Une démonstration de force en forme d’avertissement. Malgré les signaux encourageants du gouvernement, la filière hippique ne décolère pas et entend le faire savoir ce jeudi, lors d’une « grève » sans précédent qui entraînera l’annulation de toutes les courses prévues. Dans l’histoire, seules les deux guerres mondiales, puis la crise sanitaire, avaient mis la filière à l’arrêt, mais jamais de sa propre initiative.
En cause : l’alourdissement de la fiscalité des jeux d’argent, voulue par l’exécutif en quête de recettes fiscales supplémentaires. Ce dernier a déposé un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, prévoyant notamment une hausse du prélèvement sur le produit brut des jeux (les mises moins les gains des joueurs) sur les paris hippiques. Il passerait ainsi de 6,9 % à 7,5 % pour les paris « physiques », et de 6,9 % à 15 % pour les paris en ligne.

Un manque à gagner évalué à 35 millions d’euros
Un coup dur pour le PMU, qui possède le monopole en points de vente et qui domine largement le marché en ligne. Et, par ricochet, pour la filière hippique, à laquelle est reversée la quasi-intégralité du résultat de l’opérateur. Le manque à gagner a été évalué à 35 millions d’euros, « ce qui équivaut à un mois sans ressources », selon Thibault Lamare, porte-parole des associations et syndicats de la filière.
« Nous nous acquittons déjà de 950 millions d’euros d’impôts et taxes, et nous contribuons à hauteur de 2 milliards au PIB français. Nous générons 40.000 emplois, auxquels il faut ajouter des milliers de bénévoles. Et tout l’écosystème est déjà affecté par la hausse du prix de l’énergie et des matières premières », fait-on valoir au sein d’une société de courses. En parallèle, la filière est confrontée à une baisse des paris hippiques, que tente d’enrayer le PMU depuis des années.
Autant d’éléments ayant poussé à la mobilisation, qui promet d’être particulièrement visible. Outre l’annulation des courses, plusieurs centaines de professionnels sont attendus à Paris pour une manifestation dont le parcours s’achèvera non loin de l’Assemblée nationale.

Bercy fait machine arrière
Pour calmer la fronde, Bercy a choisi de faire machine arrière. « Nous avons donné un avis favorable au sous-amendement permettant de stabiliser à 7 % le prélèvement pour les paris physiques et en ligne », a indiqué le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, mardi lors des questions au gouvernement. Soit une hausse de 0,1 point, beaucoup plus supportable que la version initiale.
La déclaration a été bien accueillie mais elle n’a pas satisfait totalement le monde hippique. Alors que le gouvernement pourrait choisir de déclencher l’article 49.3 pour faire passer le budget de la Sécurité sociale, les professionnels du secteur souhaitent que Matignon s’engage à joindre le geste à la parole.

« On sait que tout peut arriver, y compris au Sénat par la suite, donc on maintient la pression et notre manifestation », résume Thibault Lamare. Le mouvement ne sera pas indolore : selon un bon connaisseur de la filière, une journée sans courses hippiques pourrait coûter plus de 25 millions d’euros au PMU.

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