C’est la question qui taraude les professionnels du Web depuis au moins deux ans et l’arrivée de ChatGPT. L’accès à l’information en ligne va-t-il être organisé différemment que selon Google et son incontournable moteur de recherche ? Les réseaux sociaux et les grands portails comme Amazon ou Booking ont certes rebattu en partie les cartes. Mais l’IA semble renverser la table.
Plutôt que de taper des mots clés sur Google, certains internautes ont déjà pris le réflexe de questionner un chatbot propulsé à l’IA. Problème : ce genre d’outil « hallucine » : il produit des erreurs factuelles majeures. Et il offre une vision monolithique : une seule réponse, à moins de le réinterroger, contrairement à un moteur de recherche qui affiche un ensemble de sources fiables.
Une irruption de Meta ?
Et si une solution existait entre les deux ? C’est la vision proposée par OpenAI depuis le 25 juillet : SearchGPT. Encore en test, ce moteur de recherche dopé à l’IA offre des réponses sur mesure en piochant dans une foultitude de sites Web. Et donc une information censée être plus fiable. Dans ce genre, la start-up Perplexity AI – en pourparlers pour lever 500 millions de dollars sur une valorisation de 8 milliards – rencontre un succès grandissant. Son fondateur dit vouloir « ringardiser Google ».
Las, son système coupe l’herbe sous le pied des éditeurs de contenus qui l’aident – malgré eux – à enrichir ses réponses. News Corp, propriétaire du « Wall Street Journal », poursuit la jeune pousse, pointant une perte d’audience et de revenus. Le « New York Times », lui, est déjà en guerre contre OpenAI. Bref, un débat qui rappelle celui du partage de revenus entre les éditeurs et Google News.
Histoire d’enfoncer le clou, Meta se lancerait dans la bataille, à en croire le site The Information, avec son propre moteur de recherche utilisant l’IA. Son robot d’exploration Web a déjà été repéré il y a quelques mois. La maison mère de WhatsApp, Facebook et Instagram y travaillerait depuis huit mois. Pour Alexandre Mahe, associé chez EY Fabernovel, rien d’étonnant : « Si les moteurs de recherche IA utilisent des prompts (instructions) plutôt que des requêtes, en tant que numéro un des messageries, ils se sentent légitimes à intégrer de la recherche dans leurs discussions. »
La réponse fulgurante de Google
Contacté à ce sujet, Meta n’a pas répondu. Toujours est-il que Google n’est pas en reste. Le même jour, il a annoncé déployer Overview dans cent pays dont le Canada, l’Australie et beaucoup de pays d’Afrique – mais pas encore en Union européenne. Ce service offre un résumé de recherche au-dessus des résultats. Généré par une IA, il offre une solution alternative au « tout-IA », car il préserve les liens vers les sources. Pour Cyril Vart, associé chez EY Fabernovel, cette réponse de Google à ChatGPT a été spectaculaire.
« Ils ont dégainé une réponse convaincante en quelques semaines, sans psychodrame », relève l’expert. Pour lui, le numéro un de la recherche est d’ailleurs très loin d’être menacé. « Sa part de marché se situe toujours autour de 90 % et ne fluctue qu’à la marge. Et il contrôle les principaux points d’accès au Web », poursuit-il, avec le navigateur Chrome, le système d’exploitation mobile Android et la plateforme vidéo YouTube. Il n’en reste pas moins que son business est attaqué.
Voix, vidéo, IA…
Selon eMarketer, Google va passer pour la première fois sous la barre des 50 % de part de marché des revenus du « search » aux Etats-Unis en 2025. Et c’est Amazon qui en tire parti , qui monétise de plus en plus ses résultats de recherche. Pour les professionnels, la recherche par IA pourrait s’ajouter à d’autres canaux en vogue comme la voix (27 % des recherches aux Etats-Unis, selon EY), la reconnaissance d’image (12 %), et bien sûr les vidéos verticales de TikTok. Celles-ci sont préférées au moteur de recherche de Google, selon YPulse, par 21 % des Américains âgés de 18 à 24 ans.
Pour Google, qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait les revenus : lui est présent sur tous ces canaux. C’est pour les éditeurs de contenus que la partie risque d’être plus difficile. Avec les moteurs IA, ils risquent de voir leur trafic s’effondrer. A moins de se battre non plus pour figurer en haut des résultats de Google, mais parmi les sources utilisées par les IA. Déjà aujourd’hui, on estime que plus d’un internaute sur deux quitte la page de résultats sans avoir cliqué sur un lien.
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