L’impact du réchauffement climatique sur la croissance économique a déjà fait couler beaucoup d’encre , mais le document de travail que vient de publier le National Bureau of Economic Research (NBER) pourrait bien faire date. Selon ses deux auteurs, Adrien Bilal et Diego Känzig, respectivement économistes à Harvard et à Northwestern University, une hausse de la température mondiale de 1 °C provoquera une baisse du PIB mondial de 12 %, au bout de six ans.
Selon eux, le réchauffement de 0,75 °C constaté entre 1960 et 2019 pèse déjà sur l’économie de la planète : sans lui, le PIB mondial serait plus élevé de 37 %. Les deux économistes ont aussi calculé qu’une nouvelle hausse de 2 °C d’ici à 2100 conduirait à une baisse du PIB mondial de 50 %, compte tenu des effets cumulatifs des dommages subis sur la durée.
Effondrement économique
Dit encore autrement, l’émission d’une tonne de carbone engendre un coût économique de 1.056 dollars (973 euros) : réparation des dégâts après des catastrophes climatiques, destruction de capital, détérioration de la santé, baisse de productivité…
« Cet impact est six fois plus élevé que celui qui ressort des analyses économiques menées jusqu’à présent sur le sujet, indique Adrien Bilal, rencontré lors d’un passage à Paris. Et encore, nous avons pris des hypothèses très conservatrices. » En Europe, le coût du carbone est même plutôt aujourd’hui estimé autour de 100 dollars, tandis que l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) table sur 180 à 190 dollars.
Même s’il n’a pas encore fait l’objet de relecture par des pairs pour publication « officielle » dans une revue, ce document a déjà été remarqué, et très commenté. « Cette étude est remarquable », relève Thomas-Olivier Léautier, chef économiste chez TotalEnergies, ex-directeur de recherche à Toulouse School of Economics. « Elle réconcilie la littérature économique néoclassique avec la vision des scientifiques, qui se sont longtemps étonnés du faible impact macroéconomique estimé jusque-là. » Xavier Jaravel, professeur à London School of Economics, y a également consacré une chronique dans nos colonnes.
Dans les années 1970, le rapport Meadows, écrit par des scientifiques américains, avait été le premier à évoquer les limites des ressources naturelles et à prédire un effondrement économique lorsqu’elles seraient atteintes. Mais les économistes avaient alors opposé à son raisonnement l’absence de prise en compte des prix. « Selon eux, l’économie allait se réguler grâce à l’augmentation des prix liée à la rareté croissante des ressources », explique Thomas-Olivier Léautier.
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