Il n’y a encore aucun média dédié exclusivement à la vie locale », a estimé, ce jeudi, Maurice Lévy qui va assurer la présidence opérationnelle « pour un certain temps » de la société dont il va devenir l’actionnaire majoritaire via son family office Ycor .

Né en 2000 de la fusion des annuaires de France Télécom et de l’Office d’annonces d’Havas et coté en Bourse depuis 2004, Solocal a pris tôt le virage numérique et a pour coeur de métier d’aider les entreprises – tout particulièrement les PME -, à être visibles en ligne et à attirer de nouveaux clients. Dans le détail, le groupe fournit des sites Internet, coordonne des campagnes marketing numériques, met à jour les contenus de ses clients sur les grandes plateformes (Google, Facebook…) et dit conseiller 253.000 entreprises chaque jour en France.
Mais tout cela n’a pas suffi à lisser l’impact de la chute de l’imprimé et de son iconique Bottin – qui a tiré sa révérence fin 2019 – ni à éviter le mur de la dette. Résultat, le chiffre d’affaires n’a cessé de se réduire d’année en année . En 2023, les revenus du groupe ont atteint 360 millions d’euros – soit un recul de 10 % sur un an, et de plus de la moitié par rapport à 2019 – pour une perte nette de 46 millions. « Nous visons un amorçage de croissance pour fin 2025, avec un retour de la croissance sur 2026 », expose Maurice Lévy qui a pour ambition d’atteindre entre 450 et 500 millions d’euros de revenus en 2027 avec un Ebidta compris entre 20 % et 25 %.

Un endettement fortement réduit
En attendant, Ycor va injecter 25 millions d’euros en fonds propre et va également réaliser un apport en actif avec Regicom, une entreprise spécialisée dans la communication digitale auprès de TPE et PME, sur la base d’une valorisation de 35 millions, dont 10 millions de cash. Ce nouvel ensemble consolidé va disposer de 2.750 salariés, dont une grande partie de force de vente sur le « terrain » ou en télévente.
En parallèle, Solocal va lancer une augmentation de capital d’un montant d’environ 18 millions dont la période de souscription va s’étendre du 9 au 24 juillet. Au terme de celle-ci Ycor détiendra entre 60,9 % et 73 % du capital et des droits de vote. Concomitamment, le lourd fardeau de l’endettement total de Solocal va être ramené de 262 millions à 45 millions ; les créanciers ont accepté d’effacer la dette en contrepartie de 20 % du capital. Ce « Meccano » financier va permettre de réduire la charge financière de 24 millions par an de Solocal qui va aussi rabaisser ses charges locatives de 14 millions sur la location de son siège local où la firme va resserrer ses espaces de travail. Voilà pour les économies.

« Nous allons investir 130 millions lors des quatre prochaines années »
« Parallèlement, nous allons investir 130 millions lors des quatre prochaines années », note Maurice Lévy qui entend proposer « des produits beaucoup plus simples à l’usage. Il faut simplifier aussi l’organisation assez lourde et une redynamisation des moyens commerciaux », complète celui qui a récemment lâché le manche du conseil de surveillance de Publicis – dont il avait laissé la direction à Arthur Sadoun en 2017 -, pour en devenir président d’honneur. Solocal entend aussi s’appuyer sur l’IA générative pour produire davantage de contenus en amont des campagnes digitales de ses clients, ainsi que pour générer automatiquement des sites.
Le groupe mise aussi sur les synergies avec l’adtech Weborama – (dont Ycor est la maison mère) dirigée par Alain Lévy, l’un des fils de Maurice Lévy -, et ses solutions « cookieless » [entre la réglementation et les décisions de géants comme Apple ou Google, ces petits fichiers enregistrés par les navigateurs permettant de suivre à la trace les internautes et de cibler les publicités se raréfient et semblent voués à disparaître, NDLR]. « Solocal dispose de son inventaire en propre et de datas très spécifiques sur de nombreuses entreprises, pointe Alain Lévy, qui va être vice-président de Solocal, en charge notamment du produit. Ce sont deux actifs fondamentaux dans un monde cookieless. »

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