Monthly Archives: June 2024

Pourquoi la tokenisation des actifs financiers ne sera pas aussi massive que prévu

Des clapotis plutôt qu'un tsunami ? Dans une nouvelle étude parue en fin de semaine dernière, le cabinet McKinsey minore considérablement l'ampleur de la déferlante attendue de la tokenisation - l'inscription dans une blockchain (Ethereum, par exemple) d'actifs comme des actions, de la dette, des bons du Trésor ou de l'immobilier. Et parle plutôt de petites vagues successives. Malgré les promesses de cette technologie (en termes de rapidité des transactions, de baisse des coûts, de traçabilité, ou encore de liquidité), McKinsey (en anglais) évalue ce marché à 2.000 milliards de dollars (1.865 milliards d'euros) en 2030, loin des 10.000 milliards et 16.000 milliards avancés l'année dernière par Roland Berger et le Boston Consulting Group. Il s'agit du scénario « de base » du cabinet, dans lequel l'environnement réglementaire international parvient à se clarifier malgré ses disparités, les infrastructures ( blockchain ) atteignent une forme de maturité, de gros acteurs catalysent la demande pour certains actifs tokenisés, et les risques en matière de sécurité sont contenus. Dans un scénario plus pessimiste où tous ces indicateurs ne sont pas aussi avancés, le marché de la tokenisation n'atteindrait que 800 milliards de dollars en 2030. Et même dans le cas où tous les feux seraient passés au vert, le cabinet anticipe qu'il n'excéderait pas les 3.800 milliards. BlackRock, l'arbre qui cache la forêt « Après de nombreuses années de promesses, la tokenisation a atteint un point de bascule, avec de premières applications concrètes à grande échelle, mais aussi de nombreux faux départs », pointent les auteurs de l'étude. A l'ombre des annonces de Fidelity , JP Morgan ou BlackRock , dont le fonds tokenisé BUIDL a levé 460 millions de dollars en un trimestre (selon Kaiko), McKinsey voit des « acteurs d'infrastructures remiser leurs expérimentations au profit de solutions qui ont fait leurs preuves ». Et conclut que « l'adoption généralisée de la tokenisation est encore loin ». LIRE AUSSI : ANALYSE - Immobilier, finance, montres : le pari de la « token économie » DECRYPTAGE - Comment la tokenisation permet de sécuriser les paiements L'étude exclut les monnaies numériques de banques centrales , mais celles-ci offrent un bon éclairage des limites des tokens. L'euro numérique, en plein chantier actuellement, privilégiera ainsi des technologies conventionnelles plutôt que la blockchain. Elle serait incapable, selon les professionnels, d'absorber les dizaines de milliers de transactions par seconde qui seront demandées. L'immobilier et les actions en retrait La tokenisation des actifs (RWA en anglais, pour « real world assets ») devrait se faire en plusieurs temps. McKinsey entrevoit une croissance rapide de la tokenisation des dépôts, fonds communs de placement, produits cotés ( ETF et ETN ), pension livrée (repo), prêts ou titrisation. Mais le cabinet pointe une adoption plus lente dans l'immobilier, les métaux précieux et les actions, cotées et non cotées. Les obstacles sont « des avantages insuffisants, des inquiétudes sur la faisabilité, le manque d'incitation des institutions et une conformité complexe ». Depuis mars 2023, les banques de l'Union européenne bénéficient pourtant du « régime pilote DLT », qui assouplit les règles pour trois ans afin d'expérimenter l'émission, l'enregistrement, le transfert et le stockage d'instruments tokenisés. Cependant, à l'échelle mondiale, de nombreuses institutions restent « attentistes ». McKinsey prévient quand même : « Les premiers qui saisiront la vague pourraient atteindre une part de marché démesurée et définir les canons des futurs standards. »

By |2024-06-27T14:37:30+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Opinion | L’Europe ne peut plus se passer de l’euro numérique

