La trêve olympique a permis une accalmie sur la scène politique française. Notre pays a également bénéficié cet été d’une accalmie inespérée sur le front des événements climatiques. Deux « petites » vagues de chaleur. Les désormais traditionnels feux de forêt. Moins visibles du plus grand nombre, des glissements de terrain dans les Alpes ; et un record de température pour les eaux de la Méditerranée, qui bat celui de 2022. Mais pendant ce temps, le reste du monde a battu des records de chaleur. Avec les conséquences associées : inondations meurtrières au Bangladesh ou au Yémen ; violents incendies en Californie, au Canada, au Brésil, en Turquie et en Grèce ; sécheresse au Maroc. Le climat continue de changer et nous ne sommes toujours pas prêts.

La composition de l’Assemblée nationale élue en juillet va nécessiter des coalitions de projets. L’adaptation au changement climatique est justement un sujet qui pourrait bien s’y prêter. Elle constitue un objectif qui peut être partagé d’un bout à l’autre du spectre politique, avec un angle sécurité des populations et de l’économie ; ou équité et protection des plus vulnérables ; ou les deux en même temps. Le sujet a été jusqu’ici peu défriché par la classe politique : les postures partisanes sont donc moins affirmées. Et enfin, les réponses bonnes ou mauvaises par principe n’existent pas. Le cas type : le stockage de l’eau, bien ou pas bien ? La réponse dépend du territoire concerné, pour quels usages, avec quel projet local, quelle gouvernance du partage de la ressource, etc.

Débattre
Le recentrage du pouvoir vers le Parlement pourrait permettre des débats intéressants sur l’adaptation climatique. Là où cela renvoie à des visions, des priorités différentes. Sur le niveau de risque acceptable (et donc d’investissement souhaitable) pour la continuité des services publics, sur l’avenir de l’agriculture ou encore sur la pérennité du système de solidarité nationale face aux catastrophes naturelles. Il n’y a en effet pas une seule bonne façon de s’adapter, mais des choix à faire. De la politique, en somme.
Avec l’arrivée dans quelques semaines au Parlement du projet de loi de finances – et de la stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique -, c’est aussi le moment de poser systématiquement la question de l’évolution du climat dans nos investissements et dans nos dépenses, publiques mais aussi privées. La puissance publique et les acteurs privés dépensent déjà plusieurs milliards d’euros par an pour adapter l’économie au changement climatique. C’est à la fois insuffisant, car nombre d’actions d’adaptation ne sont pas financées, et peu efficace si l’on ne rehausse pas l’ambition des politiques d’adaptation. A titre d’exemple, déjà près de 2 milliards d’euros sont dépensés par an pour les dommages assurés sur le bâtiment pour les risques inondation et retrait-gonflement des argiles. Pour le plus souvent… reconstruire à l’identique.

Planifier
Les deux derniers gouvernements ont élaboré le troisième plan national d’adaptation au changement climatique. Ce plan, aujourd’hui en attente d’adoption formelle, constitue une base solide, qu’un débat parlementaire pourrait enrichir. La planification de l’adaptation est en effet plus que jamais nécessaire, avec des perspectives de long terme à construire, et des besoins de court terme auxquels répondre dès cet automne.
Quelques idées ? Dans le bâtiment, systématiser la prise en compte du climat futur dans les normes de construction neuve et les critères des aides à la rénovation. Dans les réseaux de transport et d’énergie, cibler et prioriser les investissements, et demander des comptes aux gestionnaires sur la mise en oeuvre de stratégies d’adaptation. Dans l’agriculture, déployer à l’échelle les solutions permettant d’adapter les cultures existantes, mais aussi préparer de possibles transformations plus structurelles, nécessaires dans les climats du futur.

Benoît Leguet est directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).

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