ensuite, nous continuons de développer la tech pour aller vers plus de personnalisation et prendre en compte le profil de chaque utilisateur », confie Samy Lahbabi, le cofondateur de la start-up, incubée à l'Ecole polytechnique. La start-up a levé 4 millions d'euros en 2022 auprès des fonds Innovacom et Inco Ventures. NcodiN, le composant derrière l'IA L'intelligence artificielle connaît un essor spectaculaire et est favorisée par le développement de microprocesseurs de plus en plus puissants. « Or, la limite qui bloque la scalabilité de la circulation de l'information dans les microprocesseurs, c'est le cuivre », rappelle Francesco Manegatti, le patron de NcodiN, une start-up qui s'appuie sur les travaux de recherche qu'il a menés au Centre de nanosciences et de nanotechnologies (C2N). NcodIn entend briser ce « mur du cuivre » en développant des composants reposant sur une technologie d'interconnexion optique. La promesse ? Permettre une transmission de données à haute vitesse et de façon plus sobre. Les prototypes de NcodiN sont fabriqués dans la salle blanche du C2N. « C'est un avantage unique puisque cela nous permet de fabriquer une puce en trois semaines et donc d'accélérer notre R&D. Cela aide aussi à développer des preuves de concept pour les clients », rembobine le dirigeant, qui espère vendre ses produits à des sociétés comme Intel, Nvidia, Qualcomm ou AMD. Biped, l'IA au service du handicap Bruno Vollmer et Maël Fabien ont créé en 2020 Biped.ia, une start-up qui propose un harnais porté sur les épaules pour accompagner les personnes malvoyantes et aveugles lors de leurs déplacements. Equipé de trois caméras grand-angle et infrarouges, l'appareil permet d'avoir une vision à 70° et d'être utilisé la nuit. Le harnais peut se connecter à des écouteurs ou à un casque afin d'avertir l'utilisateur des obstacles avec des sons spatiaux. Grâce à des algorithmes d'IA, cet appareil de moins d'un kilo décrit l'environnement. Il permet d'identifier des obstacles à plus de cinq mètres de distance, placés au niveau de la tête (branche, panneau de signalisation, etc.), au niveau du sol (trous, pierres, etc.) et les obstacles latéraux. Après deux ans de R&D, Biped.ia est entrée en phase de commercialisation, dans un premier temps avec 50 unités. L'objectif sur l'année est de 200 unités, vendues au prix de 4.300 euros. L'entreprise installée à Lausanne, en Suisse, a déjà levé 2,6 millions d'euros. Lipitt, l'outil pour doubler les vidéos La traduction est un secteur secoué par la révolution de l'intelligence artificielle. La preuve avec la jeune pousse allemande DeepL , qui vient de lever 300 millions de dollars sur une valorisation de 5 milliards de dollars. En France, cela bouge aussi. Créée en juillet 2023, Lipitt est une solution de traduction consacrée à la vidéo. Dans le détail, la jeune pousse a développé une plateforme qui, en un clic, permet de traduire des vidéos avec des sous-titres. La start-up, qui travaille notamment avec Gladia, fait aussi du clonage de voix et de la synchronisation labiale afin de rendre l'expérience encore plus fluide. « Nous faisons de la traduction en trente langues », précise son fondateur, Antoine Ménager, qui avait vendu sa précédente société (Signifia) en 2022.

By |2024-05-27T22:39:19+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’énergie, l’autre goulet d’étranglement des champions de l’IA