La liberté est un principe essentiel de l'Union européenne (UE). Chaque habitant de l'UE est libre de vivre, de travailler, d'étudier ou de mener des activités commerciales dans l'Etat membre de son choix. Et l'euro joue un rôle essentiel à cet égard. Il peut être utilisé partout dans la zone euro pour acheter des biens ou des services. La Banque centrale européenne (BCE) contribue à la préservation de ces libertés à travers la mise à disposition des billets en euros. La plupart des Européens souhaitent pouvoir continuer à payer en espèces car ils les considèrent comme essentielles à leur liberté : les espèces sont en effet facilement accessibles par tous, acceptées partout dans la zone euro et respectueuses de la vie privée. Mais, face à la numérisation croissante de l'économie, l'absence de solution équivalente pour effectuer des paiements en ligne entrave notre liberté. Il existe dans certains pays européens des moyens de paiement numériques locaux permettant de payer en magasin - comme des cartes bancaires ou des portefeuilles numériques -, mais de telles solutions nationales font défaut dans la plupart des pays de la zone euro. Et, lorsqu'elles existent, ces options ne fonctionnent généralement pas pour les achats en ligne, ni pour partager des additions entre amis ou lorsque l'on se déplace au sein de la zone euro. Nous sommes donc contraints de recourir à des cartes ou des solutions de paiement non européennes, qui ne sont d'ailleurs pas non plus systématiquement acceptées, et devons utiliser des méthodes de paiement multiples. Euro numérique Pour remédier à ces carences, la BCE travaille à la création d'un euro numérique. Nous restons pleinement convaincus de l'importance des espèces mais entendons faire bénéficier le monde numérique de leurs atouts. Avec un euro numérique, les consommateurs disposeraient d'une nouvelle option de paiement complémentaire aux espèces, à laquelle ils seraient libres de recourir ou non. LIRE AUSSI : LE REGARD DU JOUR - L'euro, 25 ans et toujours là DECRYPTAGE - Une crise politique jetterait une ombre sur le rayonnement de l'euro Un euro numérique associerait les avantages pratiques des paiements numériques et les fonctionnalités comparables à celles des espèces. A l'instar des billets, il donnerait aux Européens la liberté d'utiliser un moyen de paiement unique accepté dans l'ensemble de la zone euro pour effectuer des paiements numériques dans les magasins, sur les sites Internet de vente en ligne ou entre particuliers. Il pourrait également être utilisé hors ligne, car des transactions seraient possibles même en cas de faible couverture du réseau ou de coupure de courant. Réduction des coûts Avec un euro numérique, les entreprises européennes pourraient également proposer des solutions de paiement numérique utilisables partout dans la zone euro. La concurrence accrue qui en résulterait sur un marché actuellement dominé par une poignée d'acteurs non européens réduirait les coûts pour les commerçants et les consommateurs. L'autonomie stratégique et la solidité de l'économie européenne en seraient également renforcées. Dans un monde toujours plus divisé et exposé à la domination des grandes entreprises technologiques, nous avons la responsabilité de proposer aux Européens des solutions de paiement abordables et sûres. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - 7 questions sur l'euro numérique, le chantier monétaire du siècle CHRONIQUE - Euro numérique : un projet mort né Un euro numérique garantirait une meilleure protection de la vie privée que la plupart des solutions commerciales existantes. Pour les paiements hors ligne, seuls le payeur et le bénéficiaire auraient accès aux détails des transactions. S'agissant des paiements en ligne, nous ferions appel aux technologies les plus modernes en matière de respect de la vie privée. Toutes les données seraient anonymisées et resteraient dans l'UE, qui garantit le plus haut niveau de protection de la vie privée au monde. Enfin, le respect des règles de protection des données serait surveillé par des autorités spécialisées indépendantes. Moyen accessible à tous Un euro numérique, dont l'utilisation de base serait gratuite, ne laisserait personne de côté, en particulier les personnes ayant des compétences numériques ou financières limitées ou appartenant à des groupes vulnérables. Une application offrirait un moyen de paiement accessible à tous. Plus qu'une simple option de paiement, un euro numérique rapprocherait les Européens dans un environnement plus numérisé et plus instable. Il faciliterait notre vie quotidienne tout en préservant notre liberté de choix. LIRE AUSSI : TRIBUNE - 25 ans de l'euro : face aux mutations, la force de l'Union INTERVIEW - Fabio Panetta : « L'euro numérique apportera aux Européens des services financiers innovants » Il y a un an, la Commission européenne a proposé le « paquet monnaie unique » afin de protéger les paiements en espèces à travers la zone euro tout en offrant un cadre réglementaire pour l'émission éventuelle d'un euro numérique. Le lancement de l'euro numérique ne sera envisagé qu'une fois ce cadre réglementaire adopté par les législateurs européens. Nous nous félicitons du débat démocratique en cours et poursuivrons nos échanges avec l'ensemble des parties concernées. Dans un monde en pleine mutation et face à la multiplication des risques géopolitiques, nous devons aller de l'avant. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que l'euro - notre monnaie - soit adapté à l'ère numérique tout en protégeant les libertés chères aux Européens.

