Le « flygskam » ou la honte de prendre l’avion n’aura pas changé les habitudes des voyageurs du monde entier. C’est même le contraire : le nombre de passagers transportés par les compagnies aériennes devrait doubler dans les vingt prochaines années, a estimé ce jeudi l’Association internationale du transport aérien (IATA).

Ce n’est pas une surprise. Depuis plusieurs mois, tous les signaux sont au vert dans le transport aérien, à tel point que ce sont désormais les constructeurs qui n’arrivent plus à faire face à la demande.

Demande intarissable
L’aviation devrait transporter près de 5 milliards de passagers cette année, avait estimé en début de mois l’IATA. S’ils se confirment, ces volumes dépasseront le précédent record à 4,54 milliards enregistré avant la crise sanitaire, en 2019.
A l’horizon 2043, c’est près de 8,6 milliards de passagers qui seront transportés chaque année, estime l’organisation.
En début de semaine, Airbus avait déjà estimé que la flotte d’avions doublera d’ici à 2043, portant la flotte mondiale à 48.230 aéronefs contre 24.260 fin 2023. 
Pour établir ces prévisions à vingt ans, l’avionneur européen prend trois hypothèses : une hausse moyenne du PIB mondial de 2,6 % et du commerce international de 3,1 % par an. Mais aussi un accroissement de la classe moyenne de 1,7 milliard de personnes.

Explosion portée par l’Asie et le Moyen-Orient
Selon l’Association internationale du transport aérien, cette hausse de la demande mondiale sera surtout portée par « des marchés émergents comme l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient ». 
L’Asie-Pacifique devrait ainsi connaître des taux annuels de progression de 4,6 %, dopés par l’Inde (6,9 %), la Thaïlande et le Vietnam (6,4 %) et la Chine (5,8 %). Le Moyen-Orient et l’Afrique se voient pour leur part promettre une croissance des voyages aériens de 3,6 % par an dans les deux prochaines décennies.
Un marché « mature » comme l’Amérique du Nord resterait en retrait, à 1,7 %, tandis que l’Europe croîtrait de 2 % par an. Quant à l’Amérique latine et la zone caraïbe, l’IATA la voit progresser de 2,9 % par an dans les 20 prochaines années.
Cette explosion de la demande devrait logiquement entraîner une augmentation des bénéfices pour les compagnies . Pour 2024, l’IATA a encore revu à la hausse sa prévision de bénéfices et table désormais sur un bénéfice net record de 30,5 milliards de dollars, contre 27,4 milliards en 2023.

Problème d’offre
Ce ne sont désormais plus les passagers qui manquent à l’appel, mais les avions. Les compagnies aériennes manquent d’avions neufs, de pièces détachées pour la maintenance, de créneaux dans les principaux aéroports, notamment en Europe, et de carburant d’aviation durable pour réduire leurs émissions de CO2.
Les commandes d’avions neufs sont au plus haut, avec plus de 15.000 avions à livrer pour Airbus et Boeing. Mais ces avionneurs accumulent les problèmes de livraison en raison des retards de leurs sous-traitants mais aussi des problèmes de qualité rencontrés par l’avionneur américain.
En témoigne son dernier modèle, le 777-9 qui devait être livré en 2019 et accumule déjà cinq ans de retard. Boeing assure qu’il sera prêt en octobre 2025 mais Tim Clark, le président d’Emirates – le plus gros client de l’appareil – s’est montré plus pessimiste en estimant que la livraison pourra avoir lieu « en 2026, si nous n’avons pas de chance ».

Ce doublement de la demande mondiale risque aussi de compliquer la décarbonation du secteur aérien. L’IATA et les Etats représentés à l’ONU se sont engagés à ce que les avions ne contribuent plus au réchauffement climatique à l’horizon 2050. Le principal levier de ce « zéro émission net » consiste à utiliser des carburants d’origine non fossile fabriqués à partir de biomasse puis de CO2 et d’hydrogène, des défis technologiques qui mobiliseront des budgets colossaux.

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