L'accès incertain et à prix prohibitif aux processeurs graphiques (GPU) les plus puissants de Nvidia n'est pas le seul problème qu'affrontent les champions de l'intelligence artificielle. Portés par des investissements tous azimuts, start-up et Big Tech courent aussi après… l'électricité. C'est une évidence, la tech ne peut rien sans quelques watts. Mais il en faut beaucoup pour l'intelligence artificielle, et notamment celle capable de générer du texte ou de l'image comme ChatGPT. La voracité énergétique des modèles d'IA de Microsoft, OpenAI, Google, Meta, Mistral AI, Anthropic et d'autres est telle qu'elle pourrait bloquer le développement de cette technologie prometteuse. « Un prompt pour du texte est dix fois plus énergivore qu'une requête classique sur un moteur de recherche », souligne Grégory Lebourg, le directeur des programmes environnementaux du français OVHcloud, en s'appuyant sur des travaux universitaires. Si la commande adressée à l'IA vise à lui faire générer une image, les serveurs consomment en quelques secondes l'équivalent d'une charge complète d'un smartphone, explique par ailleurs une étude conjointe de Hugging Face, du Carnegie Mellon University et de l'Allen Institute for AI. Dans l'attente d'une percée scientifique Sam Altman, le PDG et cofondateur d'OpenAI, a lui-même mis le sujet en lumière, en janvier à Davos. « Nous n'apprécions pas encore bien les besoins en énergie de cette technologie », a-t-il prévenu, en se plaçant dans la perspective d'un déploiement plus large qu'aujourd'hui. LIRE AUSSI : ENQUÊTE - Anthropic, le chevalier blanc de l'IA En clair, l'amélioration des grands modèles de langage comme GPT, Gemini, Llama ou Mistral Large ne suffira donc pas pour rendre viable une IA capable de raisonner au service de l'humanité ou au moins de servir d'assistant personnel à tout un chacun. « Il n'y a aucun moyen d'y parvenir sans une percée scientifique », faisait-il remarquer, catégorique. Joignant l'acte à la parole, Sam Altman est depuis longtemps investisseur dans de nouvelles technologies énergétiques, notamment la fusion nucléaire via la start-up Helion. Efficience énergétique à tous les étages « Il va falloir aussi de l'innovation en matière d'efficience énergétique, de refroidissement des serveurs informatiques, de conception des centres de données », confirme Antonio Neri, le patron de Hewlett Packard Enterprise, la vénérable entreprise américaine numéro un mondial des supercalculateurs. De passage à Paris pour VivaTech, il assure aux « Echos » que les laboratoires de son groupe regorgent de prototypes, autant pour limiter la chauffe de ses produits - quitte à les immerger complètement dans l'eau - que pour optimiser la consommation électrique des serveurs. Avec notamment l'idée de paramétrer de plus en plus finement les machines, en fonction de la taille et de la complexité des modèles. Et sans recourir automatiquement à des GPU très gourmands. Des ambitions contrariées Malgré ces innovations, les plans d'ouverture de nouveaux centres de données dans le monde entier se heurtent par endroits, y compris aux Etats-Unis, à des difficultés d'approvisionnement en énergie. De fait, l'IA se développe au même moment où la voiture s'électrifie et où les pompes à chaleurs se répandent dans les foyers. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Data center : poussée de fièvre sur les demandes de raccordement au réseau électrique Data center : Amazon va investir 15 milliards d'euros en Espagne En France, pour le moment, le sujet est loin d'être critique : les data centers consomment environ 2 % de la production d'électricité nationale. Selon RTE, cette proportion devrait se limiter à 3 %, voire 4 % à l'horizon 2030-2035. Mais comme ailleurs dans le monde, les tensions sur les raccordements électriques des nouveaux data centers pèsent sur les délais affichés par les nouveaux projets. Vers le centre de données 1 GW « L'an dernier, et cela sera pareil en 2024, les data centers ont été à l'origine de 6 gigawatts de nouveaux projets dans le monde, soit deux fois plus qu'en 2022 », note Olivier Micheli, le directeur général de l'opérateur de centres de données Data4. Certains projets sont tout simplement inédits pour tout le monde. « Des centres de données atteindront probablement la barre du gigawatt », notait encore Luc Rémont, le président-directeur général d'EDF, sur la scène de VivaTech. Tout ceci a bien entendu un coût carbone élevé. Ainsi, le développement de Microsoft dans l'IA lui vaut de s'éloigner de son objectif de neutralité carbone en 2030. « A bien des égards, la Lune est cinq fois plus éloignée qu'elle ne l'était en 2020, si l'on pense simplement à nos propres prévisions concernant l'expansion de l'IA et ses besoins en électricité », a récemment reconnu Brad Smith, le patron des affaires publiques de Microsoft. Un fort intérêt pour le nucléaire Le coût de la rareté de l'énergie est aussi sonnant et trébuchant. Avec cette contrainte de se fournir en courant mais autant que possible en courant propre, les enchères montent. Microsoft a, par exemple, signé un partenariat avec le fond d'infrastructure Brookfield pour pouvoir bénéficier des fruits d'un investissement à 10 milliards de dollars dans des projets de production d'énergie solaire et éolienne. Sur ce même front de l'énergie, le géant de Redmond avait aussi publié une offre d'embauche pour un spécialiste des petits réacteurs nucléaires (SMR)… Du côté d'Amazon, le rachat d'un centre de données en Virginie s'est récemment accompagné d'un contrat de long terme avec la centrale nucléaire voisine.

