« On a tous en tête le drame de Valence ! Il est plus qu’urgent d’accélérer la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre. » En présentant la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), enfin publiées ce lundi, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a rappelé l’enjeu crucial d’établir de telles trajectoires : faute d’action vigoureuse, les événements météo extrêmes, comme ceux qui ont touché la ville espagnole la semaine dernière, vont continuer à se multiplier et à s’intensifier.
La France travaille sur ces documents de planification écologique, dont la publication fait l’objet d’une obligation légale, depuis la fin de 2022, sous l’égide du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), une petite équipe dirigée par Antoine Pellion et placée sous l’autorité du Premier ministre.
Dette écologique
Il s’agit d’expliquer comment la France compte tenir ses objectifs de décarbonation à 2030 (-50 % des émissions brutes et -55 % des émissions nettes, tenant compte des puits de carbone), conformément aux engagements internationaux pris par l’Union européenne. Parallèlement, la PPE vise à inscrire dans le marbre le mix énergétique du pays pour les dix ans à venir, en matière d’électricité mais pas seulement : les carburants ou la chaleur sont aussi concernés. L’objectif est de passer de 40 % à 60 % d’énergie décarbonée d’ici à 2030.
Rappelant la « dette écologique » de la France, le Premier ministre Michel Barnier avait promis lors de sa déclaration de politique générale que ces documents de planification, très attendus depuis de nombreux mois, seraient publiés de façon imminente. C’est donc désormais chose faite. Le plan sur la façon dont la France compte s’adapter au réchauffement climatique a, lui, été publié le 25 octobre.
S’ils définissent des trajectoires indispensables aux professionnels, qui ont besoin de se projeter dans l’avenir pour investir, ces documents ne présentent toutefois pas de surprise. Dans l’énergie, conformément à la trajectoire publiée fin 2023, la France développera à la fois des capacités nucléaires et des énergies décarbonées .
La SNBC reprend de son côté , à quelques modifications près, les grands leviers déjà publiés par le SGPE dès mai 2023 : la France devra réduire ses émissions de 134 millions de tonnes équivalent CO2 entre 2022 et 2030. La stratégie, qui compte 160 pages, détaille cette baisse par secteur (transport, bâtiment, industrie, etc.), ainsi que les mesures concrètes pour y parvenir : soutien à l’achat de voitures électriques, à la rénovation des logements, à la décarbonation de l’industrie, etc.
Points durs
Les points durs qui étaient ressortis des travaux du SGPE restent toutefois entiers : comment compenser l’insuffisance des puits de carbone, alors que les forêts françaises mal en point absorbent de moins en moins de CO2 ? Comment hiérarchiser l’utilisation de la biomasse , que tout le monde s’arrache ? Le gouvernement ne tranche pas sur ces points cruciaux, en attente d’arbitrage depuis plus d’un an.
La question des moyens reste aussi béante, car de nombreux leviers envisagés par le SGPE nécessitent de lourds investissements. Or le budget 2025 prévoit d’amputer plusieurs enveloppes cruciales pour la transition écologique : le soutien au verdissement du parc automobile, l’aide à la rénovation des logements, le budget de l’Ademe, pour n’en citer que quelques-unes.
« L’urgence budgétaire ne rend pas l’urgence écologique moins pressante », a fait valoir Agnès Pannier-Runacher, rappelant au passage que « l’investissement écologique est parfois le meilleur rempart contre des dépenses publiques futures ». La ministre avait publiquement fait savoir que, même si elle est prête à prendre sa part des efforts nécessaires, elle jugeait le budget de son ministère « pas au niveau ».
Le document reste aussi très flou sur la façon dont la France attendra la neutralité carbone en 2050 – un objectif pourtant crucial pour le climat. « Le document comporte à cet égard plusieurs encadrés intéressants, sur le transport aérien, la consommation de viande rouge, la fin du chauffage au gaz, la relance du nucléaire, ou encore la récolte de bois », relève Hadrien Hainaut, de l’Institut pour l’économie et le climat (I4CE). « C’est sur ces questions qui fâchent que devrait vraiment porter la consultation sur la SNBC ! » Ouvertes jusqu’à la mi-décembre, les consultations sur la PPE et la SNBC feront l’objet de décrets courant 2025.
Lire l’article complet sur : www.lesechos.fr
Leave A Comment