By |2024-06-27T14:37:09+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

L’open source au défi du modèle économique de l’intelligence artificielle

Avec son approche open source, Meta persiste et signe dans sa prise à contrepied d'OpenAI et des modèles fermés d'intelligence artificielle de ce dernier. Basé à Paris, son laboratoire de recherche Fair va apporter ses conseils à cinq nouvelles start-up utilisatrices de Llama ou d'autres modèles ouverts, dans le cadre d'un partenariat avec la plateforme spécialisée Hugging Face et le fournisseur de cloud Scaleway. Les candidats sont appelés à se manifester d'ici le 16 août. Parmi les défenseurs de la libre circulation des modèles d'IA dernier cri - un principe reconnu comme ayant permis les progrès scientifiques dans le domaine ces dernières années - Meta fait figure de dernier résistant. Fondé pour partager les recherches ayant créé ChatGPT avec une large communauté, OpenAI vit maintenant depuis plusieurs années sous une bulle opaque en ne rendant quasiment plus rien de public à propos de ses modèles d'IA pour empêcher tout mauvais usage de sa technologie mais aussi pour mieux les monétiser. Dans son sillage, Google ou encore Anthropic jettent un voile sur la plupart de leurs modèles et en facturent l'usage. Achats massifs auprès de Nvidia La même histoire se répète en Europe. Grand ambassadeur de l'open source, les Français de Mistral AI ne publient pourtant plus librement et gratuitement tous leurs modèles, notamment le plus puissant d'entre eux. La même raison financière aide à comprendre. « Avant cela, ils n'avaient pas de modèle économique », souligne un bon connaisseur du secteur. LIRE AUSSI : L'énergie, l'autre goulet d'étranglement des champions de l'IA En dépit des investissements gigantesques qu'elle suscite, l'intelligence artificielle n'en reste pas moins un pari économique incertain. A date, ceux qui profitent le plus de la nouvelle manne ne sont pas les spécialistes du domaine mais ceux qui les équipent : le roi des puces Nvidia, son fabricant TSMC et, dans une moindre mesure, les marques de serveurs comme HPE ou Dell. La course à l'intelligence artificielle se matérialise actuellement en achats massifs auprès de ces fournisseurs. La coûteuse course aux GPU Meta possédera par exemple 350.000 processeurs graphiques (GPU) Nvidia d'ici à la fin 2024 selon son patron Mark Zuckerberg, soit une dépense estimée par des analystes à environ 9 milliards de dollars en quelques années. Dans ce contexte, la viabilité économique de l'open source pose évidemment question. Sans les profits de son métier historique dans la publicité ciblée et ses propres besoins en IA pour ses plateformes, Meta pourrait-il justifier de telles sommes sans espoir de retour sur investissement ? A l'inverse, ce n'est qu'après avoir abandonné l'idée de développer une activité à but non lucratif qu'OpenAI a pu nouer un partenariat rémunérateur avec Microsoft. Selon le média « The Information », l'entreprise de Sam Altman devrait doubler ses recettes en 2024 par rapport à l'année précédente, à 3,4 milliards de dollars. Open source ou pas, ses rivaux purs player des modèles d'IA vivent encore davantage de leurs levées de fonds que de leurs propres revenus. Les applications plutôt que les modèles Les difficultés commerciales de ces entreprises alimentent toutefois les espoirs du camp de l'open source. « Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup d'argent à faire avec les modèles fermés dans la mesure où les modèles ne sont peut-être pas la poule aux oeufs d'or que certains imaginent », relève Thomas Wolf, le directeur scientifique d'Hugging Face. La start-up franco-américaine vit des conseils et des services qu'elle propose aux développeurs à l'oeuvre sur des modèles open source. Et sa conviction est faite. Ce ne seront bientôt plus les modèles mais les applications exploitant un modèle open source à l'état de l'art, avec les conseils de ses concepteurs, qui offriront le plus d'opportunités. Chez Meta, le chercheur Yann Le Cun est sur la même ligne. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de soutenir des start-up adeptes des modèles ouverts. « L'avenir de l'IA, ce sera beaucoup de petites sociétés qui vont adapter des modèles ouverts pour une expertise métier. L'enjeu est de trouver les bonnes niches de marchés où ce sera utile », dit-il. Devenus superflus mais coûteux, les modèles fermés seraient alors, peut-être, poussés dans une impasse.

By |2024-06-27T14:36:20+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Après son redressement, Danone engage une mutation profonde

Danone passe un nouveau cap. Après deux ans de remise à plat, le groupe a présenté ce jeudi aux investisseurs, à Amsterdam, la seconde étape de son plan stratégique « Renew » pour la période 2025-2028. « Le Danone de demain sera différent de celui d'hier, a commenté Antoine de Saint-Affrique, son directeur général. Nous ne voulons pas seulement revenir dans le jeu, mais jouer un rôle majeur dans le futur ». C'est lui, avec une équipe aux commandes profondément renouvelée depuis son arrivée en septembre 2021 qui a mené la mutation du géant des produits laitiers. Sa mission était alors de relancer un groupe en panne de croissance, ce qui avait conduit à l'éviction de son prédécesseur, Emmanuel Faber. Un moment de bascule Nouvelle étape, nouvelles priorités. Les consommateurs restent la cible de Danone, et s'y ajoutent les patients médicaux. Leur point commun, la volonté du groupe de leur apporter « la santé par l'alimentation », sa mission depuis sa création. « L'industrie alimentaire est à un moment de bascule. Le lien avec la santé concerne les produits de tous les jours, un yaourt, une eau minérale, mais aussi des produits de nutrition médicale », poursuit le dirigeant. Ces aliments enrichis sont destinés aux personnes âgées et aux malades du cancer pour éviter la dénutrition. Sur ce marché depuis 2007, l'entreprise avait envisagé il y a dix ans de vendre cette activité. Elle est aujourd'hui au coeur de la relance. LIRE AUSSI : DECRYPTAGE - Pourquoi Danone mise sur la nutrition médicale Elle pèse près de 3 milliards de chiffre d'affaires sur un total de 27,6 milliards d'euros en 2023. Mais avec un fort potentiel au regard du vieillissement de la population. Pour faire le pont avec son activité grand public, Danone mise sur la science et ses laboratoires de R&D. « Cette relation est dans nos gènes, assure Antoine de Saint-Affrique. Quand Danone a lancé son premier yaourt en 1919, c'était pour régler un problème de santé. En 1964, Evian était vendu en pharmacie ». Microbiote et protéines Son idée : mettre en avant les connaissances de l'entreprise sur le microbiote et les protéines dans son offre en supermarché comme dans les pharmacies. A l'image de son yaourt hyperprotéiné Hipro, destiné aux sportifs. Lancé en 2019, avec une recette enrichie pour les JO, il utilise la même technologie que celle des produits de nutrition médicale. Cette déclinaison pourrait être élargie à d'autres produits de tous les jours, yaourts ou boissons. Niche de marché, les produits laitiers protéinés ont vu leurs ventes bondir de 400 millions depuis 2021, à près d'un milliard d'euros. Le fabricant devra toutefois veiller aux allégations. En 2010, il avait été rappelé à l'ordre par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour une « insuffisance de causalité des effets prônés » au travers des allégations santé. Des acquisitions en vue Autre piste : l'expansion géographique. Très présent en Chine, Danone veut se renforcer sur le marché américain et s'implanter en Inde. Pour accélérer ce déploiement, le géant de l'agroalimentaire prévoit de s'appuyer sur des marques mondiales. Hipro a ainsi été lancé au Japon, au Brésil ou en Australie, avec la même identité visuelle, alors que, jusqu'ici, une même offre pouvait être déclinée avec des marques différentes dans chaque pays. Avec les économies réalisées, le groupe va renforcer les investissements. « Ils vont continuer de progresser », a assuré Juergen Esser, le directeur financier, qui promet aussi un redémarrage des acquisitions, « même si l'optimisation du portefeuille va se poursuivre ». La rotation du portefeuille a atteint 9 %, avec la cession de Michel et Augustin en France ou des produits laitiers bio Horizon Organic Outre-Atlantique. Au terme de deux ans de transformation « radicale », Danone va mieux. Mais il a encore du travail, comme compléter son offre en matière végétale, et augmenter sa présence dans les pays émergents. « Nous avons affiché 9 trimestres de hausse continue du chiffre d'affaires, poursuit Juergen Esser. Une croissance compétitive : notre pôle laitier s'est redressé en Europe, après dix ans de recul. » LIRE AUSSI : EN CHIFFRES - Danone confirme le redressement de ses volumes 1919 : Danone offre la santé au bout de la cuillère Premier pilier du groupe, avec Actimel ou Activia, ce pôle pèse plus de la moitié du chiffre d'affaires. L'entreprise a été la première à renouer avec une hausse des volumes, fin 2023, dans un contexte d'inflation. Un redémarrage confirmé sur le premier trimestre 2024 , doublé d'une amélioration de sa rentabilité. Sur ces bases, l'industriel se dit prêt à « ouvrir un nouveau chapitre ». Il prévoit une hausse de son chiffre d'affaires de 3 % à 5 % entre 2025 et 2028, en comparable. Et une croissance de son résultat opérationnel courant sur la période, plus rapide. Son ambition est d'atteindre un flux de trésorerie disponible de trois milliards d'euros.

By |2024-06-27T14:35:57+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Les IA raisonnent-elles ou récitent-elles ?

Les IA conversationnelles, ou grands modèles de langages, sont parfois vues comme la porte à l'intelligence artificielle générale. ChatGPT sait par exemple répondre à des questions posées aux Olympiades internationales de mathématiques. Et pourtant, sur d'autres questions, en apparence beaucoup plus simples, ChatGPT fait de surprenantes fautes. Quels aspects de l'intelligence des IA conversationnelles expliquent leur capacité à résoudre certains problèmes et pas d'autres ? Thomas McCoy et ses co-auteurs conjecturent que c'est lié à leur modèle sous-jacent d'autorégression : techniquement, ces IA sont entraînées à compléter des textes trouvés sur Internet. Si une IA est très bonne pour calculer (9/5) x + 32, mais pas (7/5) x + 31, c'est parce que la première formule correspond à la conversion de degrés Celsius vers Fahrenheit, une conversion très fréquente sur Internet, tandis que la deuxième ne correspond pas à une formule particulière. Les IA conversationnelles seraient donc bonnes à reproduire ce qu'elles ont déjà vu. En effet, des nombreux travaux ont montré qu'elles avaient une certaine tendance à reproduire des bribes de textes connus. Donc, si l'IA sait résoudre des problèmes des Olympiades internationales de mathématiques, est-ce tout simplement parce qu'elle a mémorisé la réponse ? Faire du nouveau En termes d'intelligence, inventer une nouvelle démonstration mathématique demande de maîtriser des abstractions et de savoir enchaîner un raisonnement logique compliqué avec un départ et une arrivée imposés. Cela semble beaucoup plus difficile que de mémoriser une démonstration. C'est une des oppositions traditionnelles en apprentissage machine, la lignée de recherche qui a donné naissance aux IA actuelles : mémoriser est une chose, savoir généraliser en est une autre. Par exemple, si je mémorise toutes les additions entre deux nombres plus petits que dix, je ne sais extrapoler au-delà. Pour aller plus loin, il faut que je maîtrise la logique de l'addition… ou que je mémorise plus. LIRE AUSSI : CHRONIQUE - IA, sérendipité et « zemblanité » PANORAMA - Intelligence artificielle générative : la révolution ChatGPT en marche Et justement, les IA conversationnelles ont une énorme capacité de mémorisation, et ont été entraînées sur presque tout Internet. Etant donné une question, elles peuvent souvent piocher dans leur mémoire pour trouver des éléments de réponses. Sont-elles donc intelligentes ou ont-elles juste une grande mémoire ? Les scientifiques débattent encore de l'importance de la mémorisation pour leurs capacités. Certains avancent que leur capacité de stockage est finalement limitée par rapport à la taille d'Internet. D'autres se demandent à quel point les succès impressionnants mis en avant ne sont pas sur des tâches déjà résolues sur Internet, questionnant leur capacité à faire du nouveau. Mais la mémorisation serait-elle un aspect de l'intelligence ? En 1987, Lenat et Feigenbaum conjecturaient que pour un agent cognitif, accumuler du savoir permet de résoudre de nouvelles tâches en ayant moins à apprendre. Peut-être l'intelligence de l'IA conversationnelle est de savoir piocher les bonnes bribes d'information, et les combiner.

