Le secteur naissant des petits avions électriques ou des taxis volants ressemble de moins en moins à une lubie d’ingénieurs en quête de laissez-passer « vert ». En tout cas, le marché potentiel existe, comme le montre le contrat annoncé jeudi par la société allemande Lilium.

Le développeur allemand d’avion électrique à décollage vertical a ainsi remporté jeudi une commande historique pour vendre jusqu’à 100 Lilium Jet à la compagnie aérienne publique saoudienne Saudia.

Un contrat de plusieurs centaines de millions
Cet avion électrique à décollage vertical n’a pas encore volé, mais le groupe Saudia a signé en grande pompe son contrat au siège de Lilium, à Gauting près de Munich. Il porte sur une commande ferme de 50 appareils, complété par une option pour 50 machines supplémentaires.
Le contrat, dont le montant n’est pas dévoilé, mais s’élèverait autour de 400 millions de dollars (367 millions d’euros), comporte un calendrier d’acomptes et de paiements avant la livraison des premiers appareils, prévue en 2026. Il est accompagné d’un cahier des charges précis pour garantir les performances des Lilium Jet qui seront livrés, ainsi que de clauses de maintenance.
Le transporteur saoudien précise qu’il souhaite utiliser ces taxis aériens pour transporter des pèlerins entre La Mecque et Djeddah, ou pour emmener ses invités vers de grands événements sportifs à Riyad ou bien encore pour du transport touristique.
Créée en 2015 , la société bavaroise compte déjà plus de mille salariés et a démarré fin 2023 la production de son avion électrique. Il doit pouvoir transporter jusqu’à six personnes. Le premier vol « habité » est prévu début 2025. A la mi-juillet, la société a précisé qu’elle avait mis en chantier ses deux premiers appareils dans son usine de Guanting.

« Lilium Jet MSN 2 […] est en cours d’assemblage avec son fuselage, son train d’atterrissage, son aile, son canard et ses harnais électriques, a déclaré le PDG, Klaus Roewe. Avec l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA), nous continuons à travailler sur le niveau de sécurité le plus élevé de notre produit et nous accélérons la production de nos avions d’essai. » Et de promettre qu’il annoncera avant la fin de l’année, le lieu de lancement du premier Lilium Jet.
Cela pourrait bien avoir lieu en Arabie saoudite. Le groupe Saudia, qui engloe Saudia, la compagnie aérienne nationale du Royaume d’Arabie saoudite et la compagnie low-cost Flyadeal, s’est engagé à apporter son soutien stratégique au processus de certification de Lilium auprès de l’agence de régulation de l’aviation d’Arabie saoudite. La commande saoudienne donne en tout cas des ailes aux équipes de Lilium, en grande partie des anciens d’Airbus.

Un projet d’usine près de Bordeaux
Entrée triomphalement au Nasdaq en septembre 2021 , avec une valorisation qui a atteint jusqu’à trois milliards de dollars, Lilium a vu son cours de Bourse chuter de plus de 10 dollars à moins d’un dollar et est retombée dans l’ombre en 2022. Fin 2023, Lilium a obtenu une nouvelle levée de fonds de quasiment 200 millions de dollars et a repris confiance.
En mai dernier, l’entreprise a laissé entendre qu’elle pourrait installer une usine en Aquitaine, mais à condition d’obtenir un montant important de subventions et prêts garantis, autour de 250 millions d’euros. Lilium a encore besoin de lever plusieurs centaines de millions jusqu’à la mise en service de son appareil.
Le coup de pouce saoudien est donc bienvenu. Avec cette commande, Lilium indique avoir désormais un carnet de commandes de 780 taxis aériens électriques, qui se compose de 106 commandes et réservations fermes, 76 options et environ 600 appareils sous protocole d’accord. Les pays intéressés sont les Etats-Unis, la Chine, le Brésil et à présent l’Arabie saoudite.

Le rival de Volocopter
« Le Moyen-Orient est une priorité pour Lilium, et l’Arabie saoudite constituera un marché très vaste et passionnant pour les véhicules électriques à grande vitesse », s’est enthousiasmé Klaus Roewe.
Lilium est en compétition avec son compatriote Volocopter, qui espère profiter de la vitrine offerte par les Jeux Olympiques de Paris pour faire voler ses appareils au-dessus de la capitale française. Le gouvernement a donné son accord pour faire atterrir les Volocity sur un vertiport situé quai d’Austerlitz depuis les aéroports de Roissy, du Bourget, d’Issy-les-Moulineaux ou de Saint-Cyr-l’Ecole, après l’accord donné par le gouvernement, contre lequel la Mairie de Paris veut toutefois engager un recours en référé-suspension.
Volocopter souhaite décrocher la certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne avant la fin de l’année, mais la société n’a pas encore le modèle de quatre places qui lui permettrait de commercialiser son appareil à l’horizon 2027-2028.
Volocopter, qui prévoyait initialement d’aligner cinq appareils durant les JO de Paris, ne pourrait en fournir qu’un ou deux, les autres appareils étant nécessaires à la poursuite des tests de certification. Dans la bataille des taxis volants, l’obtention de la certification de l’EASA est un élément clé.

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