Entre le métavers et l’intelligence artificielle, Meta a choisi de ne pas choisir. Très critiquée pour avoir englouti près de 60 milliards de dollars dans les mondes virtuels, l’entreprise de Mark Zuckerberg avait fortement chuté en Bourse avant de retrouver des sommets grâce à ses travaux tout aussi onéreux dans l’intelligence artificielle (IA). Mais le milliardaire, seul aux commandes de son empire des réseaux sociaux, n’abandonne pas ses rêves d’immersion dans l’espace numérique.
Mercredi soir à Menlo Park, au siège de l’entreprise californienne, l’entrepreneur au look toujours plus geek a ainsi présenté une nouvelle version du casque de réalité virtuelle de Meta, une nouvelle paire de lunettes de réalité augmentée en partenariat avec Ray-Ban et même un tout nouveau prototype de casque holographique encore plus futuriste que les autres.
Tout juste rassure-t-il ses investisseurs en précisant que Meta se contentera de prendre une part « symbolique » du capital d’EssilorLuxottica , le lunetier franco-italien avec qui des discussions capitalistiques ont commencé. Mais aucune perte ne semble trop grosse pour dévier le patron de sa trajectoire.
Le pari d’une décennie
« Je pense que le métavers est le prochain chapitre d’Internet », disait-il en 2021 à propos de ce concept appelant les internautes à plonger dans un univers tout en pixels pour y vivre une partie de leur vie. Malgré le retombé du buzz autour de ces technologies, rien n’indique que le propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp renierait aujourd’hui ses paroles. Et qu’importe si son entité dédiée au métavers a encore perdu 4 milliards de dollars au printemps !
Son pari était celui d’une décennie, et il l’avait annoncé. D’ailleurs, les suppressions de postes décidées fin 2022 et début 2023, quand l’entreprise était au creux de la vague, ont davantage touché les services administratifs et les cadres de Meta que les équipes spécialisées dans le métavers. Depuis, le renouveau de l’IA a même pu conforter l’entrepreneur dans son entêtement.
Complémentarité avec l’IA
Il faut écouter ses lieutenants dans l’IA pour s’en rendre compte. Ainsi le directeur scientifique de l’entreprise, le Français Yann Le Cun, ne prend plus la parole sur scène sans porter sa paire de lunettes de réalité augmentée – en quelque sorte l’antichambre du métavers – avec laquelle il fait la démonstration de l’utilité d’un assistant intelligent associé à un système de reconnaissance d’images. Désormais, les porteurs Ray-Ban par Meta pourront aussi expérimenter cet assistant Meta AI sur leurs lunettes aux Etats-Unis.
« Nous parlons beaucoup plus de métavers en interne qu’en externe », confirme Joëlle Pineau, l’autre patronne de la recherche en IA du groupe. De passage à Paris courant septembre, elle souligne même les complémentarités entre sa spécialité et le métavers.
« La réalité virtuelle, comme les modèles d’intelligence artificielle, appelle à développer des modèles de représentation du monde. Les lunettes de réalité augmentée deviennent aussi un outil pour lequel les modèles d’IA multimodales (qui combinent du texte, du son et de l’image, NDLR) deviennent primordiaux », reprend-elle. En un mot, les dollars investis dans l’une de ses deux spécialités servent la seconde.
Investissements records
Or, Meta surfe en ce moment sur des performances commerciales qui lui laissent les coudées franches pour poursuivre son pari et continuer à investir. Sur Instagram, Facebook et WhatsApp, ses technologies de publicité ciblées séduisent les annonceurs. Les résultats du deuxième trimestre de l’année, notamment un chiffre d’affaires en hausse de 22 % sur un an et 13,5 milliards de dollars de bénéfice net, avaient déjà réduit au silence les analystes les plus sceptiques sur ses dépenses.
Les perspectives pour le troisième trimestre (des revenus en hausse de 31 %) plaidaient même pour une accélération de la cadence. Message reçu cinq sur cinq à Menlo Park : en 2024, Meta compte investir – tous projets confondus – entre 37 et 40 milliards de dollars, soit près de 30 % des revenus de 2023. Un record.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
Leave A Comment