Danone passe un nouveau cap. Après deux ans de remise à plat, le groupe a présenté ce jeudi aux investisseurs, à Amsterdam, la seconde étape de son plan stratégique « Renew » pour la période 2025-2028. « Le Danone de demain sera différent de celui d’hier, a commenté Antoine de Saint-Affrique, son directeur général. Nous ne voulons pas seulement revenir dans le jeu, mais jouer un rôle majeur dans le futur ».
C’est lui, avec une équipe aux commandes profondément renouvelée depuis son arrivée en septembre 2021 qui a mené la mutation du géant des produits laitiers. Sa mission était alors de relancer un groupe en panne de croissance, ce qui avait conduit à l’éviction de son prédécesseur, Emmanuel Faber.
Un moment de bascule
Nouvelle étape, nouvelles priorités. Les consommateurs restent la cible de Danone, et s’y ajoutent les patients médicaux. Leur point commun, la volonté du groupe de leur apporter « la santé par l’alimentation », sa mission depuis sa création. « L’industrie alimentaire est à un moment de bascule. Le lien avec la santé concerne les produits de tous les jours, un yaourt, une eau minérale, mais aussi des produits de nutrition médicale », poursuit le dirigeant.
Ces aliments enrichis sont destinés aux personnes âgées et aux malades du cancer pour éviter la dénutrition. Sur ce marché depuis 2007, l’entreprise avait envisagé il y a dix ans de vendre cette activité. Elle est aujourd’hui au coeur de la relance.
Elle pèse près de 3 milliards de chiffre d’affaires sur un total de 27,6 milliards d’euros en 2023. Mais avec un fort potentiel au regard du vieillissement de la population.
Pour faire le pont avec son activité grand public, Danone mise sur la science et ses laboratoires de R&D. « Cette relation est dans nos gènes, assure Antoine de Saint-Affrique. Quand Danone a lancé son premier yaourt en 1919, c’était pour régler un problème de santé. En 1964, Evian était vendu en pharmacie ».
Microbiote et protéines
Son idée : mettre en avant les connaissances de l’entreprise sur le microbiote et les protéines dans son offre en supermarché comme dans les pharmacies. A l’image de son yaourt hyperprotéiné Hipro, destiné aux sportifs. Lancé en 2019, avec une recette enrichie pour les JO, il utilise la même technologie que celle des produits de nutrition médicale.
Cette déclinaison pourrait être élargie à d’autres produits de tous les jours, yaourts ou boissons. Niche de marché, les produits laitiers protéinés ont vu leurs ventes bondir de 400 millions depuis 2021, à près d’un milliard d’euros. Le fabricant devra toutefois veiller aux allégations. En 2010, il avait été rappelé à l’ordre par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour une « insuffisance de causalité des effets prônés » au travers des allégations santé.
Des acquisitions en vue
Autre piste : l’expansion géographique. Très présent en Chine, Danone veut se renforcer sur le marché américain et s’implanter en Inde. Pour accélérer ce déploiement, le géant de l’agroalimentaire prévoit de s’appuyer sur des marques mondiales. Hipro a ainsi été lancé au Japon, au Brésil ou en Australie, avec la même identité visuelle, alors que, jusqu’ici, une même offre pouvait être déclinée avec des marques différentes dans chaque pays.
Avec les économies réalisées, le groupe va renforcer les investissements. « Ils vont continuer de progresser », a assuré Juergen Esser, le directeur financier, qui promet aussi un redémarrage des acquisitions, « même si l’optimisation du portefeuille va se poursuivre ». La rotation du portefeuille a atteint 9 %, avec la cession de Michel et Augustin en France ou des produits laitiers bio Horizon Organic Outre-Atlantique.
Au terme de deux ans de transformation « radicale », Danone va mieux. Mais il a encore du travail, comme compléter son offre en matière végétale, et augmenter sa présence dans les pays émergents. « Nous avons affiché 9 trimestres de hausse continue du chiffre d’affaires, poursuit Juergen Esser. Une croissance compétitive : notre pôle laitier s’est redressé en Europe, après dix ans de recul. »
1919 : Danone offre la santé au bout de la cuillère
Premier pilier du groupe, avec Actimel ou Activia, ce pôle pèse plus de la moitié du chiffre d’affaires. L’entreprise a été la première à renouer avec une hausse des volumes, fin 2023, dans un contexte d’inflation. Un redémarrage confirmé sur le premier trimestre 2024 , doublé d’une amélioration de sa rentabilité.
Sur ces bases, l’industriel se dit prêt à « ouvrir un nouveau chapitre ». Il prévoit une hausse de son chiffre d’affaires de 3 % à 5 % entre 2025 et 2028, en comparable. Et une croissance de son résultat opérationnel courant sur la période, plus rapide. Son ambition est d’atteindre un flux de trésorerie disponible de trois milliards d’euros.
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