Le calme n’est pas encore revenu en Nouvelle-Calédonie que les calculatrices chauffent déjà. Le bilan économique de l’insurrection s’annonce catastrophique. Les dommages sont « colossaux », a souligné Emmanuel Macron ce jeudi depuis Nouméa.

Les assurances se préparent donc à sortir le chéquier. L’Etat également. Pour ce dernier, soutenir financièrement Nouméa n’a rien d’inédit. La métropole fournit des subsides conséquents à l’archipel chaque année. Hors situation de crise, cette aide représente environ 20 % du PIB annuel de la Nouvelle-Calédonie. En 2023, les dépenses de l’Etat sur le Caillou ont ainsi atteint 1,68 milliard d’euros, selon la Direction des finances publiques locale.

Un nouveau programme d’infrastructures
L’Education nationale, à elle seule, engloutit un quart de ce budget (429 millions d’euros). Dans le cadre du transfert de la compétence « éducation » à la Nouvelle-Calédonie, l’Etat continue notamment de prendre en charge la rémunération des enseignants du second degré – ce qui pèse d’autant plus que les traitements des fonctionnaires calédoniens bénéficient d’une majoration comprise entre 73 et 94 % par rapport à la métropole.
De la même façon, les deux autres gros postes de dépenses de l’Etat en Nouvelle-Calédonie – « Intérieur, Outre-mer et Collectivités territoriales » (404 millions d’euros) et « Défense » (269 millions) – incluent la solde des effectifs de police et de gendarmerie. Ces derniers viennent d’ailleurs d’être renforcés, avec la création de trois nouvelles brigades sur l’île en 2024.

L’Etat attribue également des dotations aux collectivités calédoniennes (253 millions d’euros en 2023). Il verse les pensions de retraite (158 millions d’euros), elles aussi majorées pour tenir compte du coût de la vie dans l’île. Et, pour des sommes plus modestes, la métropole finance certains programmes d’infrastructures (aérogare de Lifou, musée de Nouvelle-Calédonie…) via les « contrats de développement », dont une nouvelle génération a été annoncée début 2024, avec un investissement de l’Etat de 320 millions d’euros sur quatre ans en Nouvelle-Calédonie – soit le tiers de ce budget commun à tous les territoires ultramarins.
Pour stimuler l’économie locale, Bercy accorde aussi des réductions d’impôts aux contribuables qui font des investissements dans l’archipel (achat de navires de pêche, d’équipements industriels…) – une niche qui coûte au fisc environ 100 millions d’euros pour la seule Nouvelle-Calédonie.

Enfin, l’Etat est parfois contraint de combler les trous dans les budgets locaux. A l’automne dernier, l’Etat a par exemple accordé une aide de 37 millions d’euros pour pérenniser le régime de retraite des fonctionnaires territoriaux et le régime handicap et perte d’autonomie.

Ces dernières années, ce type de corde de rappel a été mobilisé fréquemment. La crise du Covid notamment a mis les finances locales dans le rouge et contraint Nouméa à s’endetter à plusieurs reprises. Et c’est alors l’Agence française de développement qui a prêté plus de 400 millions d’euros à la Nouvelle-Calédonie. La somme n’est pas comptabilisée dans les dépenses de l’Etat, mais « la Nouvelle-Calédonie n’a pu procéder de la sorte que grâce au soutien de l’Etat, lequel s’est porté garant de ces deux emprunts et a autorisé que leur produit finance les dépenses courantes de la collectivité », a souligné la Chambre territoriale des comptes de l’archipel, dans un rapport sur la fiscalité publié l’an dernier.
De même, face à la crise de la filière nickel, c’est bien l’Etat qui est venu à la rescousse des métallurgistes calédoniens ces dernières années, avec des prêts directs pour un encours total de 620 millions d’euros depuis 2016, dont 140 millions débloqués in extremis en mars dernier pour éviter la fermeture d’une importante usine, après qu’ une première a été mise en sommeil en début d’année .

Des sommes qui viennent s’ajouter au milliard et demi d’euros officiellement versés annuellement par l’Etat à Nouméa. Et à la future facture des émeutes.

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