L’Euro de football est terminé mais cela n’empêche pas Daniel Kretinsky de vouloir jouer dans tous les pays du Vieux Continent. Sous la houlette de son actionnaire de contrôle, FNAC Darty lance une OPA sur son homologue italien, Unieuro.
Une cible de longue date, à la culture proche, dont le premier actionnaire à hauteur de 12,2 % n’est autre qu’une vieille connaissance de Daniel Kretinsky : Iliad, le groupe de Xavier Niel. Le conseil de l’entreprise installée à Forli, non loin de Rimini, ne s’est pas encore prononcé.
« C’est la nouvelle étape de notre projet de croissance et de consolidation que le Covid avait mis sur pause, explique Enrique Martinez, le directeur général de FNAC Darty. On sent que nous sommes sur un bas de cycle, c’est le moment d’y aller. »
Leader italien
Dans cette opération, le leader de la vente de matériel électronique et électroménager de l’autre côté des Alpes est valorisé 249 millions d’euros. Pour l’avaler, FNAC Darty et Ruby, l’un des bras armés du nouveau propriétaire tchèque de Casino , créent une structure ad hoc qui doit être contrôlée à 51 % par l’enseigne.
Celle-ci propose aux actionnaires du commerçant italien coté à Milan une prime de 34 % par rapport à la moyenne du cours de l’action des trois derniers mois. Dont les deux tiers en cash, le reste étant constitué d’actions FNAC Darty, qui fera dans la foulée une augmentation de capital équivalente à 6,6 % du capital post-opération. Le groupe français possède déjà 4,4 % des parts de l’objet de ses convoitises, et en espère 90 %.
« Nous consolidons le marché en Europe latine. Nous profitons du soutien pour ne pas mettre trop de poids sur le groupe », précise Enrique Martinez, qui espère boucler l’opération d’ici décembre. La hausse de la dette de FNAC Darty, qui détient également Nature & Découverte, doit se limiter à 56 millions d’euros. Le fonds Ruby, de son côté, déboursera 122 millions d’euros.
Viser l’Europe
Fort de 500 magasins et quelque 5.000 salariés, Unieuro affichait l’an dernier 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires – dont 14 % tirés de la vente en ligne et une bonne partie tirée des services après-vente (comme son soupirant) -, pour un résultat net de 44,5 millions. Pour le groupe français, c’est une grosse opération.
Avec ce renfort, FNAC Darty monte une marche. Si l’affaire se concrétise, le groupe présentera plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 30.000 salariés. Surtout, le deal permettrait au groupe tricolore de contrôler le marché en France, en Italie (qui deviendra son deuxième marché), en Belgique, en Espagne et au Portugal, avec des marques locales et des synergies sur les achats et les marques distributeurs.
« Les ventes hors France se rapprocheraient de la barre des 50 %, c’est mieux pour l’équilibre » du groupe, juge le dirigeant, qui veut rivaliser avec l’anglais Currys et l’allemand Cee Economy sur la scène européenne.
Les affaires se maintiennent
En parallèle, le groupe a dévoilé des résultats préliminaires pour le premier semestre. Le chiffre d’affaires s’avère en légère croissance de 1,4 %, à 3,4 milliards d’euros, et le résultat opérationnel est dans le rouge de 34 millions, comme l’an dernier sur la même période.
« On maintient la ligne dans un contexte politique et économique peu évident », juge Enrique Martinez, qui maintient son objectif de rentabilité pour l’année – environ 170 millions d’euros de résultat opérationnel courant.
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