L’avènement de l’IA pourrait devenir une épine dans le pied des géants de la tech. Les émissions de carbone de Google ont augmenté de près de moitié (48 %) depuis 2019, en majeure partie à cause de ses avancées dans l’intelligence artificielle, d’après son rapport annuel publié mardi. Et le plus grand moteur de recherche du monde n’est pas le seul : en mai dernier, c’est Microsoft qui affichait une hausse de 30 % de ses émissions en trois ans, largement portée par l’IA.
Google, qui vise la neutralité carbone en 2030, voit son objectif s’éloigner à mesure que ses investissements s’accélèrent. Le géant de Mountain View a émis quelque 14,3 millions de tonnes équivalent CO2 en 2023, soit 13 % de plus que l’an dernier. La hausse des émissions de Google pendant quatre années consécutives coïncide parfaitement avec ses investissements, de plus en plus massifs, dans le secteur de l’IA. « À mesure que nous intégrons l’IA dans nos produits, la réduction des émissions pourrait s’avérer difficile », reconnaît Google. Rien qu’entre janvier et mars 2024, il a investi 12 milliards de dollars dans cette nouvelle technologie, véritable coqueluche de la Silicon Valley.
Un pari qui s’est par ailleurs révélé payant sur les marchés pour l’entreprise, dont la capitalisation boursière tutoie les 2.300 milliards de dollars aujourd’hui. Le titre a pris plus de 33 % depuis le début de l’année, et près de 60 % sur la seule année 2023.
Consommation sans fin
Une grande partie du rapport environnemental de Google explique que l’IA est en elle-même, à terme, un moyen d’atténuer le réchauffement climatique en réduisant de « 5 à 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2035 ».
Un discours globalement mis en avant par les entreprises de la tech, mais qui cache une réalité moins reluisante : l’intelligence artificielle est une technologie incroyablement consommatrice en électricité et en eau. L’entraînement des grands modèles d’IA demande une très importante puissance de calcul apportée par des data centers qui tournent sans arrêt, tandis que les hangars doivent être refroidis, nécessitant énormément d’eau .
« Un data center de Google est, en moyenne, environ 1,8 fois plus économe en énergie qu’un centre de données d’entreprise classique, assure l’entreprise. Par rapport à il y a cinq ans, nos centres de données fournissent près de quatre fois plus de puissance de calcul avec la même quantité d’énergie électrique. » Même si les technologies s’améliorent, la question de la consommation de ces hangars géants inquiète : elle tire à la hausse la demande d’électricité et pourrait même dépasser, dans certains Etats comme l’Irlande ou l’Arabie saoudite, la capacité de production du pays en électricité quand tous les nouveaux data centers seront achevés, d’après les estimations de Bloomberg.
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