Les clichés ont la vie dure, mais celui de l’avion réservé aux riches et aux « boomers » ne devrait pas résister à la lecture de la dernière enquête « passagers aériens » de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Réalisée en 2023 auprès de 46.000 passagers dans 10 aéroports français, cette étude met en évidence un usage toujours plus large de l’avion dans toutes les couches de la population, en dépit de son renchérissement et des mots d’ordre écologistes.

Les évolutions sont d’autant plus remarquables que cette étude nationale, réalisée par des enquêteurs de l’institut de sondage Ifop sur la base d’un questionnaire auprès des passagers, n’avait pas été menée depuis 2016. D’où un certain nombre de « nouveautés » dans le profil type et les motivations des voyageurs.

Une majorité de femmes et de jeunes à bord
Premier constat : « toutes les catégories de voyageurs sont revenues à l’avion après le Covid », souligne-t-on à la DGAC. Cependant, pour la première fois dans une enquête, les femmes sont devenues légèrement majoritaires (51 %) chez les passagers aériens en France. Dans les cinq précédentes menées de 2010 à 2016, les hommes étaient majoritaires.

En dépit du succès médiatique du « flygskam » , ce sont toujours les jeunes qui prennent le plus l’avion et leur part dans le trafic aérien n’a fait qu’augmenter. Près de la moitié (45 %) a entre 15 et 34 ans, soit une progression de 5 points comparée à 2016. La plus grande proportion (27 %) a entre 25 et 34 ans, contre 19 % pour les 35-44 ans et 18 % pour les 45-54 ans.

Les retraités de 65 ans et plus ne représentent que 6 %, contre 10,5 % en 2010. La majorité des passagers (62 %) sont également des résidents en France, y compris pour les vols internationaux (56 %), dont la part augmente avec la baisse des lignes domestiques .

Les « CSP + » devenus minoritaires
Et contrairement à une idée répandue, les catégories sociales les plus favorisées, les « CSP + » selon la classification de l’INSEE (cadres, professions libérales, professions intermédiaires, commerçants, artisans), ne constituent plus la majorité des passagers aériens. Leur part est tombée à 43 %, contre 50 % dans l’étude de 2016 et 50,7 % en 2010. A titre de comparaison, la proportion de « CSP + » serait plus importante à bord des TGV (49 %), selon une étude de 2019, de l’Autorité des transports.

En revanche, la part des catégories sociales les moins favorisées dites « CSP- », employés et ouvriers, est passée de 23,2 % en 2010 à 32 % en 2023. Sur la même période, celle des inactifs – retraités, sans emploi et étudiants – est passée de 26,2 % à 25 %, avec toutefois une progression des étudiants (14 % des voyageurs contre 11,6 % en 2010) et un net recul des retraités (8 % contre 10,5 % en 2010). Le développement de l’offre low cost n’est probablement pas pour rien dans cette démocratisation de l’avion.

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