La tendance se confirme : la population mondiale atteindra un pic bien avant la fin du siècle, selon les dernières projections de croissance démographique de l’ONU à l’horizon 2100.

L’augmentation de la population mondiale, qui devrait se poursuivre jusqu’au milieu des années 2080, laisse entrevoir deux tendances opposées. D’un côté, la poursuite ou l’avènement du déclin démographique parmi les pays développés. De l’autre, le maintien d’une forte croissance de la population dans les régions les moins avancées.
C’est un véritable renversement des équilibres qui se profile, puisque la Chine, l’Etat le plus peuplé au monde, a déjà dépassé son pic. D’ici trente ans, elle devrait perdre 200 millions d’habitants, soit 14 % de sa population.

10,3 milliards d’habitants au milieu des années 2080
La tendance globale reste à la hausse, comme l’annonçaient les précédentes projections de l’ONU . La planète, qui comptait à peine 1 milliard d’habitants au début du XIXe siècle et 2,6 milliards en 1950, a dépassé la barre symbolique des 8 milliards d’êtres humains le 15 novembre 2022. Depuis, la population a augmenté d’environ 2,5 %, pour atteindre 8,2 milliards en 2024.
Selon le rapport de l’ONU, la démographie mondiale devrait encore s’accroître de 25 %, jusqu’à atteindre 10,3 milliards d’habitants au milieu des années 2080. Ce serait un pic. Elle devrait ensuite se tasser avant d’amorcer un léger recul à 10,2 milliards en 2100.

Vieillissement et baisse de la fécondité
La hausse de l’espérance de vie, liée à la lutte contre la faim, à la facilitation de l’accès aux soins et aux progrès de l’éducation, explique en grande partie la croissance démographique. Selon les Nations unies, l’espérance de vie mondiale à la naissance a atteint 73,3 ans en 2024, contre 46,5 ans en 1950. Elle devrait s’élever à 77 ans en 2050.
Mais, pour la première fois, la probabilité que la population mondiale connaisse un pic avant la fin du siècle dépasse les 80 %. A titre de comparaison, ce scénario n’avait que 30 % de chances de se produire selon les projections du début des années 2010.
L’amélioration des conditions de vie s’accompagne d’une baisse de la fécondité. L’indice de fécondité dans le monde est passé de 3,31 enfants par femme en 1990 à seulement 2,25 en 2024. Il ne devrait pas dépasser 2,07 en 2050. Dès aujourd’hui, les deux tiers de la population mondiale vivent dans une région où la fécondité est inférieure à 2,1, le minimum pour assurer le renouvellement des générations. Les principales causes de cette diminution résultent de la scolarisation des jeunes filles et de la généralisation du recours à la contraception.

Déclin démographique
Toutefois, le rapport des Nations unies souligne de grands écarts liés au niveau de développement. D’un côté, pas moins de 63 pays, regroupant 28 % de la population mondiale, ont déjà connu leur pic démographique. Sans surprise, il s’agit des Etats les plus développés – l’Allemagne, l’Italie ou encore le Japon -, confrontés à la double peine du vieillissement de leur population et de la baisse du taux de natalité.
En 2024, l’âge médian de la population allemande s’établit à 44,9 ans, tandis qu’il avoisine 47,7 ans en Italie. A l’opposé, il ne dépasse pas 15,1 ans au Tchad et 14,5 ans au Niger.
Par ailleurs, l’ONU prévoit que, pour 48 pays – soit 10 % de la population mondiale -, ce pic sera atteint dans les trente prochaines années. Parmi eux, l’Argentine, le Brésil, l’Indonésie ou encore l’Iran.

Poursuite de la croissance
D’un autre côté, 126 Etats, soit près des deux tiers, devraient poursuivre leur croissance démographique au-delà des trente prochaines années. Il s’agit en particulier des pays les moins avancés comme le Mali, le Soudan ou l’Afghanistan. La population d’Afrique subsaharienne devrait s’accroître des deux tiers d’ici 2050.
Le rapport réserve aussi quelques surprises. Ainsi, la France et le Royaume-Uni – dont les taux de fécondité en 2021 ne dépassaient respectivement pas 1,83 et 1,56 – font partie des Etats dont la population devrait continuer à croître jusqu’à la fin du siècle. Aux Etats-Unis, cette croissance devrait même se poursuivre au-delà de l’année 2100. Car l’immigration pourrait atténuer la baisse de la démographie dans pas moins de 50 Etats, en particulier ceux de l’Union européenne. 

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