Qu’arrive-t-il au groupe Nestlé ? Le leader mondial de l’alimentation traverse une mauvaise passe. Les ventes organiques ont progressé de 2,1 % au premier semestre, moins qu’attendu, et, ce jeudi, le groupe a revu à la baisse sa prévision de croissance pour l’année à moins de 3 %. Il doit baisser ses prix davantage.Un bilan mitigé qui arrive après des semaines mouvementées. Nestlé, dont l’image est historiquement liée au lait pour bébé en pharmacie et à une politique de qualité extrême, ne cesse depuis des mois d’être soupçonné de déroger aux règles sanitaires.

Les affaires s’enchaînent sans répit autour de l’activité de sa division Nestlé Waters en France, où l’on regarde le groupe d’un autre oeil depuis le scandale des pizzas contaminées de l’usine Buitoni de Caudry (Nord), qui lui vaut une mise en examen.

La justice enquête sur l’eau
Après l’obligation qui lui a été faite par l’Agence régionale de santé (ARS), en avril, de détruire deux millions de bouteilles de Perrier sur le site de Vergèze dans le Gard , après l’injonction de désinfection de certains points de captage souillés par des matières fécales, après l’ouverture d’une enquête pour filtration de l’eau vendue comme eau minérale, Nestlé fait l’objet d’une nouvelle enquête du parquet d’Epinal.
Cette fois, ce n’est plus Perrier qui est dans le viseur mais Contrex et Vittel, deux autres des marques étendards d’eau minérale de Nestlé.
L’enquête devra déterminer si Nestlé Waters a bien exploité neuf forages sans autorisation dans les Vosges, dont cinq pour Contrex et Vittel, et vendu illégalement 19 milliards de litres d’eau entre 1992 et 2019, comme le dit Mediapart sur la base d’un rapport de l’Office français de la biodiversité (OFB) rendu au procureur de la République.
Le groupe a, pour sa part, répondu que « chaque mètre cube d’eau collectée est déclaré aux autorités », mais que « certains éléments administratifs d’il y a plusieurs dizaines d’années sont en cours d’évaluation par le procureur d’Epinal » et que « Nestlé Waters coopère pleinement ».

Dans le cadre de la première enquête, Nestlé a reconnu avoir eu recours à des procédés interdits de filtration au charbon actif et de lampe UV pour purifier l’eau vendue comme minérale, ce qui est interdit par la réglementation, afin d’en « préserver la sécurité alimentaire » .

Le feu des actionnaires
Ces affaires successives ont valu au groupe, qui traverse une passe boursière difficile – l’action recule de 10 % depuis un an -, et doit faire face à une croissance en berne – recul de son chiffre d’affaires l’an dernier à 97 milliards d’euros -, des interventions accusatrices lors de son assemblée générale à Vevey (Suisse) le 18 avril dernier.
Un membre de l’ONG britannique Bite Back n’a pas hésité à accuser Nestlé « d’inonder les rues de malbouffe » et d’être, avec d’autres groupes agroalimentaires, à l’origine « de problèmes de santé d’un enfant sur trois dans les quartiers défavorisés des villes britanniques ».

Des actionnaires ont mis en cause le groupe sur la teneur en sucre de certains produits. Mark Schneider, le patron de Nestlé, a alors fait valoir « des différences de goût » d’un pays à l’autre, insistant sur le respect des normes de chacun d’entre eux.

Une motion, rejetée par la majorité des actionnaires a été déposée, réclamant une part plus importante de produits sains dans le portefeuille du géant de l’agroalimentaire. Pour Paul Bulcke, le président du groupe, une telle stratégie affaiblirait certaines offres, laissant le champ libre à des concurrents moins scrupuleux.

Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr