Les amateurs de foot ont peut-être déjà remarqué le logo WhaleFin sur le torse des joueurs de l’Atlético de Madrid ou sur l’épaule des stars de Chelsea. C’est une plateforme d’échange de cryptos référençant 50 devises, et qui n’avait plus fait parler d’elle depuis ses déboires liés au crash de FTX en 2022. Selon un communiqué publié lundi, il apparaît qu’elle est entrée dans le giron du groupe Sony , après le rachat de sa maison mère Amber Japan en août 2023, et qu’elle doit renaître prochainement sous le nom de S.BLOX, avec une nouvelle interface et application mobile.

Les détails financiers n’ont pas été communiqués. WhaleFin est une petite Bourse de crypto japonaise apparue en 2019 et initialement baptisée « DeCurret ». Ne générant pas de bénéfices et se heurtant aux coûts élevés de la conformité au Japon, elle avait été rachetée en 2022 par le prêteur de cryptos singapourien Amber Group (soutenu par Temasek et valorisé 3 milliards de dollars). En difficulté financière, WhaleFin a été poursuivi en justice par l’Atlético de Madrid fin 2023 qui lui réclamait 44 millions de dollars de frais de sponsoring et 22 millions de dollars d’indemnisation.

Un projet de stablecoin
L’ex-DeCurret est aussi connu pour avoir travaillé sur un projet de yen numérique au sein d’un consortium de 74 institutions financières japonaises. Ce rachat par Sony donne donc un nouvel écho à un projet de Sony Bank révélé en avril par le quotidien « Nikkei » : la création de son propre stablecoin, une cryptomonnaie dont le cours serait indexé sur le yen. L’objectif serait de fournir un moyen de paiement rapide, flexible et à moindres frais, pour les utilisateurs de son écosystème.
Ce n’est pas tout. En septembre 2023, Sony a annoncé le lancement d’une coentreprise avec l’expert singapourien du Web3 Startale, en vue de créer sa propre blockchain. L’objectif affiché des partenaires est de créer rien de moins qu’une « infrastructure mondiale pour le Web3 ». Pour Sony, il s’agirait de se doter d’un socle accueillant cryptoactifs, licences de propriété intellectuelle, identités numériques et données personnelles des membres de son large écosystème culturel.

Retour gagnant du Web3 ?
En mai de la même année, Sony Interactive Entertainment, l’entité à la tête de la PlayStation, avait déjà déposé un brevet pour une nouvelle forme de NFT (jeton non fongible sur la blockchain) devant servir à ses joueurs. Ces jetons, qui peuvent héberger des avatars, des vêtements digitaux ou tout autre objet en 3D comme des épées ou des boucliers, pourraient être interopérables entre plateformes. Ces NFT doivent, de plus, être compatibles avec la réalité augmentée et virtuelle.
Avec le rachat de WhaleFin, Sony se dote donc désormais d’une Bourse d’échange pour les cryptoactifs de son écosystème. Reste que le groupe devra faire face à un engouement pour les jeux Web3 – reposant sur des actifs digitaux – qui a pâli, devant le manque d’intérêt de joueurs, voire leur défiance .
Quoi qu’il en soit, il apparaît que le secteur crypto est à la relance au Japon, depuis la suppression, fin 2023, de l’impôt sur les bénéfices non réalisés par le législateur. L’environnement réglementaire strict dans le pays, où seules quelques plateformes d’échanges mineures comme Coincheck ou Bitbank évoluent, est l’héritage du cataclysme de l’effondrement de Mt. Gox en 2014, dont le liquidateur commence à rembourser les 142.000 bitcoins perdus seulement à partir de ce mois de juillet.

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