Le groupe de cosmétiques haut de gamme Estée Lauder tourne une page de son histoire, dans un contexte de fortes turbulences. A l’inverse du géant du secteur, L’Oréal, qui continue de surperformer le marché, la firme américaine résiste mal au déclin du « travel retail » en Asie et souffre de la faiblesse persistance de la demande en Chine.

Le groupe, qui détient la marque Estée Lauder, Clinique, The Ordinary ou les parfums Jo Malone, a averti lundi que son chiffre d’affaires et ses bénéfices pour 2025 s’inscriront en dessous des attentes. Il a par ailleurs annoncé le départ de son emblématique PDG, Fabrizio Freda, 66 ans, en juin 2025.

La nouvelle de ce départ en retraite était attendue mais l’échéance surprend, car le groupe new-yorkais n’a pas encore trouvé son successeur. L’entreprise affirme toutefois qu’elle a « bien avancé » dans sa recherche, examinant plusieurs candidats internes et externes. Elle précise que jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé, Fabrizio Freda continuera à diriger le groupe et à superviser les priorités stratégiques, financières et d’investissement.

Restructuration
En juillet, Estée Lauder avait déjà fait état de la nomination d’Akhil Shrivastava à la direction financière ; un changement jamais opéré au cours de la dernière décennie. Le propriétaire de Clinique est depuis le début de l’année en phase de redressement. Il a engagé un plan de restructuration qui prévoit la suppression de 3.000 postes.

Estée Lauder a généré un chiffre d’affaires net annuel en recul de 2% à 15,61 milliards de dollars sur son dernier exercice, clôturé en juin. Le groupe, qui a connu lundi une correction de son titre de 7 % en Bourse, a admis s’attendre à ce que ses ventes pour 2025 se situent entre une baisse de 1 % et une hausse de 2 %. Les analystes tablaient sur une hausse de plus de 6 %. Le bénéfice annuel ajusté par action pour la période est attendu entre 2,75 dollars (2,49 euros) et 2,95 dollars, alors que les analystes prévoyaient 3,96 dollars.

Le géant des cosmétiques est pénalisé par la faiblesse de la demande de produits de beauté de prestige en Chine, où les groupes internationaux sont concurrencés par de nouvelles marques locales soutenues par Pékin.
L’annonce du départ du PDG Fabrizio Freda s’apparente à la fin d’une ère. L’Italien occupe ce poste depuis quinze ans (2009), après avoir rejoint le groupe un an plus tôt. Estée Lauder l’avait débauché du géant Procter & Gamble où il avait dirigé la division santé et beauté.

Fabrizio Freda a joué un rôle déterminant pour faire d’Estée Lauder « un acteur incontournable du secteur de la beauté qui reste résilient », note un analyste. La firme a connu des déboires à partir de la crise du Covid-19. Elle n’a pas su redresser la barre.

Estée Lauder est depuis la sortie de la pandémie sous pression en raison de sa dépendance à l’Asie et de son manque d’agilité. le groupe souffre de la comparaison avec L’Oréal, qui a également fait état d’un recul de ses ventes en Asie du Nord au deuxième trimestre, mais qui a compensé cette baisse avec des ventes plus fortes ailleurs, notamment en Europe. Depuis 2023, Estée Lauder s’efforce d’augmenter ses ventes sur son marché d’origine, les Etats-Unis, où plusieurs de ses marques ont perdu du terrain. Au cours du dernier trimestre, le chiffre d’affaires y est en repli de 5 %.

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