By |2024-06-27T14:35:02+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

“Il faut rendre sexy le tourisme responsable” selon Antoine Richard

ur le tourisme et l’achat responsable, les études foisonnent. Selon un sondage publié par Booking.com, 77% des Français assurent vouloir voyager de manière plus durable au cours des 12 prochains mois. Mais, tous produits confondus,  77% des Français avaient déclaré en décembre 2023 privilégier le respect de leur budget aux achats responsables. Dans les critères de choix, le facteur prix peut renverser la table, notamment dans le voyage. Toutefois, les professionnels du voyage ne baissent pas pour autant les bras. Bien au contraire, quitte aussi à donner des arguments nouveaux ou inattendus.  Proposer le train à destination Si le train a la réputation d’être cher en France et en Europe, il l’est parfois moins dans des pays lointains, indique ainsi Agnès Decramer, cofondatrice de la plateforme technologique d’activités touristiques Koob. « Aujourd’hui, presque tous les réceptifs avec lesquels je travaille proposent du train, souligne Agnès Decramer. Ce n’était pas le cas il y a 10 ans. » L’avion était presque exclusivement proposé à destination, pour les vols intérieurs. « Or le train est souvent moins cher ou à des prix équivalents dans ces destinations. » Une façon de rendre le voyage sexy, en termes de prix comme d’expérience « slow travel ». « C’est une alternative très concrète qui permet d’avoir un impact, poursuit la cofondatrice de Koob. La diversification des hébergements pour aller vers du séjour chez l’habitant a aussi un impact vertueux sur un séjour. » Antoine Richard, le président d’Agir pour un tourisme responsable (ATR), l’assure : « Il faut rendre sexy le tourisme responsable, et non moralisateur comme auparavant. Partir en voyage reste avant tout une belle expérience ». Finie la saison des pluies, vive la « saison verte » « Le tourisme responsable ne se limite pas au carbone, ajoute-t-il. Je suis très attaché au tourisme social avec Double Sens (dont il est cofondateur, Ndlr). Soyons fier en tant qu’opérateur de voyage de reprouver l’utilité de nos séjours, de prouver qu’on crée de la richesse et des emplois à destination. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’accepter la présidence d’ATR. »  Guillaume Linton, le PDG du voyagiste Asia, abonde : « Parlons en termes de bénéfices voyageurs ». Le voyagiste Asia parle désormais autrement de la saison des pluies. Une saison « verte », pendant laquelle les voyageurs ne souffriront pas du surtourisme. Une saison pendant laquelle « la nature est beaucoup plus luxuriante avec des pluies courtes en fin de journée par exemple ». Du rôle prescripteur des distributeurs Créé en 2004 sous l’impulsion de voyagistes du tourisme d’aventure, ATR fête ses 20 ans, et s’ouvre depuis quelques années à tous les professionnels du voyage : voyagistes traditionnels, réceptifs, distributeurs, offices de tourisme, plateformes… L’adhésion de Kappa/NG, Asia, Koob, Voyages d’Exception et Interface Tourism témoigne de cette diversification. « La responsabilité d’un distributeur, c’est aujourd’hui de proposer au grand public une alternative plus responsable au produit classique », estime aussi Antoine Richard. Les réseaux d’agences de voyages comptent parmi les prescripteurs naturels. Dans cet esprit, le Cediv et Leclerc Voyages ont récemment rejoint l’association qui compte 80 membres dont 15 marques labellisées.  Un voyage lointain « exceptionnel » A l’horizon 2030, ATR compte fédérer 200 membres, indique son directeur Julien Buot. Pour lui, face au réchauffement climatique, le voyage de proximité ne peut constituer la seule réponse. A ceux qui critiquent l’avion et son empreinte carbone, Julien Buot répond : « Le voyage au bout du monde doit être redevenir exceptionnel – rare et qualitatif -, et organisé par entreprises engagées. »  Pour embarquer la « famille » du voyage dans la dynamique, ATR donne rendez-vous à ses adhérents et partenaires à son séminaire à l’UCPA de Chamonix, du 23 au 25 septembre. L’occasion de revenir sur les chantiers des différentes commissions : carbone, destinations, préservation, inclusivité.

