Les tirs répétés des rebelles houthis au Yémen, qui visent sans relâche depuis novembre les navires de commerce soupçonnés, à tort ou à raison, d’avoir fait des escales en Israël, commencent à engendrer une lourde facture en termes écologiques.
Dès les premières attaques de drones ou de missiles les visant , les armateurs ont choisi dans leur grande majorité d’éviter le canal de Suez et la mer Rouge, pour passer par le cap de Bonne-Espérance, la pointe sud de l’Afrique.
Sur des trajets tels que Chine-Europe, cette décision engendre des temps de parcours allongés d’une à deux semaines, en fonction de la vitesse retenue, et d’environ 6.000 milles nautiques (11.100 km) de navigation en plus. Avec une consommation de carburant très logiquement nettement alourdie, surtout si l’allure augmente.
Des routes nettement allongées
Conséquence, les émissions totales de carbone des porte-conteneurs tout autour du globe ont bondi de 15 % au premier semestre 2024, bien loin des nouveaux objectifs fixés par les autorités maritimes internationales, selon le cabinet de veille maritime Marine Benchmark, cité par l’agence Bloomberg. Et encore s’agit-il d’une moyenne de toutes les routes empruntées par les navires, y compris ceux qui ne font jamais de transit en mer Rouge.
Le cabinet suédois basé à Göteborg, qui compile les trajets effectifs des divers navires pour établir ses données, estime que tous types de bateaux confondus (vraquiers, pétroliers, transport de GNL, etc.), les émissions de CO2 du transport maritime se sont alourdies de 23 millions de tonnes toujours au premier semestre (+6 % sur un an).
Soit l’équivalent des rejets annuels de six centrales énergétiques alimentées au charbon. L’ensemble du secteur maritime a ainsi généré un total de 450 millions de tonnes de CO2 en six mois, toujours selon Marine Benchmark.
Chez les experts du sujet, la collecte précise des données fait débat car il n’existe pas d’instrument homogène. Mais au-delà de ces questions d’outils de mesure, un point faisait consensus : si sur le long terme, le transport international de marchandises (7 % des émissions mondiales de CO2) ne parvenait pas à abaisser ses propres émissions, contrairement à d’autres secteurs, c’est parce que les progrès technologiques sont plus qu’effacés par la croissance régulière des divers trafics.
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