Le premier cheval pakistanais en lice pour les JO de Tokyo en 2021 décède avant la compétition, et son successeur connaît également le même sort. Rencontre avec son cavalier.
Par Nathalie Lamoureux Publié le 12/05/2024 à 12h00
Dans le monde du sport équestre, l’histoire d’Usman Khan, cavalier pakistanais, interpelle. Son premier cheval en lice pour se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2021 décède tragiquement en septembre 2020. « Quand je suis allé nourrir le cheval dans mes écuries à Melbourne, où je réside, je l’ai trouvé allongé par terre. Du sang coulait de ses naseaux. Je me suis approché, il semblait somnolent. Il était mort. L’autopsie a révélé qu’il a succombé à une crise cardiaque. »
Une crise cardiaque peut se produire à n’importe quel moment, pendant les courses, lorsque les chevaux subissent une pression extrême au niveau du cœur, ou lorsqu’ils se reposent. « Mon vétérinaire m’a dit que si j’avais pris l’avion pour Tokyo, il aurait pu mourir dans l’avion aussi, et que j’avais eu de la chance de ne pas être sur lui au galop. Cela aurait été tragique pour nous deux. » Le cheval s’appelait Azad Cachemire, du nom d’une région montagneuse et boisée du Pakistan, un point chaud cerné de zones de tensions où s’est joué, voici un bon siècle et demi, le grand jeu entre Britanniques et Russes. Un nom qui lui a valu quelques pressions indiennes pour en changer.
Le rêve olympique brisé d’Usman Khan
Grâce à ses économies accumulées en tant que chef de projet informatique en Australie, au sein de la société qu’il a fondée, et avec l’aide de son père, cavalier d’obstacle et colonel de l’armée fortuné, Usman trouve in extremis un autre cheval, auquel il donne le nom de Kasheer. Le 16 mai 2021, lors du Naracoorte Horse Trials, un événement prestigieux du concours complet équestre de qualification aux JO, l’épreuve de dressage positionne Usman et Kasheer à la troisième place. Le duo brille également lors du saut d’obstacles, ne commettant qu’une seule faute.
Ainsi, le couple pakistanais se retrouve en deuxième position avant d’aborder le cross-country, marquant la meilleure performance jamais réalisée par le Pakistan après deux phases lors d’un tournoi de qualification, dans les 73 ans d’histoire du pays. Cependant, lors du cross-country, le couple chute à quelques mètres de la ligne d’arrivée après avoir franchi le dernier obstacle. Usman perd connaissance. « Quand j’ai repris conscience, j’ai demandé où était mon cheval. Il était mort sur le coup. J’étais dévasté. » Usman garde encore des séquelles de cet accident tragique. « J’ai passé beaucoup de temps en rééducation, donc ma mémoire n’est pas toujours bonne, je dis des choses dont je ne me souviens pas toujours. » Son rêve olympique s’éteint brutalement.
Un dernier espoir subsiste…
On ne peut pas dire que ce cavalier ait la baraka avec ses chevaux. Pourtant, le quadra reste déterminé à décrocher une sélection pour les JO de Paris. Son nouveau compagnon équin, qu’il a acquis auprès de Pierre Defrance, son entraîneur et coach de deux médaillés d’or, basé à Orléans, s’appelle Eden Du Veret. Usman lui a donné un surnom : « Mirage ». Il affirme n’avoir aucune prétention à décrocher une médaille, mais seulement le fervent désir de représenter son pays.
Bien qu’il soit qualifié pour les JO de Paris, il n’a pas encore été officiellement sélectionné. Actuellement, il occupe la troisième position du groupe F (Afrique et Moyen-Orient) derrière le Maroc et l’Afrique du Sud. « Étant donné que le nombre de points est désormais arrêté, il faudrait qu’il se passe quelque chose du côté des deux duos marocains et sud-africains », explique Pierre Defrance, son coach. Une éventuelle défection du Maroc ou de l’Afrique du Sud, par exemple, pourrait changer la donne. Cependant, ses chances d’être sélectionné sont quasi nulles. Il ne peut compter que sur son grigri. « J’ai deux choses dans ma poche : le nom de mon Dieu écrit en caractères arabes et mes dernières volontés. »
Espérons que, d’ici là, il n’aura pas d’autres mauvaises fortunes. Sinon, on pourrait presque croire à l’existence du mauvais œil.
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