Les étudiants ont également montré la bonne direction sur des questions nationales, comme la lutte contre la guerre en Algérie en France dans les années 1950, le combat pour les droits civiques aux Etats-Unis dans les années 1960, ou la liberté d’expression et la dénonciation de la corruption en Chine en 1989.

Aujourd’hui, les étudiants nous poussent à nouveau à poser « quelques questions fondamentales ». Le gouvernement israélien devait-il tuer autant de civils palestiniens pour combattre le Hamas après le massacre du 7 octobre ? Les Américains n’avaient-ils aucun moyen de peser sur les décisions de Tel Aviv alors qu’ils lui fournissent informations, armes et milliards de dollars ?
Joe Biden a-t-il été aveuglé par ses liens anciens avec Israël ? Comment arrêter la colonisation de la Cisjordanie qui se poursuit malgré les engagements répétés d’Israël ? Que peuvent, que doivent faire les Européens ? Quelle est la voie pour une solution à deux Etats ?

Inacceptable antisémitisme
Mais si les étudiants ont raison de poser la question de fond, celle de la légitimité de l’opération israélienne telle qu’elle est menée à Gaza, ils ne peuvent pas tout justifier au nom de la solidarité avec les Palestiniens. Il est normal de débattre de la légitimité d’une occupation d’université. Il faut se résoudre à ce que certains discutent des mots même si c’est douloureux – « terrorisme » pour le massacre du 7 octobre, « génocide » pour l’offensive de Tsahal à Gaza.

Il est en revanche inacceptable de laisser refleurir l’antisémitisme, comme on l’a apparemment vu à Sciences Po ou à Columbia . Comme tout racisme, il constitue une négation radicale de la notion de justice et il est contraire au premier article de la Déclaration des droits de l’homme.
L’antisémitisme a en outre deux spécificités qui rendent la vigilance encore plus nécessaire. Il a des racines très anciennes (les villes allemandes où il y a eu le plus de pogroms pendant l’épidémie de peste noire au XIVe siècle furent aussi celles où il y a eu le plus de violences contre les Juifs dans les années 1920 puis de votes pour les nazis). Et il a conduit à l’un des plus effroyables moments de l’Histoire. Pro-palestinien, oui si on veut. Anti-Netanyahou, pourquoi pas ou évidemment. Anti-juif, non et non.

Jean-Marc Vittori

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