By |2024-06-27T14:34:40+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Le paiement sans contact désormais possible au-dessus de 50 euros

Insérer sa carte bancaire dans un terminal de paiement. Le geste, déjà en recul depuis l'essor du sans contact, devrait se faire encore moins fréquent grâce à l'arrivée progressive d'une nouvelle fonctionnalité, le « Sans Contact Plus ». Déployée en France depuis quelques jours, cette dernière permet de payer en apposant simplement une carte bancaire sur un terminal de paiement. Et cela même pour les montants supérieurs à 50 euros. Une étape reste néanmoins un passage obligé : la saisie du code confidentiel, vérifié par la banque du client. Adoption massive Le paiement par carte bancaire en sans contact était jusqu'ici limité aux achats de moins de 50 euros. Au-delà, l'insertion de la carte dans le terminal et la saisie du code PIN étaient obligatoires. Apparu en 2012, pour des montants inférieurs à 20 euros, le sans contact avait vu son plafond de paiement relevé une première fois à 30 euros en septembre 2017. LIRE AUSSI : Avec Tap to Cash, Apple se lance dans le paiement entre amis Espèces, carte bancaire, paiement mobile… qui pollue le plus ? L'arrivée de la pandémie de coronavirus et la mise en place des gestes barrières avaient accéléré, en mai 2020, un nouveau rehaussement du plafond à 50 euros, limite maximum fixée par la réglementation européenne. Ce nouveau plafond s'était accompagné d'une adoption massive du sans contact. « Désormais plus de six paiements par carte de proximité sur dix sont réalisés en mode sans contact, pour des montants moyens inférieurs à 20 euros », indiquait la Banque de France, dans un rapport publié fin 2023. Concurrence d'Apple Pay Le Groupement des Cartes Bancaires CB, responsable du réseau tricolore de paiement CB, souhaite désormais aller plus loin. « Le Sans Contact Plus permet de généraliser le paiement sans contact quel que soit le montant, et donc d'offrir un paiement rapide et sécurisé », salue-t-il. Mêmes avantages mis en avant par Société Générale qui salue un « processus de paiement plus fluide » et une « solution sécurisée ». Pour qu'elle soit déployée, les terminaux de paiement des commerçants devront toutefois être mis à jour. La levée du plafond de paiement devrait aussi permettre au GIE Cartes Bancaires CB de réorienter des flux de paiement vers CB. Car bien souvent, les transactions mobiles échappent au réseau français et transitent grâce à des acteurs privés, comme Apple Pay. Ce moyen de paiement, qui n'est pas plafonné, connaît actuellement une véritable explosion. L'enjeu est donc fort. En 2022, il a progressé de 137 %, après une hausse de 177 % en 2021, pour atteindre une part de près de 6 % dans les paiements par carte de proximité, selon la Banque de France.

By |2024-06-27T14:33:48+00:00June 27th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Accor se dote d’un système de paiement centralisé pour vendre plus que des chambres d’hôtels

Fin 2023, Accor a initié le déploiement d’une nouvelle infrastructure de paiement avec l’entreprise américaine basée en Irlande Stripe. L’objectif du groupe est de proposer une plateforme de commerce en ligne qui offre la réservation au-delà des chambres d’hôtels, incluant des services de spa, des restaurants et des activités. Cette refonte concerne le prépaiement, soit les réservations effectuées avant le séjour, sur les canaux digitaux tels que l’application mobile ALL et les sites de marques comme Sofitel ou Ibis. 3 000 hôtels ont déjà été équipés de la nouvelle solution, principalement en Europe. Le déploiement continuera progressivement partout dans le monde. Une meilleure performance de paiement et plus d’agilité Pour Jean-Noël Lau Keng Lun, SVP Product Management rattaché à la Chief Digital Officer d’Accor, le groupe a opéré ce changement avec Stripe pour deux raisons. La première est d’améliorer la performance du paiement. Auparavant, sur 100 personnes qui essayaient de payer une chambre d’hôtel avant son séjour, 17 faisaient face à un échec de paiement pour diverses raisons. Désormais, ce taux d’échec est descendu à 6%. « Notre système de paiement est aussi performant que les sites de e-commerce mondiaux », se félicite Jean-Noël Lau Keng Lun. La deuxième raison est de gagner en agilité. Auparavant, pour proposer une nouveau moyen de paiement, il fallait se déplacer physiquement dans chacun des établissements. Désormais, tout se fait de manière centralisée et à distance. De plus, lorsqu’un client effectue une réservation pour un produit additionnel, comme une activité ou une visite au spa, les fonds sont directement reversés aux prestataires. Proposer une expérience au-delà de la chambre d’hôtel Ce nouveau système de paiement s’inscrit dans la stratégie d’Accor de proposer plus qu’une nuit dans un hôtel. Pas question de devenir une marketplace pour autant. « Nous vendons des hôtels Accor avec des expériences, l’un ne va pas sans l’autre », précise Jean-Noël Lau Keng Lun. Désormais, les clients pourront ainsi réserver une chambre d’hôtel et une place de concert pour Taylor Swift ou une entrée dans un musée. « Accor est le seul groupe hôtelier à proposer cela à cette échelle, cela nous donne un avantage compétitif certain. Nous avons l’assurance d’amener du chiffre d’affaires supplémentaire à nos établissements » continue-t-il. Accor travaille désormais à ce que la carte bancaire des clients reste enregistrée sur les canaux digitaux pour ceux qui le souhaitent, notamment dans l’application mobile du groupe. Cela permettrait de proposer plus de confort d’utilisation et donc de fidéliser les clients.

