Qui se souvient de la taxe carbone ? Présentée comme la solution la plus efficace sur le plan économique pour inciter les acteurs à basculer vers la transition énergétique, elle est restée bloquée à 44,6 euros la tonne de CO2 depuis 2018, et la révolte des « gilets jaunes ». Elle était censée grimper à 100 euros la tonne d’ici à 2030. Dans sa quête de ressources pour réduire le déficit, le gouvernement n’a pourtant pas actionné ce levier. La crainte de l’impopularité reste trop forte. Même la hausse de la taxation du gaz le fait reculer.

Au contraire, en choisissant de taxer l’électricité, l’exécutif prend le risque de donner un avantage compétitif aux énergies carbonées (le gaz est déjà moins taxé que l’électricité), alors que les cours du pétrole ont rarement été aussi bas. Un choix totalement contradictoire avec la volonté affichée de décarboner l’économie, et qui s’apparente à une taxe carbone à l’envers.

Les entreprises en première ligne
Il y a certes dans le projet de budget d’autres mesures qui vont pénaliser les énergies fossiles (malus auto, TVA sur les chaudières à gaz, taxe sur les billets d’avion), mais l’addition restera bien moindre que celle visée sur l’électricité (de 6 à 7 milliards d’euros). Alors même que ces hausses ciblées de taxes risquent d’avoir des effets désastreux pour l’automobile et l’aérien.
Une autre solution serait d’augmenter de façon mesurée la taxe carbone : les effets seraient plus diffus – l’assiette étant très large – pour un rendement élevé. Et cela pourrait s’accompagner du maintien des aides à la voiture électrique, telles que la prime à la conversion pour les plus modestes.
Le gouvernement rétorque qu’il profite de la faiblesse des prix de marché de l’électricité pour mettre fin au bouclier tarifaire. Un retour à la normale justifié, sauf qu’en réalité, l’exécutif envisage d’aller bien au-delà.
Avec un tel raisonnement, il empêche les particuliers au tarif réglementé de bénéficier d’une forte baisse des prix. Et si les prix de marché remontent ensuite, la facture sera lourde et l’exécutif bien démuni. Quant aux entreprises, elles vont en faire les frais dès l’an prochain. Car au-delà des quelque 300 industriels électro-intensifs protégés, des milliers d’entreprises engagées dans la décarbonation de leur activité vont devoir payer leur électricité plus cher.

La messe n’est heureusement pas dite. La hausse des taxes sur l’électricité fait l’objet d’un tir de barrage à l’Assemblée nationale alors que les débats budgétaires s’ouvrent ce mercredi. Mais au vu des sommes en jeu, il ne sera pas simple de trouver des mesures alternatives. A moins de ressusciter la taxe carbone ?

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