Que ce soit en raison des conflits armés, des catastrophes naturelles ou pour des motifs économiques, le nombre de migrants dans le monde n’a cessé de gonfler. Entre 1990 et 2020, le chiffre a grimpé de 83 %, dépassant de loin la croissance démographique mondiale (47 %). C’est ce que révèle une étude publiée lundi par le centre de recherche américain Pew Research Center, dont l’originalité est de prendre le prisme de la religion pour analyser l’évolution du paysage des migrants au niveau mondial.

En trois décennies, le nombre de personnes vivant en dehors de leur pays de naissance est ainsi passé de 153 millions (1990) à 280 millions (2020), pour composer, au total, 3,6 % de la population mondiale.

Les chrétiens représentaient environ 47 % de ces personnes vivant hors de leur pays de naissance en 2020. Suivaient les musulmans (29 %), les hindous (5 %), les bouddhistes (4 %) et les juifs (1 %). Les agnostiques et les athées, quant à eux, représentaient un chiffre assez élevé de 13 %.
Au cours de la période étudiée, aucune religion particulière n’a pris le pas sur une autre. « La composition religieuse de tous les migrants internationaux est restée relativement stable depuis 1990 », relèvent Stephanie Kramer et Yunping Tong, les auteurs de l’étude. Même si les schémas migratoires des groupes religieux sont différents, il n’en demeure pas moins une constante : les migrants se rendent souvent dans des pays où leur identité religieuse prédomine.

Les Etats-Unis et l’Europe privilégiés
La part des chrétiens (47 % pour 131 millions de personnes) dans le total des migrants est plus importante que leur part dans la population mondiale (30 %). La plupart vivent principalement en Europe (37 %) ou en Amérique du Nord (30 %). Ils ont eu tendance à s’installer dans des pays qui comptent déjà d’importantes populations chrétiennes. Quatre de leurs dix principales destinations sont des pays majoritairement anglophones.
Les Etats-Unis ont été leur première destination, suivie par l’Allemagne. « La route la plus courante pour les migrants chrétiens est, de loin, celle du Mexique vers les Etats-Unis. Plus de 11 millions de chrétiens mexicains l’ont empruntée. En 2020, environ 8 % des migrants chrétiens dans le monde sont nés au Mexique et vivent désormais aux Etats-Unis », soulignent les deux auteurs. Il faut y voir un effet lié à l’accord de libre-échange nord-américain.

Un migrant sur trois est musulman
Du côté des musulmans, la part des migrants (29 % avec 80 millions de personnes) est également supérieure à leur part dans la population mondiale (25 %) mais dans une proportion moindre que celle des chrétiens. D’où viennent-ils ? D’Asie-Pacifique. Cette zone totalise près de la moitié des migrants musulmans. Viennent ensuite les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La Syrie est le pays d’origine le plus courant au regard du conflit qui sévit dans le pays depuis 2011.
Là encore, les migrants musulmans privilégient des pays de destination où leur religion est prédominante. Ils se sont déplacés en priorité vers l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour des raisons économiques évidentes. La Turquie se place en troisième position. Viennent ensuite l’Allemagne (3,7 millions de migrants musulmans) et les Etats-Unis (3,6). La France en recense 2,6 millions.

Concernant les juifs, un sur cinq réside en dehors de son pays de naissance. S’ils ne composent que 0,2 % de la population mondiale, la part de leurs migrants au niveau mondial est bien plus importante (1 %). Environ la moitié des 3 millions de migrants juifs vit au Moyen-Orient, principalement en Israël, et en Afrique du Nord. L’Europe (21 % des migrants) et l’Amérique du Nord (16 %) sont les deux autres destinations qu’ils privilégient.

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