Deux ans après le scandale Orpea lié à la publication de son livre « Les Fossoyeurs » sur les manquements du géant des Ehpad privés, le nouveau livre-enquête de Victor Castanet pourrait bien entraîner une tempête dans le secteur de la petite enfance. Le journaliste d’investigation sort ce mercredi « Les Ogres » (aux éditions Flammarion), où il relate les dysfonctionnements au sein de crèches privées.
Pratiques « low-cost », maltraitances, économies de couches… Des premiers extraits, révélés dans la presse, dressent un portrait noir de la situation. Le journaliste cite l’exemple d’une crèche privée People & Baby de Villeneuve-d’Ascq où des enfants auraient été victimes de coups et griffures, ainsi que de privations de nourriture. Dans « Les Ogres », Victor Castanet égratigne particulièrement ce réseau de crèches privées. Christophe Durieux, le patron fondateur évincé de People & Baby en avril dernier, y est surnommé le « Bernard Tapie des crèches », selon « Le Parisien ».
Un « système à bout de souffle »
Les méthodes du géant du secteur avaient déjà été dénoncées dans le livre enquête « Babyzness » de Bérangère Lepetit et Elsa Marnette, publié en septembre 2023. La parution de cet ouvrage, ainsi que celle du livre « Le prix du berceau » de Mathieu Périsse et Daphné Gastaldi, avait entraîné la création d’une commission d’enquête de l’Assemblée sur le modèle économique des crèches. En mai, son rapport a pointé un « système à bout de souffle » .
Outre les groupes de crèches privées, les pouvoirs publics sont aussi mis en cause par Victor Castanet. Il accuse les collectivités d’avoir soutenu ce système « low-cost » en choisissant quasi systématiquement les offres les moins chères proposées par les opérateurs de crèches.
Aurore Bergé mise en cause
Dans sa nouvelle enquête, le journaliste, lauréat du prix Albert-Londres du livre en 2022, cible aussi Aurore Bergé, ministre chargée de la Famille entre juillet 2023 et janvier 2024, comme le révèlent des extraits publiés par « Le Parisien » . Victor Castanet l’accuse ainsi d’avoir passé un « pacte de non-agression » avec Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches, le lobby des crèches privées.
Le journaliste affirme à l’AFP qu’il y a eu une demande « de ne jamais critiquer la politique gouvernementale et de soutenir la ministre ». En contrepartie, Aurore Bergé aurait « fait preuve d’une forme de mansuétude vis-à-vis des acteurs privés », et aurait « transmis leurs messages lors de ses allocutions », affirme Victor Castanet.
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