Avec l’intelligence artificielle , vous n’avez encore rien vu ! Les chatbots façon ChatGPT s’invitent à peine dans le quotidien des salariés de bureau les plus technophiles que se présente déjà une autre génération de logiciels autonomes : les agents. Cette semaine, c’était au tour de Microsoft , le numéro un mondial de l’informatique, de dévoiler une nouvelle offre dans le domaine.

« Pour comprendre ce qu’est un agent, il faut se dire qu’il y a des agents pour Copilot tout comme il y a des applis pour les smartphones », explique aux « Echos » Jared Spataro, le directeur marketing de Microsoft 365, la suite de logiciels sur laquelle est activable le chatbot omniscient de l’entreprise de Redmond. En d’autres termes, de la même façon qu’il existe des applications mobiles différentes pour toutes sortes d’usages, Copilot passe du (très) général au particulier en étant décliné sur certains domaines, de la vente au marketing en passant par la finance.
« Créer des agents Copilot, c’est aussi simple que de créer une feuille Excel autrefois », a assuré Satya Nadella, le patron de Microsoft, lors d’une keynote mardi 22 octobre à La Défense. Devant une salle comble, il a présenté ces nouveaux outils censés agir « à la place du salarié ».

Les agents de Microsoft en 2025
Dans le détail, Microsoft a présenté dix nouveaux « agents » dopés à l’IA. Supervisés par l’utilisateur mais capables de réaliser seuls des missions précises, ils seront spécialisés sur diverses tâches d’un métier. Par exemple rédiger un message personnalisé auprès d’un client potentiel, s’assurer qu’un planning de fabrication puisse être tenu en fonction des livraisons de matériel, trouver la bonne personne à qui s’adresser chez un client. Disponibles courant 2025 avec un outil qui permettra aux entreprises de créer leurs propres agents, ces nouveautés viendront répondre aux produits concurrents qui commencent à émerger chez Salesforce, OpenAI et d’autres.
Presque un an après le lancement de Copilot pour les professionnels, l’enjeu pour Microsoft est aussi de prouver qu’une IA focalisée sur un domaine peut créer de la valeur chez ses clients. Car, certes, Microsoft a pris de l’avance sur la plupart des autres technologies d’IA, mais de premiers retours d’expérience font hésiter les directeurs informatiques à l’idée de déployer plus largement ces outils.
Avec les agents IA, « les utilisateurs doivent se dire, la première fois qu’ils utilisent cet outil : je ne veux plus travailler sans », renchérit Jared Spataro. Laissant entendre qu’à l’heure actuelle, ce n’est pas encore le cas.

30 dollars par mois et par salarié
Avec 2,1 millions d’utilisateurs professionnels de Copilot, contre un million d’abonnés payant à ChatGPT au dernier pointage, Microsoft n’a pas eu de mal à faire tester son logiciel. Déjà installé depuis des décennies dans les entreprises avec sa suite Office, le père de Word, Excel ou encore Teams connaît déjà les acheteurs.

Les entreprises sont passées de la fascination pour l’IA à des interrogations sur le retour sur investissement qu’elles veulent rapide.
Rémi Trento, directeur général en France de ServiceNow

Il a pu leur promettre sans mal que Copilot allait leur permettre de mieux utiliser les données déjà traitées dans l’écosystème des produits Microsoft. Parfois, des dizaines de milliers de personnes l’utilisent dans une seule et même organisation. Mais installer l’outil dans les habitudes s’avère plus compliqué.
A 30 dollars par mois par salarié, la question de la rentabilité s’impose. « Les entreprises sont passées de la fascination pour l’IA à des interrogations sur le retour sur investissement qu’elles veulent rapide », résume Rémi Trento, le directeur général en France de ServiceNow, un autre éditeur de logiciels qui mise sur l’IA pour doper ses ventes.

Les déceptions de Copilot
D’après Microsoft, l’utilisation aguerrie de Copilot permet à un salarié d’économiser vingt heures de son temps par mois. Mais les entreprises veulent davantage. Selon un sondage KPMG, la quête de productivité n’est plus que le troisième critère d’évaluation des investissements dans l’IA générative cité le plus souvent par les répondants, derrière l’aide à la prise de décision et l’impact sur les revenus.
Au-delà du coût de ces technologies, les entreprises s’interrogent aussi bien souvent sur leur efficacité. Comme tous ces outils, interroger Copilot est parfois déceptif. Si les résumés de visioconférence et d’e-mails s’avèrent pertinents et sont devenus les usages les plus courants, des réponses incohérentes ou incomplètes à des questions plus générales sont fréquemment pointées par les directeurs informatiques. Le manque de données ou la désorganisation des bases de données limitent souvent les capacités du chatbot.

Un « effet Copilot » ?
Avec 70 % des dépenses en logiciels IA qui ont terminé dans sa poche sur les douze derniers mois, selon l’analyste Dan Ives de Wedbush, Microsoft est idéalement placé pour lever les doutes. Reste à savoir si ce bon démarrage se traduira en « effet Copilot » pour l’ensemble de l’entreprise aux 245 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Dans le détail, la croissance des revenus liés à la suite Office où apparaissent les recettes de Copilot est restée forte l’an dernier (+13 %). Mais il n’y a pas eu d’accélération.

« Restez attentifs à nos prochains résultats financiers », esquive Jared Spataro sur ce sujet. Le cadre de Microsoft assure signer des contrats avec de nouveaux clients après avoir démarré une discussion au sujet de Copilot. Toute la question est de savoir s’ils seront toujours convaincus au fil des mois. 

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