Faire de la banque avec ses bons… mais aussi ses mauvais côtés. Courtisés par deux grands acteurs, à savoir Nickel (filiale de BNP Paribas) et la FDJ (avec son offre Nirio) , qui proposent tous les deux des services financiers de base, les buralistes se retrouvent confrontés aux mêmes complexités que certains conseillers bancaires en agence.

« Vendre des services bancaires, c’est encore du travail en plus », sourit une commerçante peu enthousiaste au bout de trois formations dédiées qui ne lui ont « pas rapporté un centime ».
Première contrainte, contribuer à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT). C’est ce que fait Stéphanie (prénom modifié) avant de vendre une carte Nickel à un client dont elle ne sait encore rien. La jeune buraliste saisit la carte d’identité, l’examine de longues secondes. Rassurée, elle oriente ensuite le client vers une borne dédiée un peu en retrait, où des procédures de contrôles dématérialisés seront menées

Une pression peu habituelle
L’opération n’aura duré que quelques minutes, mais elle est loin d’être anodine, puisqu’elle place le commerçant sous une pression peu habituelle : il s’agit de repérer les tentatives de fraude, voire les comportements suspects.
Sur le plan légal, le buraliste n’est certes pas en première ligne : il sert de simple « agent » (selon la terminologie bancaire) pour un établissement de paiement, et en cas d’irrégularité, c’est bien l’établissement « qui demeure seul responsable des agissements » de ses agents ou mandataires, précise aux « Echos » l’ACPR, le gendarme bancaire français.

Signe de sa vigilance, l’autorité a infligé l’an dernier à la Financière des paiements électroniques (FPE), la maison mère de Nickel, un blâme et une sanction pécuniaire d’un million d’euros pour « des carences du dispositif de suivi et d’analyse des opérations […] », sur le fonctionnement observé entre 2017 et 2020. Mais pas sur des « cas avérés » avait alors précisé Nickel, qui avait entretemps amélioré son dispositif.

Seul contact direct
Autre difficulté classique pour les conseillers bancaires, les buralistes doivent faire face à l’insatisfaction des clients, voire à leurs incivilités. Cela peut notamment se produire lorsque le service téléphonique est engorgé, le cafetier étant alors bien souvent le seul contact direct que peut trouver un client.
Sur le plan humain, « les buralistes sont de grands professionnels qui savent se sortir de situations parfois complexes », salue Marie Degrand Guillaud, directrice générale de Nickel, qui a prévu « des processus coécrits avec les buralistes pour anticiper ces scénarios-là ».
Et la ressemblance avec les agences ne s’arrête pas là. Outre la FDJ et Nickel, le réseau de buralistes a aussi été sollicité ces dernières années par les transporteurs de fonds Loomis (distributeurs de billets) ou Brink’s (paiement en cash d’achats en ligne), ou encore par la banque Delubac qui permet à ses clients de déposer du cash.
De quoi aider le réseau de buralistes à se diversifier face à l’érosion du tabac- une priorité pour la Confédération qui accompagne ses adhérents dans ce sens – mais aussi de quoi créer de nouveaux enjeux de conformité, de logistique ou de sécurité.

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