La Terre se dirige vers un réchauffement de 5 °C, bien au-delà de la limite de +2 °C fixée par l’accord de Paris. Cette seconde limite, déjà brièvement atteinte, révèle une erreur de communication.

Une augmentation de 2 °C reste relativement acceptable dans beaucoup d’imaginaires. Mais ce chiffre cache en réalité bien des disparités puisqu’il s’agit d’une température moyenne sur la planète, et correspond donc à des variations très importantes au sein d’un même hémisphère.

Chaque fraction de degré nous rapproche de l’inconnu.

Cette tendance générale appelée climat se diffère grandement de la météorologie, impliquant des mesures éphémères. Mais comment espérer que des citoyens encore peu avertis saisissent la différence entre climat et météorologie ?

Un seuil choisi dans les années 1970
Le seuil de +2 °C a été établi dès les années 1970 par l’économiste William Nordhaus, de Yale, qui avait déjà souligné qu’une telle augmentation dépasserait les limites de l’expérience humaine. Ce chiffre est devenu un repère à la fois politique et scientifique. Pourtant, chaque fraction de degré nous rapproche de l’inconnu.
Si ce seuil ne suscite pas de crainte, c’est peut-être parce qu’il a été mal choisi pour sensibiliser le grand public, même s’il fait consensus parmi les décideurs et les scientifiques. Le GIEC avertit qu’une hausse de 2 °C pourrait provoquer des conditions météorologiques extrêmes.
L’accent mis sur le seuil de 2 °C est une erreur de communication. Il est crucial de renouveler le discours sur le réchauffement climatique en utilisant des indicateurs plus parlants. Réduire le dérèglement climatique à une simple augmentation de la température mondiale est insuffisant.

Des étés à plus de 50 °C à Lille
En réalité, ces 2 degrés pourraient signifier des étés à plus de 50 °C à Lille dès 2040, l’arrivée de moustiques porteurs de maladies en Europe, et des centaines de millions de réfugiés climatiques. Si nous restons sur la trajectoire actuelle, un réchauffement de 5 °C nous ramènerait à la différence de température entre aujourd’hui et la dernière ère glaciaire.
Dans l’histoire humaine, seules deux crises ont menacé notre survie de manière irréversible : un hiver nucléaire pendant la guerre froide et le dérèglement climatique. Nous craignons les bombes nucléaires mais ignorons les « bombes climatiques » comme la fonte du permafrost, pouvant libérer d’énormes quantités de méthane, un gaz à effet de serre extrêmement puissant. Si ces boucles de rétroaction s’enclenchent, nous perdrons tout contrôle sur le climat, compromettant la survie de l’humanité.

Communication plus claire
La science doit présenter les faits. Mais pour susciter une prise de conscience générale, la société civile, économique et politique doit adopter une communication plus claire. La mobilisation nécessaire à la protection de notre planète dépendra de la force de ce récit. Nous nous souvenons tous du bulletin météo d’août 2050 présenté par Evelyne Dhéliat sur TF1, un exemple marquant de l’efficacité des prévisions météorologiques.
Certes, établir un tel indicateur à l’échelle globale est un défi, car les conditions varient d’une région à l’autre. Cependant, une communication internationale qui prenne en compte les réalités locales serait cruciale.

Pour sensibiliser davantage à la gravité de la situation, des indicateurs concrets comme la fonte du permafrost, l’assèchement de la Méditerranée ou la disparition des coraux tropicaux seraient bien plus parlants qu’un simple chiffre.

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