Les grands chassés-croisés estivaux comptent une nouvelle catégorie de véhicules, à côté des moteurs diesel, essence et hybrides : les voitures 100 % électriques, qui n’hésitent plus à braver les autoroutes sur de longs parcours. Finie l’angoisse de la panne de batterie, voire celle de la longue queue devant l’unique borne de recharge disponible.

Cette année, plus de 14.000 bornes de recharge ultrarapides (plus de 150 kilowatts) ont été installées à grands frais sur les principaux axes et aux abords des villes, selon le baromètre du ministère de la Transition écologique et de l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere). Et malgré des prix de recharge élevés par rapport à une charge lente à son domicile, les Français n’hésitent plus à gaver de watts leur véhicule pour les départs en vacances.

Demande en forte hausse
En juillet, les sessions de recharge ont bondi de 127 % par rapport à la même période en 2023, selon TotalEnergies qui a doublé en un an son parc de bornes à haute puissance, selon l’AFP. Tandis que le nombre de kWh vendus aux automobilistes de passage a grimpé de 110 %. Même constat chez l’autre opérateur Ionity, qui relève un bond de 70 % des sessions de recharge pendant les grands week-ends d’été, particulièrement sur l’axe majeur Nord-Sud, A6, A7 et A9.
Au-delà d’une meilleure disponibilité des bornes, restent néanmoins deux mauvaises surprises pour les automobilistes qui empruntent très occasionnellement l’autoroute avec leur véhicule à batterie : des prix très salés et un certain manque de transparence.
Le coût moyen d’une recharge ultrarapide a atteint 21,35 euros au premier semestre (pour 40 kWh, avec des frais de service) selon un rapport de l’Avere. Le tarif de ces recharges a ainsi augmenté de 6,77 % au cours des six premiers mois de 2024. Mais certains opérateurs facturent encore au kWh et à la minute, et ce coût atteint alors 26,40 euros. Selon les données de TotalEnergies, le coût moyen d’une recharge atteint 19,75 euros pour circuler sur 100 km, soit un plein nettement plus cher qu’avec une voiture essence ou diesel, même sans tenir compte du prix élevé du véhicule.
Même avec un abonnement, qui allège la facture, le prix du kWh peut aller du simple au double selon les bornes, les opérateurs (TotalEnergies, Engie, Ionity) et les fournisseurs de cartes et d’abonnements (ChargeMap, Plugsurfing), relève encore l’AFP. Les conducteurs font donc des « demi-pleins » sur autoroute, en attendant de trouver mieux à leur point d’arrivée.

Peu de transparence sur les prix réels
Dans un avis paru en juin, l’Autorité de la concurrence a pointé « un déficit informationnel des consommateurs » sur le tarif de la recharge, pour comparer les prix, mais aussi « pour connaître le prix effectivement payé ». Le gendarme de la concurrence a recommandé « d’imposer » aux opérateurs une tarification systématique de la recharge au kWh, sans prendre en compte le temps passé à la borne (plus ou moins de 25 minutes), ainsi que « la transmission en temps réel par point de recharge » de ces tarifs pour qu’ils soient comparables en ligne. Sur le modèle du site gouvernemental qui publie les tarifs des pompes à essence de toute la France.

De son côté, l’Autorité de régulation des transports (ART) constate que ces tarifs sont un « frein à l’électrification du parc automobile ». Les commissions sur la recharge électrique versées aux sociétés d’autoroute atteignent 18 % du chiffre d’affaires en moyenne, soit beaucoup plus que les 4,2 % constatés sur les autres activités (carburant, restauration).

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