Il n’était plus du tout attendu dans ce secteur, dix ans après le piratage et la faillite retentissante de Mt. Gox, ex-leader mondial de l’échange de bitcoins. Le Français Mark Karpelès, son fondateur – depuis largement blanchi par la justice -, a choisi de créer une nouvelle plateforme d’échange de cryptomonnaies. EllipX – c’est son nom – sera lancée dans l’Union européenne, depuis la Pologne, fin septembre.

Contrairement à Binance, Coinbase ou OKX, EllipX ambitionne de séparer les métiers de Bourse (centralisation des devises), d’exécution des ordres pour les clients et de chambre de compensation (sécurisation des transactions). Dans un premier temps, les deux premiers métiers seront pourtant opérés par EllipX, mais ils sont développés séparément d’un point de vue technique. L’idée est de reproduire le fonctionnement des marchés financiers classiques. La dernière partie sera confiée à des partenaires, dont le premier est BitGo. EllipX visera principalement le grand public et limitera les cryptos listées aux plus sérieuses.
Celui que l’on surnomma le « baron du bitcoin » (son site contrôlait 80 % des échanges mondiaux en 2014), a entamé son retour sur la scène médiatique en janvier, soulagé que les créanciers de la plateforme déchue aient commencé à être remboursés – à hauteur de 142.000 bitcoins, ou 8 milliards de dollars au cours actuel. Mark Karpelès avait un temps envisagé de lancer un auditeur de projets cryptos, Ungox, afin de faire la lumière sur ce secteur trop obscur.

« J’ai créé cette industrie »
Ungox attendra . « J’ai obtenu des marques d’intérêt de pas mal d’investisseurs mais sans assez de garanties de neutralité, ce qui ne convenait pas à ce projet qui doit être le plus indépendant possible. Ungox sera donc une fondation basée en Suisse sur laquelle même moi je n’aurai pas de contrôle. Sa mission sera d’analyser le marché et de fournir des informations au grand public, dont EllipX », détaille aux « Echos » Mark Karpelès, depuis la Korea Blockchain Week à Séoul.
Mais il souhaitait surtout laver l’échec de Mt. Gox . « C’est mon arc de rédemption », affirme Mark Karpelès. « J’avais abandonné l’idée de revenir dans la crypto. Après un an passé en prison au Japon et plusieurs procès, je n’étais pas la personne la plus confiante au monde. Mais depuis 2017, je voyais de plus en plus de mains tendues, on me disait : ‘Personne ne peut créer un exchange mieux que toi.’ C’est vrai que c’est une industrie très complexe, mais je l’ai créée. Il n’y avait rien avant Mt. Gox. »
Si l’entrepreneur s’est décidé à lancer EllipX, c’est en fait sous l’impulsion d’Edip Nezir, dirigeant du gestionnaire d’actifs dubaïote Glacier Capital, par ailleurs enregistré auprès du régulateur local des cryptoactifs (VARA). L’homme d’affaires finance le développement de la société en tant qu’actionnaire principal et en sera le dirigeant. Mark Karpelès en est le directeur technique et porte-parole, du fait de sa notoriété.

Le pari du « wallet MPC »
EllipX emploie actuellement une vingtaine de salariés (des ingénieurs historiquement proches de Mark Karpelès et des spécialistes de la conformité) répartis entre Paris, Tokyo et bientôt Varsovie, où elle prévoit d’ouvrir bientôt un bureau. Pourquoi la Pologne ? Parce que Mt. Gox y était installé, et parce qu’EllipX y a obtenu sa licence de fournisseur de services d’actifs virtuels (VASP).

La nouvelle plateforme aura deux ans pour se conformer à la nouvelle et exigeante réglementation européenne MiCA (« Markets in Crypto-Assets ») qui entrera en vigueur le 1er janvier 2025 dans l’UE. Sur la sécurité – qui a manqué à Mt. Gox -, Mark Karpelès veut rassurer avec des technologies qui n’existaient pas en 2014, telles que le portefeuille MPC (Multi-Party Computation), qui divise la clé privée en cinq morceaux gérés par plusieurs parties. Selon lui, ce type de « wallet » aurait évité à Mt. Gox le piratage qui lui a été fatal.

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