La French Tech est un peu en convalescence. Après dix-huit mois difficiles liés à la remontée des taux et l’inflation, les levées de fonds ne repartent pas à la hausse. Comme l’a révélé le dernier baromètre d’EY sur le capital-risque en France, les start-up françaises ont levé 4,26 milliards d’euros au premier semestre 2024, soit le même montant que sur les six premiers mois de l’année 2023. Un chiffre qui est (heureusement) porté par des méga levées dans l’IA – dont celle de Mistral AI à 600 millions – et la greentech, un segment qui nécessite des capitaux importants pour bâtir des infrastructures.

C’est donc sans grande surprise que les start-up qui oeuvrent pour la transition écologique soient les plus grosses pourvoyeuses d’emplois, selon la dernière étude du syndicat Numeum, basé sur un échantillon de plus de 13.000 start-up.
Au premier semestre 2024, elles ont créé près de 2.800 emplois, soit 21 % du total national. Les start-up industrielles arrivent en deuxième position avec près de 2.700 emplois créés (20 % du total). Ces deux typologies de start-up sont principalement basées en régions.

Si l’Île-de-France reste, sans grande surprise la région la plus dynamique avec une concentration de 54 % des emplois, la région Auvergne-Rhône-Alpes monte en puissance avec 11 % des emplois nets créés au premier semestre. Cette dernière accueille beaucoup de jeunes sociétés dans l’énergie solaire (autour de Lyon) ou encore l’électronique (autour de Grenoble).

Plus globalement, la French Tech continue de faire grossir doucement ses rangs. Sur les six premiers mois de l’année, 20 % des start-up tricolores ont créé de l’emploi, 65 % ont maintenu leurs effectifs mais 15 % ont supprimé des postes.
Au total, près de 13.500 emplois ont été créés au premier semestre 2024, pour atteindre plus de 342.000, soit une hausse de 4 % sur six mois. Au premier semestre 2023, la croissance s’élevait à 7,2 %. « Les chiffres sont plus mesurés que l’année dernière et celle d’avant mais globalement la création d’emplois est assez stable », souligne Guillaume Buffet, administrateur chez Numeum. Alors qu’avril 2023 avait été un mauvais mois avec 3.400 suppressions d’emplois, avril 2024 a été un mois positif avec 3.000 emplois créés. « Il n’y a pas vraiment de saisonnalité dans la French Tech car les start-up évoluent dans pleins de secteurs », précise Guillaume Buffet.

Les membres de l’indice French Tech 120, ont de leur côté créé plus de 3.400 emplois sur ce premier semestre 2024, soit une hausse de 6,2 % sur cette période. C’est aussi 2,2 points de plus que la moyenne des start-up françaises. Le plus gros créateur d’emplois a été Anywr, spécialiste du recrutement international et de la mobilité professionnelle, avec 609 nouveaux postes. Il est suivi du réseau de conseillers immobiliers Safti (201), la néobanque Qonto (175), la plateforme de notation RSE EcoVadis (144) et Blablacar (137).

Le climat politique incertain pourrait casser cette dynamique. La French Tech, fortement soutenue par Emmanuel Macron, est inquiète de voir certaines règles changer dans les mois à venir (suppression du crédit d’impôt recherche par exemple).

Au lendemain des élections législatives, Numeum a d’ailleurs appelé à la création d’un ministère chargé du numérique. « Nous sommes à un point d’inflexion où il faut accélérer la numérisation de l’économie pour gagner en productivité face aux Etats-Unis et la Chine. Numeum travaillera avec les nouveaux institutionnels, comme il l’a toujours fait, et sera particulièrement attentif à ce que les politiques publiques à venir prennent puissamment en compte le rôle majeur du numérique, moteur de la transformation sociale, sociétale, environnementale et économique dont ont besoin notre pays et l’Europe plus globalement. »

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