Faire tourner sa machine à laver ou brancher son véhicule électrique la nuit risque bientôt de ne plus être un gage d’économies pour les ménages.
Confronté à une croissance inédite du solaire photovoltaïque et aussi des montants à déployer pour financer les investissements dans les réseaux, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a demandé à Enedis d’engager un vaste chantier : la remise à plat du régime des « heures pleines, heures creuses ».
Le solaire change la donne
Utilisés par 15 millions de Français, ces prix préférentiels de l’électron, accessibles avec un tarif réglementé de l’électricité ou sans, permettent en théorie de faire baisser sa facture lorsque les consommations sont concentrées aux heures les moins tendues sur le réseau électrique national.
Mais voilà, ce système, conçu à l’origine pour mettre à profit l’électricité nucléaire très abondante pendant la nuit – l’industrie étant souvent à l’arrêt -, est désormais largement en décalage avec la nouvelle réalité du marché.
Les réacteurs nucléaires s’ajustent quasiment systématiquement à la demande d’électricité désormais et c’est la production solaire, très abondante en début d’après midi, qui est compliquée à évacuer. En atteste l’occurrence de plus en plus régulière des prix négatifs sur les marchés , comme le week-end du 11 mai en France ou ailleurs en Europe.
« On a tous appris que l’électricité était moins chère la nuit mais le photovoltaïque qui arrive de façon très abondante en Europe crée un changement de rythme dans le système électrique tout entier », résume Yannick Jacquemart, directeur nouvelles flexibilités chez RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.
Des tarifs peu lisibles
Ces « heures creuses » sont en outre souvent peu lisibles pour les consommateurs. Chez Enedis, dix régimes de tarification différents cohabitent, avec parfois des plages de huit heures creuses consécutives pendant la nuit et parfois des plages discontinues la nuit et le jour…
Surtout, ces heures « discountées » ne sont pas assez incitatives pour provoquer un décalage massif des consommations des ménages. Or, prendre de telles habitudes risque de devenir critique si l’on veut éviter une flambée des pics de consommation électrique dans les années à venir, avec l’essor attendu des voitures individuelles électriques, des pompes à chaleur, etc.
Ces dernières années, l’évolution des prix de l’électricité a parfois créé des situations où les clients devaient concentrer 50 à 60 % de leurs consommations pendant ces heures « creuses » pour obtenir un rabais sur leur facture. « Désormais, on est revenu à un niveau de 30 % mais on aimerait stabiliser ce seuil », explique-t-on, au sein du régulateur de l’énergie.
Pour améliorer les choses, une solution se profile : la généralisation des heures « creuses » aux heures méridiennes, pendant les mois d’été, lorsque le soleil est abondant, la consommation faible et l’électricité peu chère. En revanche, les tarifs discountés encore proposés pendant l’hiver, à l’heure du déjeuner ou plus étonnamment, en fin de journée, lors des pics de consommation, devraient disparaître.
Le débat devra être tranché dans le cadre des négociations entre Enedis et le régulateur de l’énergie sur le nouveau tarif d’utilisation des réseaux publics de l’électricité applicable à partir de 2025. Avant de tout chambouler, un exercice de pédagogie auprès des 15 millions de clients sera dans tous les cas nécessaire.
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