Exit la voiture de fonction, bonjour le vélo de fonction. La start-up Tandem vient de livrer 70 vélos de fonction chez Fuchs (lubrifiants automobiles) pour ses 250 salariés. Suivra, d’ici à la fin du mois, une autre livraison de 300 vélos pour équiper toutes les agences et les bureaux d’Aix-en-Provence, Marseille, Gap et Avignon du Crédit Agricole Alpes Provence (2.300 collaborateurs). Enfin, deux autres livraisons auront lieu avant la fin de l’année, doublant le nombre de vélos en circulation, et l’activité, de la jeune pousse par rapport à 2023.
A l’instar de la flotte de Tandem, le marché du vélo de fonction est en pleine expansion. Cette embellie apparaît comme une anomalie dans un contexte général en berne. En 2023, les ventes de vélos neufs ont baissé de 14 % par rapport à l’année précédente, selon les derniers chiffres de l’Observatoire du cycle. Le marché du cycle a reculé à 3,4 milliards d’euros, soit une baisse de 5,5 % par rapport à 2022.
RSE et bien-être
Face à ce retournement de conjoncture, la location de vélos présente « le double avantage » pour les entreprises d’être « un élément de RSE » et de « bien-être des salariés », pointe Olivier Issaly, président de la Fédération des acteurs du vélo en entreprise (Fave) et fondateur de Zenride, start-up pionnière sur le territoire français en 2018. Ce qui explique, selon lui, la « surperformance » actuelle du leasing de vélos.
Concrètement, il s’agit de remplacer les voitures de fonction par des vélos à assistance électrique (90 % à 95 % des flottes en leasing) mis à disposition des salariés qui le souhaitent. En général, l’employeur prend alors en charge environ 70 % du coût de la location, l’employé le reste (ce qui représente environ 20 à 30 euros par mois et par personne, selon les offres et les modèles). Au bout du contrat de location, qui dure en moyenne trois ans, il lui est proposé de l’acheter au rabais.
« Un levier de croissance »
En septembre 2024, pour couronner le tout, le vélo de fonction a été publiquement identifié comme un « levier de croissance » lors de la journée de lancement de la « filière vélo », un contrat signé avec l’Etat six mois plus tôt pour structurer les acteurs du cycle.
Concepteurs, fabricants, vendeurs, réparateurs, loueurs profiteront de l’essor du leasing de vélos d’entreprise pour atteindre les objectifs fixés d’ici à 2030, comme celui par exemple de produire 2 millions de vélos par an. « C’est la preuve d’une certaine maturité du marché », pointe Olivier Issaly.
Leader sur ce segment, sa start-up Zenride revendique elle aussi une augmentation de près de 120 % de son activité en 2023 par rapport à l’année précédente. En 2024, elle annonce avoir signé plus d’une cinquantaine de contrats, en majorité avec des TPE-PME mais aussi avec Carglass (services automobiles), Yoplait (produits laitiers) ou encore Caisse d’Epargne Grand Est.
En six ans d’existence, Zenride déclare avoir dépassé cette année la barre de 500 clients en France, et compte aujourd’hui 6.000 vélos de fonction en circulation, avec plus de 7.500 salariés accompagnés.
Même enthousiasme du côté de Tim Mobilité, autre jeune pousse concurrente. Elle annonce également de nouveaux contrats tels que celui conclu en septembre dernier avec la compagnie ferroviaire Eurostar (500 collaborateurs entre Paris et Lille) et l’entreprise d’informatique Arrow Electronics (250 collaborateurs en région parisienne) sur les rails pour décembre, avec respectivement une vingtaine de vélos loués chacun. Depuis 2022, Tim Mobilité dit augmenter son activité de 25 % d’une année à l’autre, avec une flotte d’environ 2.000 vélos en circulation.
Un marché encore « microscopique »
Le marché reste toutefois très fragmenté, composé d’une trentaine de loueurs dont une grande majorité de petits acteurs. « Il faut que le gâteau grossisse pour tout le monde », plaide Olivier Issaly. Comparativement aux pays voisins, le marché paraît « microscopique », relativise Jean-Christophe Melaye, patron de la start-up Bee.Cycle, déployée surtout en région Nouvelle-Aquitaine.
En France, le nombre de vélos de fonction oscille entre 20.000 et 25.000, d’après les décomptes des spécialistes. Alors qu’en Belgique le chiffre atteint 705.000 et en Allemagne on frôle les 2 millions. « Même si le marché du vélo de fonction est en pleine croissance en France, il ne s’est pas encore libéré », nuance Jean-Christophe Melaye, à la tête d’une flotte de 2.500 vélos en circulation. La vraie bascule, selon lui, s’opérera lorsqu’un gros employeur, par exemple une entreprise du CAC 40, s’y mettra.
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