By |2024-05-27T22:37:53+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Finance : les risques et bienfaits de l’irrésistible ascension de l’IA

L'intelligence artificielle (IA) est perçue comme un nouvel outil prometteur pour décrypter le monde, l'économie et les marchés financiers. Elle extrait du sens du chaos apparent. Cette intelligence « inhumaine » dans sa surpuissante capacité à brasser et analyser des masses d'informations et de données, a logiquement attiré l'attention du monde bancaire et financier. En quête de gains de productivité, de temps et de moyens, il souhaite automatiser le plus de fonctions possibles. Or l'IA est parfaitement adaptée aux tâches plus ou moins routinières de la finance (conformité, documents marketing…), qu'elle automatise en éliminant les erreurs humaines. Ce bienfait de l'IA au niveau micro fait largement consensus, à la différence de son effet incertain sur le système financier. Sans contrôle adéquat, cette avancée technologique serait susceptible d'accroître l'instabilité financière et, dans certains cas, les crises, met en garde un article (1) des économistes et chercheurs de la Banque centrale européenne (BCE), publié dans la dernière revue de stabilité financière. Garantes de la stabilité, les banques centrales perçoivent qu'elles assistent à une révolution qui les dépasse, bien plus par exemple que celle des fintechs (les sociétés à mi-chemin entre la finance et la technologie). L'IA est un secteur qui nécessite beaucoup de moyens, ce qui favorise, sur le modèle des Gafam, sa dimension oligopolistique dominée par quelques géants comme OpenAI . Les économistes voient dans cette possible concentration une vulnérabilité pour le système financier. Si un modèle unique de l'IA venait à se généraliser, il introduirait de nouveaux bienfaits mais aussi de nouveaux types de risques de comportements moutonniers dans un système financier déjà complexe. L'ère des « deepfakes » Les autorités monétaires n'ont pas gardé un excellent souvenir des initiatives lancées sur leur pré carré par certains Gafam, comme Meta avec sa monnaie 2.0, le Libra, qui finalement échoua après avoir tenté de passer en force. Elles redoutent de revivre cet affrontement avec les nouveaux géants de l'IA. Ils imposeront leurs standards sans faire preuve de transparence (pour protéger selon eux leurs secrets et leur valeur ajoutée), ni de volonté de réel dialogue avec les régulateurs. Plus puissants, réactifs et informés (accès aux données), ils auront vraisemblablement toujours un temps d'avance sur les banques centrales. LIRE AUSSI : Les Gafam sont « too big to fail » pour les marchés Comment l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le métier de trader L'IA sera utile pour neutraliser certaines vulnérabilités financières, mais au prix de nouvelles sources d'incertitudes globales. Elle sera peu efficace pour anticiper et prévenir les grandes crises, des événements extrêmes, rares dans leur fréquence et uniques dans leur forme, pour le moment hors de la portée de son « intelligence », fondée sur l'étude de nombreux cas passés, selon l'analyse (2) de deux économistes de la London School of Economics. Utilisée par des esprits mal intentionnés, l'IA pourrait aussi servir à contourner les réglementations financières et bancaires, ou à manipuler les actifs financiers grâce aux « deepfakes ». Prises au sérieux, les fausses déclarations de banquiers centraux ou de dirigeants d'entreprises pourraient semer le chaos sur des marchés qui réagissent au millionième de seconde.

By |2024-05-27T22:36:33+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

CHRONIQUE. Les chatbots doivent-ils répondre de leurs réponses ?

Le 11 novembre 2022, Jake Moffatt se rendit sur le site d'Air Canada pour acheter un billet en vue d'assister aux obsèques de sa grand-mère décédée le jour même. Il y apprit alors, de la bouche - si tant est qu'on puisse parler de bouche ici… - du chatbot de la compagnie, qu'à condition de se manifester dans les 90 jours, on pouvait bénéficier de réductions sur des achats de dernière minute justifiés par un deuil. Un transporteur condamné à cause d'une mauvaise réponse donnée par son chatbot Lorsqu'il soumit sa demande, le transporteur aérien lui répondit que contrairement aux affirmations du chatbot, il aurait dû signaler la situation avant de conclure la transaction. Jake Moffatt ne lâcha rien. Après de nombreux et vains envois de courriels, il engagea un procès contre la compagnie. Pour sa défense, l'avocat de celle-ci affirma que "le chatbot est une entité légale à part, responsable de ses propres actions." L'argument n'a pas convaincu les magistrats. En février dernier, ils ont condamné le transporteur à verser les sommes promises et, en sus, à rembourser les frais de justice. Il y a peu de chance que l'issue d'un procès en Colombie-Britannique fasse jurisprudence de ce côté-ci de l'Atlantique, encore que les avis d'éminents spécialistes divergent sur ce point… Il n'en demeure pas moins utile de tirer la leçon de cette anecdote. Les chatbots ne sont pas supposés répondre de leurs réponses, au risque d'être inutiles Elle enseigne qu'un chatbot qui se trouve sur le site d'une entreprise ou d'une administration engage celle-ci lorsqu'il promet un avantage indu ou, à l'inverse, lorsqu'il donne une information erronée susceptible de léser les utilisateurs. D'aucuns exigent, au nom de ce que l'on appelle la "garantie humaine", qu'une personne se porte caution de toutes les décisions prises par une machine. En l'occurrence, ceci signifierait ici qu'un employé serait censé avaliser tous les propos des chatbots mis à disposition du grand public, ce qui en réduirait singulièrement l'intérêt… La morale de cette histoire, c'est que si les agents artificiels répondent avec prolixité à la plupart de nos questions, ils ne sont pas supposés assumer la responsabilité de leurs propos, et donc répondre de leurs réponses…

