Les inondations dans le Var qui ont nécessité l’intervention de l’armée. Les inondations meurtrières en Espagne . Ces événements tragiques, et leur coût humain et économique, nous rappellent que nous ne sommes pas prêts à faire face au climat qui change. Nos territoires, nos infrastructures, nos bâtiments ne sont pas prêts. Pas plus en France qu’en Espagne, ou ailleurs en Europe.
Réduire nos émissions de gaz à effet de serre est plus que jamais essentiel. Adapter nos territoires au climat qui change l’est désormais tout autant.
Hasard du calendrier, le Premier ministre entend présenter dans quelques semaines un plan de réformes à cinq ans, dans la continuité de sa déclaration de politique générale, où il pointait : « Nous pouvons et devons faire plus pour lutter contre le changement climatique et prévenir tous les risques de plus en plus nombreux et violents qu’il porte en lui. »
Hasard du calendrier toujours, après deux ans de travaux, le gouvernement a mis en consultation le 25 octobre le nouveau plan national d’adaptation au changement climatique, troisième du nom (PNACC). Enfin. Cette mise en consultation devrait permettre à la bonne dynamique enclenchée par de très nombreux acteurs depuis deux ans de se poursuivre et de sortir de son cercle d’initiés.
Electrochoc
On peut évidemment regretter que le plan mis en consultation soit plus incitatif que prescriptif pour les acteurs publics et privés. Le PNACC marque néanmoins un tournant dans notre approche de l’adaptation. Il consacre l’idée qu’on ne peut plus concevoir une infrastructure, urbaniser un territoire ou choisir d’implanter une usine en continuant de faire comme si le risque climatique de demain allait rester le même que celui des cinquante ou même des vingt dernières années. Il met sur la table une trajectoire de réchauffement de référence.
Cette trajectoire devrait constituer pour tous les secteurs un électrochoc. Et déclencher un « réflexe adaptation » pour préparer une France à + 4° C. Il est désormais essentiel que les opérateurs stratégiques, comme SNCF Réseau ou les gestionnaires de route par exemple, mais aussi les élus locaux, s’en saisissent pour que tous les futurs investissements structurants puissent contribuer à l’adaptation de nos territoires au climat qui change et va continuer à le faire.
Le PNACC n’est pas précis sur la manière dont cela va se décliner en pratique. Sur quelques objets stratégiques, il va à l’évidence falloir obliger les acteurs publics et privés à intégrer l’adaptation au changement climatique, en inscrivant la trajectoire de référence dans la loi. Par exemple, le bâtiment avec une meilleure prise en compte du climat futur, nécessaire à la fois dans la réglementation thermique pour les constructions nouvelles et dans les aides à la rénovation ; le futur de la politique de la ville ; ou encore les stratégies de financement des infrastructures.
L’opérationnalisation du PNACC et du « réflexe adaptation » ne sera possible qu’en étant accompagnée. Le faible niveau de moyens associés au PNACC dans le projet de loi de finances est de ce fait inquiétant. La mission « adaptation » qui doit accompagner les collectivités dans cet exercice nouveau et difficile devrait ainsi composer au mieux à moyens constants des opérateurs de l’Etat qui la constituent.
La bonne nouvelle pour le gouvernement est que, compte tenu d’où l’on part, sur beaucoup de sujets on n’en est pas encore à l’heure des grands arbitrages budgétaires. Malgré le contexte budgétaire tendu, il est donc possible d’avancer sur des études de vulnérabilité des réseaux, des révisions de référentiels, et autres travaux essentiels pour mieux se préparer.
Ces travaux nécessitent des moyens d’ingénierie et d’accompagnement relativement modestes, mais qu’il est néanmoins nécessaire de prévoir. Ne serait-il donc pas sage de penser davantage à l’adaptation dans le débat budgétaire, dès cet automne ?
Benoît Leguet est le directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).
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