Intel est dans l’impasse. Le groupe de Santa Clara en Californie a raté les trains du mobile et de l’intelligence artificielle, et va devoir sacrifier son indépendance ou ses actifs pour rattraper son retard. Son rival Qualcomm l’aurait approché en vue d’une acquisition . C’est un choc pour la Silicon Valley, où le géant des semi-conducteurs fait figure de monument historique – un grand nom que l’on contemple avec affection, mais qui prend la poussière.
La naissance d’Intel en 1968 est un instantané du génie de la vallée. Tous les éléments qui ont fait le succès de l’épicentre mondial de la révolution informatique y figurent. Deux des fondateurs sont des savants, le chimiste Gordon Moore et le physicien Robert Noyce. Ce sont aussi des entrepreneurs expérimentés puisqu’ils ont auparavant contribué à créer le fabricant de puces Fairchild Semiconductor. Il y a aussi un capital-risqueur, Arthur Rock.
« Intel Inside »
Le premier est l’inventeur de la fameuse « loi de Moore », une loi empirique qui a donné le tempo de l’innovation dans l’industrie des puces jusqu’à nos jours. Elle stipule que le nombre de transistors sur une puce de microprocesseur double tous les deux ans, permettant d’accroître constamment la puissance de calcul des ordinateurs. Le patron de Nvidia, Jensen Huang, a déclaré que cette loi était « morte » en 2022, mais le PDG d’Intel, Pat Gelsinger, a estimé qu’elle était toujours valable.
Le deuxième entrepreneur, Robert Noyce, est l’un des co-inventeurs des circuits intégrés. Il a eu l’idée d’utiliser le silicone pour fabriquer des puces avec une connectique discrète, sans fils qui dépassent. C’est de là que la Silicon Valley tire son nom. Cette technologie a permis de fabriquer des microprocesseurs toujours plus miniaturisés, et ouvert la voie au développement de l’informatique personnelle – les PC.
Intel a véritablement pris son essor sous le règne d’Andy Grove, le PDG charismatique du groupe de 1987 à 1998. A cette époque, le groupe fournit les microprocesseurs d’IBM et de ses concurrents, et forme un tandem incontournable avec Microsoft , une start-up qui a réussi à installer son système d’exploitation sur ces ordinateurs. Chaque nouvelle édition de Windows requiert plus de puissance de calcul, créant une demande insatiable pour de nouveaux PC labellisés « Intel Inside » (avec un microprocesseur Intel).
Obnubilé par les PC
Au début des années 2000, après le départ d’Andy Grove, Intel est au faîte de sa gloire. C’est le numéro un mondial des semi-conducteurs, à la fois dans la conception et dans la fabrication, avec une capitalisation boursière écrasante de 500 milliards de dollars en août 2000. Le groupe californien produit les puces les plus avancées pour les ordinateurs et les serveurs, et investit des milliards dans ses usines pour creuser l’écart avec ses rivaux plus petits et plus spécialisés.
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