Le tunnel ferroviaire Lyon-Turin, le plus long du monde et en cours de percement, va pouvoir continuer à tracer son sillon en vue de son inauguration prévue en 2032.

Bruxelles a accordé ce mercredi un double coup de pouce financier au projet transfrontalier, d’un montant de 765 millions d’euros sur plusieurs années, à la suite d’un appel à projet. A charge pour la France et l’Italie de débloquer en parallèle les mêmes sommes, à hauteur de 30 % du percement global du tunnel pour l’Italie et de 20 % pour la France.

Avant-projet détaillé
A la suite d’un appel à projet, la Commission européenne, actuellement en plein renouvellement , va débloquer 700 millions en faveur du tunnel proprement dit, qui représente un double tronçon de 57,5 kilomètres. Soit 164 kilomètres de galeries dont 37 km ont déjà été creusés.
La somme sera versée au maître d’ouvrage TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), la société publique franco-italienne ad hoc créée dès 2015. Cette subvention européenne sur 2024-2027 « est le troisième plus important investissement sur les 134 projets sélectionnés », se réjouit la société binationale.
Une autre enveloppe séparée, de 64,6 millions d’euros, sera affectée par Bruxelles aux études d’avant-projet détaillé (APD), pour lancer sous l’égide de SNCF Réseau les études des longues voies d’accès côté français, prévues entre Dijon et Modane.
Même si ce second engagement est cohérent avec les encouragements précédents de la Commission, poussant la France à accélérer ses travaux préparatoires, son déblocage n’allait pas forcément de soi : il s’inscrit dans une distribution totale de 7 milliards d’euros en faveur des cofinancements pour les projets européens d’interconnexion en Europe, mais les demandes cumulées des Etats étaient très supérieures à cette enveloppe pluriannuelle, relève Stéphane Guggino, le délégué général du comité La Transalpine, qui défend la liaison binationale.
Ces 65 millions permettront d’engager « la dernière étape préalable avant les travaux » des voies d’accès, selon lui. Leur déblocage a été rendu possible par un accord franco-français de dernière heure, scellé fin janvier entre l’Etat et les collectivités locales , au terme de longs et difficiles débats. A la veille du coup de gong, les parties s’étaient accordées sur un financement des études à hauteur de 59,1 millions pour l’Etat et 40,2 millions pour les collectivités (région Auvergne-Rhône-Alpes, départements concernés, grandes agglomérations).

Incertitudes gouvernementales
Mais avant que SNCF Réseau puisse engager en 2025 son programme d’études pour trois ans, il faut encore un feu vert du gouvernement, selon les proches du dossier. Ce qui n’est pas une formalité en raison des incertitudes politiques nationales actuelles, et des pouvoirs exacts du gouvernement démissionnaire.
Principalement destiné au transfert du fret franco-italien et européen de la route vers le train, et à un moindre degré au transport de passagers, le projet de tunnel perdrait de son intérêt sans la réalisation des voies d’accès. Créant un goulot d’étranglement côté français, alors que les Italiens pourraient faire passer côté Piémont jusqu’à 162 trains de fret par jour.

Les accès côté français restant encore à financer pour des travaux de 8 à 15 milliards (dont une part européenne) portent « sur le tracé du scénario dit « grand gabarit », le plus favorable au fret ferroviaire, choisi par une majorité des collectivités locales concernées », rappelle La Transalpine. Ce tracé compte notamment six tunnels supplémentaires à percer, côté français, sur un total de 74,4 kilomètres. Mais ils ne seront pas finalisés pour l’inauguration du tunnel alpin en 2032.

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