By |2024-05-27T22:35:58+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

La visite très « présidentielle » de Robin Li, le PDG de Baidu, à Paris

Une longue poignée de mains avec Emmanuel Macron à l'Elysée, une intervention à VivaTech, une nuit au Crillon : c'est une visite quasi présidentielle que vient d'effectuer Robin Li, le PDG de Baidu, le Google chinois, à Paris, à l'occasion du grand salon de la tech organisé par « Les Echos » et Publicis. Un séjour millimétré et qui arrive au moment où la France et la Chine reprennent le dialogue, quelques semaines après la visite du président chinois Xi Jinping à Paris début mai, dans le cadre du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Malgré ce contexte porteur, la présence de Robin Li à Paris était loin d'être acquise. Et pour cause : si Tim Cook (Apple), Sundar Pichai (Google) et Sam Altman (OpenAI) viennent régulièrement à Paris, les patrons de la tech chinoise, eux, se font plus rares en France et globalement à l'étranger. Le Covid-19 et la rivalité sino-américaine y sont pour beaucoup. Chez Huawei, par exemple, les trois dirigeants tournants ont l'interdiction expresse de quitter la Chine : en 2018, l'arrestation au Canada, à la demande des Etats-Unis, de Meng Wanzhou, la directrice financière et héritière du groupe, sur le tarmac de l'aéroport à Vancouver où elle venait d'arriver, a été vécue comme un traumatisme. LIRE AUSSI : Dans le sillage de Yann Le Cun, trois autres Français chercheurs stars de l'IA Depuis la pandémie, Robin Li, lui, n'avait effectué que quelques déplacements à l'étranger, dont un en Inde début 2020. Pour sécuriser sa venue à Paris, Maurice Lévy, le président du conseil de surveillance de Publicis, a donc pesé de tout son poids, et joué la carte personnelle. Les deux hommes se connaissent depuis au moins 2016, lorsque Robin Li était venu à la toute première édition de VivaTech . Une fois confirmé, son séjour a été confié à une agence de communication parisienne, qui a tout calé en un mois de travail : traducteur, photographe, vidéaste, repérage technique… « C'était une opération coup de poing pendant laquelle nous avons agi comme un couteau suisse », raconte une personne qui a suivi les préparatifs. 200 millions d'utilisateurs pour « Ernie » A l'image de Robin Li, d'autres « top executives » de la tech chinoise reviennent peu à peu en Europe, alors que la Chine tente de relancer son économie. Objectif : dénicher des débouchés et montrer la montée en gamme technologique du pays. En février, William Lu, le président de Xiaomi, était ainsi venu à Barcelone au Mobile World Congress, le rendez-vous mondial des télécoms, pour présenter la SU7, la toute première voiture 100 % électrique construite par ce groupe davantage connu pour ses smartphones et autres gadgets électroniques…

By |2024-05-27T22:35:18+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Surveillance numérique : on en veut toujours plus !

