Manger moins de viande, limiter ses trajets en avion mais aussi… payer par carte bancaire ? En matière de lutte conte le réchauffement climatique, toute réduction des émissions de CO2 est bonne à prendre. Et les acteurs du paiement l’ont bien compris, au point d’en faire un argument auprès des consommateurs.

Entre les entreprises du paiement électronique, comme Worldline, et les acteurs de la filière fiduciaire, chargés des billets et des pièces, le sujet est même devenu un vrai terrain d’affrontement.

Le cash pointé du doigt
Selon la Banque de France, qui cite une étude de la Banque centrale européenne (BCE), l’empreinte environnementale du billet par an et par habitant de la zone euro représente 101 micropoints (µPt), ce qui correspond à un trajet de 8 kilomètres en voiture. Soit moins de 0,01 % de l’impact environnemental annuel total d’un habitant de la zone euro.
Aussi faible soit-il, ce score reste supérieur à celui des moyens de paiements électroniques, répond une seconde étude, commandée par Worldline. En cause notamment, la « mobilité nécessaire pour aller chercher l’argent liquide au distributeur », explique Sébastien Mandron, directeur RSE pour le spécialiste français du paiement.
Transports compris, une transaction en espèces émettrait ainsi 36,8g de CO2, contre 2,45g pour un paiement par carte, soit quinze fois moins, assure le rapport, écrit par Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL. « La diminution de l’utilisation des espèces et des chèques contribue directement à aider le continent à atteindre ses ambitions en matière de réduction des émissions de CO2 », conclut l’étude.

Dématérialiser les paiements
Et des moyens existent pour baisser encore les émissions, avance Worldline. Parmi eux : remplacer la carte plastique par une carte virtuelle sur smartphone ou remplacer le terminal de paiement du commerçant par un smartphone. Dans ce scénario de paiement optimisé, une transaction n’émettrait plus que 0,74g de CO2. « Tout cela peut être fait du jour au lendemain », plaide Sébastien Mandron, pour qui les acteurs du secteur « ont un intérêt commun à s’engager dans l’exercice ».
Delupay, filiale de la banque Delubac & Cie spécialisée dans le paiement dématérialisé, assure pouvoir faire encore mieux. Selon une troisième étude réalisée par la start-up Greenly, la solution de paiement de Delupay – qui permet de se passer de terminal de paiement – émet uniquement 0,12 g de CO2 par transaction.

Pour les défenseurs du cash, l’argument est biaisé. « La conclusion du rapport de la BCE, c’est surtout que les moyens de paiement ne sont pas un sujet d’émissions », avance Stéphanie Courtois, directrice marketing et ESG chez Brink’s, société de transport de fonds. Comparer le cash aux paiements électroniques est trompeur, plaide-t-elle.

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