L’algorithme de détection de la fraude de la CNAF (Caisse Nationale des Caisses d’Allocation Familiales) est attaqué devant le Conseil d’État par 15 organisations. Ces organisations estiment que l’algorithme est discriminatoire vis-à-vis des personnes les plus défavorisées car elles sont surcontrôlées.
Un score de suspicion de fraude
Chaque allocataire des allocations familiales se voit attribuer un score de suspicion de fraude dont la valeur est utilisée pour sélectionner ceux qui peuvent faire l’objet d’un contrôle. Plus le score est élevé, plus la probabilité d’être contrôlé est grande.
Les organisations indiquent que chaque mois, l’algorithme analyse les données personnelles de 32 millions de personnes vivant dans un foyer recevant une prestation CAF et calcule 13 millions de scores. Les 15 organisations relèvent que parmi les facteurs qui augmentent le score de suspicion, on trouve le fait d’avoir de faibles revenus, d’être au chômage, de recevoir le revenu de solidarité active (RSA) ou l’allocation adulte handicapé (AAH).
Dès lors, ces organisations affirment que ces personnes se retrouvent surcontrôlées par rapport au reste de la population. Le recours auprès du Conseil d’État porte sur l’étendue de la surveillance et sur ce qui est décrit comme une discrimination opérée par cet algorithme envers des allocataires présentés comme déjà fragilisés.
Précarité et soupçon de fraude assimilés
Dès lors, il est considéré que cet algorithme assimile la précarité et le soupçon de fraude et qu’il s’agit d’une politique de stigmatisation et de maltraitance institutionnelle des personnes les plus défavorisées. Les organisations pointent que ces contrôles sont des moments difficiles à vivre et qu’ils créent une forte charge administrative pour les personnes ciblées.
De plus, ces contrôles s’accompagnent de suspensions du versement des prestations. Et cela précède des demandes de remboursements d’indus qui sont non-motivées. Les voies de recours ne sont pas toujours compréhensibles ni accessibles.
« Cet algorithme est la traduction d’une politique d’acharnement contre les plus pauvres » affirme Bastien Le Querrec, juriste à La Quadrature du Net. « Parce que vous êtes précaire, vous serez suspect aux yeux de l’algorithme, et donc contrôlé. C’est une double peine » dit-il.
Nicolas Grivel directeur général de la Cnaf répond que l’algorithme cible « les indus importants et répétés » cité par Le Parisien. Il déclare que la Cnaf se mettrait en conformité si une juridiction devait prendre position pour faire évoluer le dispositif.
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