Dans quelques jours, Nathalie portera fièrement la flamme olympique dans les rues de Marseille. Ce n’est toutefois pas son bras qui tiendra la torche, mais un exosquelette, car Nathalie est polyhandicapée. Grâce à un système utilisant l’IA, relié à son cerveau par des électrodes, elle pourra ainsi contrôler ses mouvements.
Derrière cette prouesse se cache le projet d’interface neurale Prometheus, développé par Inclusive Brains. La start-up marseillaise, sorte de mini-Neuralink français, a conçu une technologie non invasive (c’est-à-dire hors du cerveau, à la différence de Neuralink, le projet d’Elon Musk), où l’IA permet de transformer les ondes électriques du cerveau en commandes concrètes.
Des claviers contrôlés par la pensée
La jeune pousse, fondée en 2022 par Olivier Oullier, neuroscientifique, enseignant et ancien président d’Emotiv, et Paul Barbaste, vient de franchir une nouvelle étape en signant un partenariat avec Allianz Trade, leader de l’assurance crédit. Concrètement, Allianz Trade a participé au financement du projet Prometheus (évalué à 300.000 euros dont la moitié venant d’Inclusive Brains). Mais surtout, le groupe apporte un soutien financier, logistique et stratégique de plus long terme – sans que les termes ne soient communiqués.
L’objectif d’Inclusive Brains est de permettre aux personnes handicapées ayant perdu l’usage de leurs membres de pouvoir contrôler un ordinateur par la pensée, les mouvements des yeux ou les muscles du visage, et ainsi d’avoir accès à un emploi notamment. Le modèle Prometheus sera ainsi en open source.
Mais surtout, par la suite, le but est d’utiliser cette technologie à plus grande échelle, auprès de tous. « C’est l’exemple de la télécommande, qui a été développée au départ pour les personnes en situation de handicap et qui est désormais un objet du quotidien », explique Olivier Oullier. Il imagine notamment des claviers contrôlés par la pensée ou des outils pour améliorer la sécurité au travail.
Charge mentale
L’équipe d’Inclusive Brains veut, par exemple, déterminer la charge mentale ou le stress des collaborateurs, ce qui peut être crucial dans certaines professions. Il a d’ailleurs effectué de premiers tests avec des enregistrements de cerveaux de chirurgiens orthopédiques pendant des opérations, ou encore le suivi d’indicateurs de stress pour des patients ayant subi une chirurgie dentaire pour Biotech Dental.
« Aujourd’hui l’IA générative permet de comprendre parfaitement le langage humain mais si une personne ne peut pas taper sur un clavier ou parler, elle ne peut pas être utilisée. C’est pourquoi on entraîne des modèles d’IA avec toutes sortes de données neurophysiologiques. Demain, on n’utilisera plus seulement des capteurs sur le cerveau, on analysera aussi la manière dont les gens tapent sur un clavier, leur fréquence cardiaque avec une montre connectée, la dilatation des pupilles avec une caméra, etc. pour déterminer leur état d’esprit, reprend le spécialiste. Et, l’IA permet que l’ensemble des données soient intelligibles et exploitables. »
La start-up, sélectionnée pour participer au prochain sommet Choose France, n’en est qu’à ses débuts mais espère parvenir à son premier million de chiffre d’affaires dès 2025.
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