Le réchauffement climatique est une réalité dont les effets ne peuvent plus être ignorés. L’étude que publient, ce jeudi, l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le réseau Action climat (qui regroupe des associations environnementales) en est une bonne illustration, et montre la grande diversité de ces effets. « Les impacts du dérèglement climatique sont aussi divers que le sont les paysages français et ne s’expriment pas de la même manière en fonction des territoires », souligne le rapport, insistant sur l’« importance » du levier local et prônant un « changement d’échelle ».
C’est un des premiers points de difficulté : chaque territoire a des défis qui lui sont propres et qui se combinent différemment suivant la qualité des sols, l’ensoleillement, la nature des nappes phréatiques, la présence ou non d’une côte littorale… La géographie a toute sa part dans ces dérèglements, qui paraissent encore exceptionnels mais pourraient devenir la norme – alerte le rapport – si les politiques publiques en faveur de la transition écologique ne montent pas suffisamment en puissance.
« Tous concernés »
Les températures enregistrées à Lyon pourraient par exemple se rapprocher de celles de Madrid d’ici à 2050 et d’Alger avant la fin du siècle. Cette hausse des températures, qui est déjà l’oeuvre, a des conséquences multiples. Les plus spectaculaires sont connus : fonte des glaciers dans les Alpes et les Pyrénées, mégafeux de forêts dans les Landes, inondations et crues massives dans les Hauts-de-France. « Notre objectif était de tirer le fil vers le quotidien des Français en montrant que nous sommes déjà tous concernés », souligne Clara Sannicolo, responsable climat et territoires du réseau Action Climat.
L’Ademe et le Réseau Action Climat
La région Bourgogne-Franche-Comté est par exemple très vulnérable aux sécheresses du fait de ses cours d’eau à faible débit et de nappes phréatiques ne disposant que de peu de réserves. En 2019, 82 % de la mortalité des plantations y étaient dues à la sécheresse ; des milliers d’hectares de hêtres ont dépéri. La taille des surfaces agricoles irriguées a aussi bondi dans la région ces dernières années.
Or, si « seulement 5 % des surfaces agricoles sont aujourd’hui irriguées, cela représente 45 % de la consommation d’eau en France », indique le rapport de l’Ademe. De quoi faire réfléchir lorsque l’on connaît les tensions sur le partage de l’eau. Durant l’année 2022, marquée par de fortes sécheresses, les restrictions sur l’irrigation ont causé des pertes de rendement de 10 % à 40 % sur les surfaces concernées.
Moins sept points de PIB par an
L’agriculture n’est pas le seul secteur touché. Dans le Grand Est, l’industrie est responsable de 54 % des prélèvements en eau (hors énergie). Et un tiers des entreprises de l’agroalimentaire ont déjà dû limiter leur production à cause d’un arrêté sécheresse.
Enfin, l’étiage historique du Rhin en 2018 a entraîné une diminution par deux du trafic du port de Strasbourg et causé d’importantes hausses de prix pour l’export de céréales ainsi que des pénuries d’essence en Allemagne. En 2022, la production d’énergie hydraulique de la région a également chuté de 21 %.
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