La renaissance du nucléaire ne passera pas uniquement par la construction de nouvelles centrales. Pour répondre aux besoins d’énergie gigantesques des data centers et autres logiciels d’intelligence artificielle , Microsoft se tourne vers les centrales déjà à la retraite. Et pas n’importe lesquelles. Ce vendredi, le géant américain a annoncé la signature d’un contrat d’achat d’électricité d’une durée de vingt ans avec l’énergéticien Constellation qui ouvre la voie à la relance de la centrale nucléaire de Three Mile Island.
Située en Pennsylvanie, au nord-est des Etats-Unis, celle-ci a été le théâtre d’un des plus graves accidents nucléaires du XXe siècle. Sans commune mesure avec Tchernobyl ou Fukushima, cet accident ne fit pas de victimes mais il se solda par la perte immédiate et irréversible du réacteur numéro deux de la centrale, dont le coeur est entré en fusion le 28 mars 1979.

Une centrale qui va changer de nom
« Cette décision est le meilleur symbole d’une relance du nucléaire fondée sur le besoin d’une électricité propre et abondante », a fait valoir Joe Dominguez, le patron de Constellation. Concrètement, ce n’est pas le réacteur accidenté qui doit servir, à terme, les besoins énergétiques de Microsoft mais son voisin, le réacteur numéro un. Mis à l’arrêt en 2019, après 45 ans de bons et loyaux services, celui-ci doit subir une batterie de travaux à 1,6 milliard de dollars pour fournir, à partir de 2028, 837 MW de puissance à Microsoft. Et ce, jusqu’en 2054.
Pour concrétiser cette renaissance, Constellation devra recevoir l’approbation de la Commission de réglementation nucléaire des Etats-Unis, après un examen complet de la sécurité et de l’environnement de la centrale. Compte tenu de son passé douloureux, le site de Three Mile Island sera en outre renommé Crane Clean Energy Center, du nom de l’ancien PDG de Constellation, Chris Crane.
Ce projet de relance d’une centrale nucléaire mise à la retraite est le second annoncé aux Etats-Unis. Holtec International veut faire de même avec la centrale de Palisades, située dans le Michigan. Arrêtée en 2022, celle-ci doit reprendre du service en 2025.

La course à l’électricité décarbonée
La liste des sites de Microsoft qui pourront bénéficier de cette énergie décarbonée n’a pas été dévoilée. Pour les géants de la tech, sécuriser des capacités de fourniture d’électricité décarbonée pilotable est devenu hautement stratégique compte tenu de l’avènement des technologies d’intelligence artificielle et de leur consommation colossale d’électricité.

Cette révolution met en effet à risque les objectifs de décarbonation des champions du secteur. En début d’année, Microsoft a indiqué que ses émissions de CO2 ont progressé d’un tiers par rapport à leur niveau en 2020.

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