By |2024-06-26T20:33:30+00:00June 26th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Montée de l’extrême droite en Europe : pourquoi ce pourrait être un mal pour un bien pour l’Afrique

Après l'annonce des résultats des élections européennes, les cartes politiques sont plus que jamais rebattues dans le Vieux Continent. C'est peu de le dire. Dans la plupart des 27 pays de l'Union européenne, le scrutin de début juin a consacré une large et historique victoire de l'extrême droite, ce que prédisaient d'ailleurs les sondages quelques semaines plus tôt. En France, par exemple, le Rassemblement national (RN), emmené par son président, Jordan Bardella, a raflé plus de 30 % des voix, loin devant Renaissance, le parti du président Emmanuel Macron, qui s'en est sorti avec à peine 15 % du suffrage. Même scénario en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas… Selon les estimations, la droite nationaliste s'empare de près d'un quart des 720 sièges de l'hémicycle européen. « Un butin électoral assez grandiose », considère le quotidien marocain L'Opinion. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Jusque-là dominé par le Parti populaire européen (PPE), de droite, et les socio-démocrates, un basculement en faveur de l'extrême droite, pour ne pas dire une nouvelle ère, s'annonce pour le Parlement européen. Dans l'immédiat, les premiers résultats du vote ont eu l'effet de contraindre à des mesures d'urgence dans certains États membres. C'est le cas de la France où, dans la foulée, le président Emmanuel Macron a décidé la dissolution du Parlement et annoncé des législatives anticipées qui devraient se tenir le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second. À lire aussi Macron et le risque de la main tendue… dans le vide Des élections très scrutées au sud de la Méditerranée Il faut dire qu'une élection des eurodéputés, comme tout autre scrutin, comporte des enjeux de tous ordres. Là, ces enjeux commencent par le rôle même que devront jouer les élus. En effet, ces derniers auront, entre autres responsabilités, l'élection des présidents du Parlement européen et de la Commission européenne, la nomination des commissaires, le vote des lois européennes ainsi que le budget de l'UE. Autant dire que ces eurodéputés devront déterminer l'avenir de l'Europe, y compris sa politique extérieure, ses questions économiques, sociales, etc. Au regard des enjeux en place, les secousses de ce séisme politique que traverse l'Europe sont ressenties au-delà des frontières du continent. À l'est ou à l'ouest, au nord comme au sud européen, les résultats du vote et surtout la percée de l'extrême droite sont scrutés et commentés. Quelles répercussions politiques la composition du nouveau Parlement européen aura-t-elle sur la politique de l'UE vis-à-vis des gouvernements et des populations en Afrique ? Mais aussi de la diaspora africaine qui vit en Europe ? Assisterons-nous à une accélération des accords entre pays sur, par exemple, l'externalisation des frontières pour freiner les migrations avec l'accord de l'UE ? Les législatives anticipées en France auront-elles des conséquences directes pour les Africains et la diaspora qui vit en Europe ? Au Burkina Faso, le journal Le Pays se demande franchement ce que cette montée de l'extrême droite en Europe pourrait avoir comme impact sur l'Afrique. « Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ? » s'interroge en effet le canard. Alors que plusieurs pays du continent africain restent des points de départ de milliers de migrants illégaux vers l'Europe, la question migratoire n'est pas des moins sensibles lorsqu'il s'agit de commenter les européennes. Rien qu'en Tunisie, 462 corps de migrants irréguliers ont été repêchés sur les côtes depuis le début de l'année, selon un récent bilan dressé par les autorités de ce pays du Maghreb. À lire aussi « L'Afrique est le sujet n° 1 de l'Europe pour les 50 ans à venir » Un intérêt de l'Afrique pour la question migratoire Pour certains, cette question migratoire a même été déterminante dans les résultats du vote. « Il faut dire que le phénomène migratoire est passé par là, avec ces spectacles de cohortes de damnés de la terre qui prennent d'assaut les côtes européennes à la recherche d'un hypothétique Eldorado. Poussant ainsi chaque État du Vieux Continent à se barricader, à l'image de Frontex, ou même à mettre des programmes dans certains pays africains pour mieux contenir les candidats à l'immigration », commente le journal L'Observateur Paalga. Cette poussée de la droite radicale est symptomatique de la psychose migratoire qui s'est emparée de toute l'Europe et ne cesse, à chaque élection, de gonfler les voiles des partis d'extrême droite », poursuit ce quotidien privé burkinabé. Plus loin, L'Observateur Paalga analyse que « les partis nationalistes d'extrême droite ont désormais davantage d'action aux leviers de la législation communautaire [et] ne manqueront pas l'occasion d'imprimer un virage dans la politique migratoire, au grand bonheur d'une bonne partie de leurs populations et au grand dam de la bien-pensance africaine qui ne manquera pas de monter au créneau en criant à l'égoïsme national et au mépris de l'homme noir ». De son côté, Le Matin, quotidien marocain, estime que la traduction politique de cette avancée des partis d'extrême droite « ne sera pas si forte que ce qu'on laisse croire, en raison des dissensions au sein même de ce courant ». Le journal explique que le dernier mandat du Parlement européen (2019-2024) a révélé que « les membres de ce courant sont loin de former un bloc homogène, s'éparpillant au gré des votes. Les désaccords se manifestent, à la fois au sein même d'ECR ou d'ID, mais plus encore entre ces deux groupes, particulièrement sur les questions de politiques internationales ». À lire aussi « Pour une politique européenne ambitieuse et mutualisée avec l'Afrique » « Un mal pour un bien pour l'Afrique » « La montée de l'extrême droite en Europe pourrait être un mal pour un bien pour l'Afrique », analyse par contre Le Pays, qui note que cette poussée nationaliste intervient dans le contexte d'une Afrique en pleine mutation, où de plus en plus de pays africains invoquent la question de leur souveraineté dans le choix et la diversification de leurs partenaires. « Et si dans le cas d'espèce, on est loin du repli identitaire aux relents de xénophobie qui caractérise la plupart des mouvements d'extrême droite, il n'empêche que cette façon, pour ces pays africains, de se recentrer sur eux-mêmes, dénote d'une volonté de rupture avec un ordre ancien », argumente Le Pays. Toujours selon ce journal, « une telle situation mettrait les dirigeants africains face à leurs responsabilités en les obligeant à trouver des solutions innovantes à la crise migratoire pour fixer les Africains sur un continent qui a besoin de la force des bras et de l'intelligence de ses fils pour amorcer son vrai développement ». Au-delà des répercussions de façon globale sur le continent africain, le contrôle imminent du Parlement européen par la droite est pesé et soupesé sur la balance des intérêts bilatéraux. Dans certaines capitales, on évalue déjà les pertes et les profits liés aux enjeux géopolitiques et économiques. Au Maroc, on estime que « le renforcement du Parti populaire est jugé positif pour autant qu'il s'agit d'un allié historique [de Rabbat] au sein du Parlement européen », selon le Conseiller istiqlalien et président de la Commission mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, cité par le quotidien marocain L'Opinion. Ce journal, qui cite toujours Lahcen Haddad, ajoute que « l'unique parti d'extrême droite le moins amène à l'égard du Royaume est VOX, mais cela est dû à des raisons de politique intérieure en Espagne plutôt qu'à la question du Sahara ; […] les partis dits nationalistes sont favorables aux intérêts du Maroc et à son intégrité territoriale, contrairement à la gauche, que ce soit les socialistes, les Verts ou les radicaux ». À lire aussi Afrique-Méditerranée-Europe : « Il faut passer des discours aux actes » Un enjeu hautement géopolitique pour le Maroc Si, en France, « l'intérêt que porte la droite patriotique se manifeste dans le discours de la présidente du RN, Marine Le Pen, qui a déploré la crise franco-marocaine et dénoncé le tropisme algérien d'Emmanuel Macron », L'Opinion admet que « tout dépend des futures coalitions au sein du Parlement européen et de la composition des groupes thématiques pour avoir une idée plus claire sur les alliés potentiels du Royaume ».

