Présentée pendant des années comme indispensable, notamment sous Boris Johnson pendant le Covid , mais jamais mise en place par les précédents gouvernements conservateurs, une loi restreignant sévèrement la publicité pour la malbouffe va entrer en vigueur le 1er octobre 2025 outre-Manche, a assuré Londres en fin de semaine dernière.
A la télévision, cela signifie qu’il ne pourra y avoir de publicité pour certaines chips, boissons et autres produits gras, sucrés et salés qu’après 21 heures. Mais peut-être de façon encore plus significative, les réclames pour ce type de produits seront entièrement bannies en ligne.
Prévention
« Notre mission en matière de santé pointe clairement vers une indispensable révolution en matière de prévention [des maladies] », a justifié Andrew Gwynne, secrétaire d’Etat à la Santé publique, faisant écho à une des pistes pour réformer le système de santé britannique (NHS) , peut-être la mission la plus cruciale pour le Premier ministre travailliste Keir Starmer.
En 2020, l’Association de la publicité britannique s’était dite « amèrement déçue » par une mesure similaire et avait taclé qu’elle « ne réduirait que de 1,7 calorie la consommation des enfants, soit l’équivalent d’un demi Smarties ». Les opposants aux restrictions, dont le contrôle des promotions trop agressives (« Buy one, get one free »), mettaient en avant la crise du coût de la vie et les fragilités des entreprises vivant de la publicité, notamment les éditeurs en ligne.
Cette fois-ci, pour l’instant, la mesure semble mieux acceptée. « Les études montrent que cela aura peu d’effets […], mais la confirmation de ces restrictions apportera la clarté que notre secteur demandait », a dit cette même « Advertising Association » en pointant vers la consultation lancée par le gouvernement pour notamment définir les produits concernés.
Un enjeu de santé publique
Le Royaume-Uni a le taux d’obésité le plus fort en Europe, avec plus d’un quart de la population adulte et notamment 23 % des enfants en dernière année de primaire. Un véritable enjeu de santé publique pour le pays, qui coûte plus de 6 milliards de livres par an au NHS.
Une étude sur la « UK National Diet and Nutrition » publiée en juillet a estimé que les deux tiers des calories consommées par les adolescents britanniques venaient de produits ultratransformés. Si l’arrivée de médicaments coupe-faim donne de l’espoir, de plus en plus de voix pointent vers l’effet d’addiction et demandent, pour cette problématique complexe, un plan général similaire à celui contre les cigarettes (taxes, packaging…).
En France, L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité a écrit un code de conduite en vigueur depuis juillet 2021. En 2020, l’agence Santé publique France préconisait d’interdire les spots pour la malbouffe à certaines heures, à la télévision et sur Internet. Et alors que le taux d’obésité est d’environ 17 %, selon une publication de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, des membres de la communauté scientifique et des responsables associatifs en France appellent à aller plus loin qu’une simple autorégulation.
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