Le brusque départ du patron de Nestlé en a surpris plus d’un. Malgré les nuages qui s’amoncelaient sur l’horizon du géant suisse depuis trois ans. Annoncée le 22 août, l’éviction de Mark Schneider appelé aux commandes du leader mondial de l’industrie agroalimentaire en 2017 pour ses capacités à étoffer les marges, semble pourtant avoir été envisagée depuis plusieurs mois.

Sollicité par la presse, Paul Bulcke, président du groupe a tenu à souligner que la décision n’était pas aussi « abrupte », qu’elle pouvait le sembler. « Il arrive un moment où on se dit qu’il faut prendre une décision », a déclaré Paul Bulcke dans un entretien accordé au journal suisse « Le Temps ». Et l’on comprend au travers des propos de ce dernier que « les attentes à l’égard de la direction générale » faisaient l’objet depuis quelque temps de discussions au sein du Conseil.
Les problèmes se sont accumulés pour Nestlé comme pour l’ensemble de l’industrie agroalimentaire depuis trois ans, avec le Covid, la guerre en Ukraine et l’inflation, bousculant la consommation et désorganisant les marchés. La croissance réelle interne, après une période faste, est retombée à 0,1 % en 2022, puis -0,3 % en 2023. Les investisseurs se sont détournés et le cours de Bourse a chuté de 20 % en cinq ans à un peu moins de 90 francs suisses l’action sur le marché de Zürich.

Perte de parts de marché
Bien que réfutés à Vevey comme faisant partie des raisons de l’éviction de Mark Schneider, le scandale sanitaire dans l’usine Buitoni en France , puis les soupçons de forages frauduleux de certaines de ses eaux minérales ou les problèmes sanitaires entourant les sources de Perrier, Contrex, Vittel, Hépar ont incontestablement fragilisé un groupe qui s’est bâti sur une image de rigueur et de santé.
Pourtant, aux dires de Paul Bulcke, le gros des préoccupations des administrateurs de Nestlé s’est focalisé sur la perte de volumes de vente et de parts de marché, d’autant que la baisse s’est poursuivie au premier trimestre de l’exercice en cours, tandis que d’autres entreprises agroalimentaires, dont Danone ou PepsiCo entrevoyaient un regain d’activité. « Nous nous sommes demandé si le moteur de la croissance du groupe et si l’exécution opérationnelle fonctionnaient encore parfaitement », a-t-il déclaré au journal « Le Temps ».

Le rythme des innovations a lui aussi ralenti et fait défaut au retour de croissance espéré. Les marques ont souffert d’un sous-investissement. La hausse des prix a en partie gommé la faiblesse des ventes sur deux exercices, mais elle a aussi détourné le consommateur au profit des marques de distributeur et coûté de précieuses parts de marché au groupe.

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