By |2024-06-26T20:32:49+00:00June 26th, 2024|Scoop.it|0 Comments

Lacina Koné : « En Afrique, l’IA va aider à réduire le fossé numérique »

Formation, régulation et intelligence artificielle (IA) sont au cœur des missions de l'Alliance Smart Africa qui s'est donné pour objectif de faire avancer l'Afrique dans l'ère du digital. En marge du Gitex Africa, devenu en à peine deux éditions, le rendez-vous incontournable de la tech en Afrique, Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, rappelle que si cet événement commercial reste orienté vers le secteur privé, l'écosystème étatique – avec les agences de régulation, de sécurité – se doit d'être présent. L'Alliance, créée il y a 11 ans au Rwanda, rassemble des chefs d'État africains, 41 pays à ce jour, mais également des organisations internationales et de grands acteurs du secteur du numérique. Il décrypte pour Le Point Afrique les enjeux du numérique et les défis actuels. LA NEWSLETTER AFRIQUE Tous les mardis à 16h45 Recevez le meilleur de l’actualité africaine. En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Le Point Afrique :Quelles sont les perspectives de l'IA pour l'Afrique ? Lacina Koné : Il faut d'abord se demander ce que l'IA a fait. C'est comparable à ce qui s'est passé avec l'impact de l'automatisation dans les usines, pour les ouvriers. C'est le même impact qu'aura l'IA sur les cadres. Aujourd'hui, je n'ai pas besoin d'une assistante, techniquement parlant. Pourtant, elle a été bien formée, elle a sa licence… Cependant, l'opportunité est énorme pour l'Afrique pour une raison : cela va aider à réduire le fossé numérique entre ceux qui parlent le français, l'anglais, le portugais, et qui utilisent la technologie et ceux qui ne parlent pas d'autres langues que leur langue native, comme le swahili par exemple. L'IA permet à une personne qui vit dans les zones rurales de communiquer avec la technologie pour exécuter la même chose. L'IA permet à chacun d'avoir un apprentissage personnalisé. Avec l'IA, que je parle en arable ou en swahili, mon téléphone va me répondre. L'IA permet de personnaliser l'apprentissage. Cela n'est pas possible aujourd'hui. La formation, même en ligne, même individuelle, n'est pas personnalisée : c'est le même module qui est dispensé. Cet outil va aussi nous faire gagner du temps et contribuer à renforcer l'aspect inclusif de la digitalisation du continent africain, car tout le monde pourra se l'approprier dans sa propre langue. Cet exemple, c'est juste un cas d'usage. Des milliers d'usages sont possibles : dans la santé, l'agriculture, les transports. L'IA repose sur l'usage des big data, des données. Sans données, pas d'IA et plus on fournit des données à l'IA, plus les résultats sont précis. La digitalisation est primordiale pour l'IA. La digitalisation permet de créer des données et d'aller vers l'économie des savoirs. À l'échelle des gouvernements, l'IA sera utilisée. C'est une disruption. C'est l'efficacité au sein des gouvernements, au sein du secteur privé.

By |2024-06-26T20:30:46+00:00June 26th, 2024|Scoop.it|0 Comments