Sur le papier, la France est en pointe dans la défense de la vie privée et des données personnelles sur Internet, sur les réseaux sociaux et toute autre forme de programmes informatiques comme l'intelligence artificielle. Dans son rapport 2023, la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés), sous la plume de sa présidente, s'enorgueillit d'avoir reçu 16.433 plaintes , « soit le double d'avant 2018 […] Ces chiffres témoignent d'un intérêt croissant du public pour les enjeux 'informatique et libertés', comme le confirment également les presque 12 millions de visiteurs ayant consulté le site de la CNIL en 2023 ». Pourtant, qui se souvient encore que la loi Informatique et Libertés de janvier 1978, instituant la CNIL, a été votée en réaction au projet Safari - (Système automatisé pour les fichiers administratifs et répertoires des individus) - qui visait à utiliser un identifiant unique afin d'interconnecter tous les fichiers que les administrations possédaient sur une même personne ? L'idée avait soulevé un tollé à l'époque. Aujourd'hui, les bases de données des impôts, des CAF (Caisses d'allocations familiales) ou des CROUS (centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires), par exemple, sont reliées entre elles. Au volant d'un bolide italien La chasse à la fraude est même ouverte sur les réseaux sociaux, puisque, selon la loi de finance pour 2024 des « agents des finances publiques […] spécialement habilités peuvent […] sous pseudonyme et sans être pénalement responsables, prendre connaissance de toute information publiquement accessible sur les plateformes en ligne […] ». Autrement dit, si vous vous pavanez sur Facebook au volant d'un bolide italien ou allemand, votre déclaration de revenus a intérêt à être à la hauteur. Attention aussi aux images satellites qui peuvent trahir votre piscine non déclarée. Mais, là, l'algorithme de Bercy se tromperait de cible une fois sur trois, selon le syndicat CGT Finances Publiques des Bouches-du-Rhône. Les logiciels de reconnaissance faciale sont beaucoup plus efficaces, comme l'a démontré ce journaliste canadien qui, fin 2023, a retrouvé en quelques clics une présumée terroriste de la Fraction armée rouge, recherchée depuis plus de trente ans par la police allemande. À l'heure de la vidéosurveillance généralisée, la photo d'une personne constitue un autre « identifiant unique » permettant de la suivre à la trace. Si vous pensez que votre dossier photo est vierge sur Internet ou, pire, le Dark Web, allez jeter un coup d'oeil sur PimEyes… LIRE AUSSI Prévoir sa mort numérique, le devenir des données numériques post mortem La situation est encore pire, bien sûr, si vous êtes sur les réseaux sociaux. Qui se souvient encore qu'Edward Snowden, un employé d'un sous-traitant de la NSA (National Security Agency), l'agence du renseignement électronique américaine, avait révélé en 2013, que cette organisation siphonnait allègrement les informations accumulées sur chacun d'entre nous par, entre autres, Microsoft, Yahoo!, Google, Facebook, YouTube, Apple… e tout, officiellement, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Trans-Atlantic Data Privacy Framework (Cadre de protection des données UE - Etats-Unis), qui régit les transferts de données des citoyens européens vers les Etats-Unis, n'y a rien changé. IRE AUSSI La loi Tik Tok ouvre la voie à plusieurs scénarios C'est une véritable passoire qui avait d'abord été rejetée en avril 2023 par le Parlement européen avant d'être approuvée par la Commission européenne. Dans ce contexte, les reproches de Washington vis-à-vis de la Chine et de son réseau social TikTok auquel sont abonnés 170 millions d'Américains, ne manquent pas de sel. La NSA sait très bien ce qu'une agence gouvernementale peut faire avec autant de données… Malheureusement, il suffit de discuter des réseaux sociaux avec des collégiens ou des lycéens pour comprendre que les générations qui seront aux manettes dans quelques années se soucient comme d'une guigne de ces « délires de barbouzes ». Ils ne voient même pas où est le problème quand on leur explique qu'un algorithme observe tout ce qu'ils font sur Snap ou Insta et leur pousse des contenus personnalisés afin de leur faire passer toujours plus de temps sur ces plateformes. LIRE AUSSI Quand l'intelligence artificielle fait parler les morts Les adultes sont à peine plus lucides. Des recherches ont montré qu'une des motivations qui nous poussent à accepter de laisser toujours plus de traces numériques, malgré le risque qu'elles puissent être utilisées à des fins de profilage commercial ou sécuritaire, pouvait être la tentation de nous survivre à nous-même en nous construisant une forme d'éternité numérique . Déjà des start-up américaines et chinoises proposent d'utiliser l'intelligence artificielle et toutes les archives numériques qu'ont laissées nos morts pour faire revivre ces derniers sous forme d'un avatar et d'un robot conversationnel. Les réseaux sociaux nous vendront-ils bientôt cette option : créer un double numérique de nous-mêmes dont le chatbot pourra éternellement répondre à tous les reproches de nos descendants, sur des générations et des générations ? Les psys vont avoir du travail…

By |2024-05-27T22:34:31+00:00May 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments